Pour éviter la censure, le mouvement chinois #MeToo passe sur Ethereum

25 avril 2018 - 13:15

Temps de lecture : 3 minutes

Par Victor

Chine – Après avoir été censurée, la lettre d’une étudiante chinoise a été publiée sur la blockchain Ethereum. Le gouvernement n’a pas vraiment apprécié, et la page du site etherscan a été bloquée.

Inspirés par le mouvement « #metoo », des étudiants chinois ont décidé de graver des messages sur la blockchain immuable et incensurable Ethereum, pour échapper aux griffes du gouvernement.

Une pétition qui passe mal auprès des autorités

Comme le rapportait Quartz mardi, une adresse Ethereum s’est envoyée le 23 avril une transaction contenant le texte d’une lettre ouverte, afin de la rendre accessible à jamais.

message visible sur l’explorateur de blocs Etherscan.io

La lettre ouverte, écrite par Yue Xin, une étudiante de l’Université de Pékin, décrit comment elle a été traitée par les responsables scolaires après avoir présenté une pétition visant à entamer une procédure de harcèlement sexuel, à la suite d’un incident qui se serait produit dans cette université il y a 20 ans.

Selon un article paru dans le New York Times mardi, l’affaire en question impliquait un membre du corps enseignant nommé Shen Yang qui aurait violé une étudiante à l’époque, ce qui l’a ensuite amenée à se suicider en 1998. Encouragés par le mouvement international #metoo, des militants de l’Université de Pékin, dont Yue, ont récemment envoyé une pétition demandant à l’université d’enquêter sur l’affaire.

La page de la transaction etherscan bloquée par le gouvernement

La demande serait très mal passée, et elle aurait été forcée de supprimer les informations apparemment sensibles. Elle a ensuite été renvoyée de l’établissement:

« À une heure du matin, le conseiller et ma mère sont soudainement arrivés à mon dortoir et m’ont forcé à me réveiller et m’ont demandé de supprimer toutes les informations relatives à la divulgation d’informations à propos de l’incident sur mon téléphone portable et mon ordinateur. […] Plus tard, j’ai été ramené à la maison par mes parents et je ne peux pas retourner à l’école pour le moment.»

L’affaire a commencé à se propager dans les universités et, parce-que très vite censurée sur les réseaux chinois, des étudiants auraient décidé de diffuser le document sur la blockchain. Cette lettre a éveillé le soutien d’autres personnes en Chine, qui ont également publié des messages sur la blockchain Ethereum. Les membres de plusieurs autres universités du pays auraient envoyé des messages de la même manière afin d’échapper à la censure des autorités chinoises.

Bien que la chaîne de blocs Ethereum ait effectivement documenté de façon permanente la lettre de Yue et les réponses reçues, l’application de messagerie la plus populaire en Chine, WeChat, a empêché les utilisateurs d’accéder à la page de la transaction sur etherscan.io. Le site permet aux utilisateurs de lire les transactions des blocs Ethereum. La racine du site Web etherscan.io est par contre toujours accessible depuis l’application, rapporte coindesk.

Il n’est pas évident de savoir combien de personnes ont vu la lettre de Yue sur la blockchain. La page Eterscan de la transaction a recueilli plus de 260 commentaires. Matthew Tan, PDG d’Etherscan, a refusé de commenter cet élément.

M. Shen, aujourd’hui professeur dans une autre université chinoise, a nié les accusations.

 

 

d’après coindesk

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