Scandale Steemit – Justin Sun fait plier Binance
23 mai 2020 - 17:00
Temps de lecture : 4 minutes
Par Hugh B.
Tout cela est issu d’un désaccord fondamental suite à la récente « acquisition » de la plateforme Steemit par le très controversé Justin Sun, fondateur de TRON. Ce dernier a le don de se faire des ennemis. Et il le prouve encore une fois dans cette affaire. Mais certaines plateformes d’échanges semblent avoir une position plus que douteuse sur le sujet. Récit d’une guerre en cours…
À l’origine de cette actualité, Justin Sun et le rachat de la plateforme de média social et de blogging Steemit, qui utilise la cryptomonnaie Steem pour récompenser ses utilisateurs. Une version moins connue de ce qu’est actuellement Reddit. Une opération réalisée à la fin février de cette année qui n’a pas été du goût de certains acteurs de cette communauté.
Une histoire de prise de pouvoir et de collusion avec des plateformes d’échange de cryptomonnaie qui laisse un goût amer dans l’univers crypto. Tout cela se poursuit actuellement avec la confiscation des fonds des opposants à la prise de pouvoir de Justin Sun. Mais difficile de savoir qui a raison dans cette histoire…
La plateforme Binance s’en explique ce matin sur Twitter par la voix de son fondateur. Ce dernier revendique un statut de neutralité qui semble un peu tardif. La position affichée est en opposition à cette « réduction à zéro des actifs d’autres personnes. » Une pratique qu’elle présente comme non conforme à l’esprit de la blockchain. Mais Binance ne fera rien pour s’y opposer.
Retour sur une aventure épique de l’univers des cryptomonnaies….
Une blockchain au consensus DPoS
Cela aurait pu n’être qu’une banale affaire de rachat d’une entreprise. Mais tout est plus complexe dans l’univers de la blockchain. En particulier lorsqu’il s’agit d’un système reposant sur le principe de consensus par preuve d’enjeu délégué (DPoS), comme c’est le cas ici. Raison pour laquelle l’accès de Justin Sun à une grande quantité de jetons Steem lors du rachat de la société a rapidement posé problème.
Ce type de blockchain est notoirement connu pour être peu fiable en termes de décentralisation. Car ce sont les possesseurs de jetons Steem qui gèrent sa gouvernance. Ils peuvent élire des représentants qui seront ensuite chargés de gérer les transactions et de décider de l’avenir et de l’orientation du projet. Un fonctionnement comparable aux grands électeurs dans le système électoral américain.
Cela implique que ces mêmes « grands possesseurs » de jetons Steem peuvent décider de se mettre d’accord pour forcer une décision ou une orientation. C’est ce que la communauté de Steemit a fait pour empêcher Justin Sun d’accéder à ces fonds, avant de connaître ses intentions. Surtout qu’ils avaient été déclaré comme ne pouvant pas servir à obtenir un droit de vote par le fondateur du projet, Ned Scott. Une opposition qui a pris la forme d’un vote proposant la mise en place d’un softfork. C’est ici la raison principale de ce qui va se passer par la suite.
Une prise de contrôle par la force
Ce n’est pas ici un coup d’État, mais plus un coup de blockchain qu’a ensuite réalisé Justin Sun. À sa décharge, il n’a fait qu’utiliser les mêmes armes que ses détracteurs. En effet, ce dernier n’a pas apprécié de se voir confisquer ainsi ses fonds et d’être forcé à rendre des comptes à une communauté clairement inquiète de le voir arriver dans son univers. Il a donc décidé de prendre le pouvoir par la force. Et dans cette action il a reçu une aide assez inattendue.
Et ce sont les plateformes d’échange comme Binance, Huobi et Poloniex qui sont venues en aide au nouveau patron de Steemit. L’opération est simple, mais manque cruellement de classe et de respect. Cela a consisté à prendre en otage les jetons détenus par les utilisateurs de Steemit stockés sur ces exchanges. Une quantité qui en faisait des « grands possesseurs » en mesure de voter et de décider de l’avenir de l’entreprise. Une démonstration très claire de cet avertissement fréquent qui dit qu’une cryptomonnaie qui se trouve sur un exchange ne vous appartient pas réellement !
Ces fonds ont donné lieu à un droit de vote qui a ensuite été délégué à un certain Justin Sun. Ce dernier privant ainsi la communauté de son pouvoir. Une procédure fortement critiquée que Vitalik Buterin, fondateur d’Ethereum a présenté comme le premier cas d’attaque par corruption sur un système de vote par cryptomonnaie.
Un hardfork controversé
Ce qui est en train de se passer actuellement ne va pas apaiser les tensions dans cette histoire. Cela concerne la mise en place en ce début de semaine d’un hardfork de la blockchain Steem, nommé non sans ironie « New Steem. » Par cette action, les acteurs de l’opposition à Justin Sun voient leurs fonds saisis en raison de leur participation à une « activité criminelle en contribuant activement à la menace contre la blockchain Steem. » Cela du fait du développement de la plateforme Hive, une copie presque exacte de Steemit mise en place par les dissidents de cette communauté en train d’exploser. Le problème est que les personnes ayant affiché un soutien public à Justin Sun et les fonds bloqués de ce dernier ne faisaient pas partie du déménagement.
Cette confiscation induite par le lancement du hardfork implique pas moins de 64 utilisateurs pour un montant total estimé à 23,6 millions de jetons Steem, soit un peu plus de 4,7 millions de dollars à l’heure actuelle.
Justin Sun nie toute implication dans le déploiement de ce hardfork. Il explique vouloir simplement récupérer les fonds en Steem bloqués par ses opposants au début de cette histoire.
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