Telegram (blockchain TON et jeton GRAM) persévère dans sa bataille avec la SEC

03 décembre 2019 - 09:44

Temps de lecture : 4 minutes

Dans le dernier épisode de la bataille juridique qui oppose Telegram à la SEC, le co-fondateur, Pavel Durov, est appelé à témoigner en janvier prochain. A l’écoute des derniers échos, il semblerait qu’il a mis de l’eau dans son Gram.

Témoignage à trois voix

Selon l’ordonnance en date du 25 novembre du tribunal du district sud de New York, la déposition de Pavel Durov aura lieu le 7 ou 8 janvier 2020. Mais la SEC attend aussi deux  autres témoignages. D’abord celui de Shyam Parekh, un mystérieux employé de la messagerie dont le nom figurait sur les lettres de Telegram adressées aux investisseurs. Il sera entendu le 10 décembre à Londres. Ensuite, ce sera au tour du vice-président, Ilya Perekopsky, figure plus officielle du réseau. Responsable de la communication lors des préventes de jetons, il sera auditionné le 16 décembre dans la capitale britannique.

Rappel des faits

La SEC a poursuivi Telegram en octobre, exigeant que son projet de blockchain TON soit stoppé. Le but étant que les jetons attribués aux investisseurs ne soient pas distribués. Ils n’auraient pas été correctement enregistrés auprès du régulateur.

Telegram s’est opposé à cette décision. Son argument :  le token, une fois émis, « serait simplement une devise ou une marchandise », et non un titre mobilier. Rejetant de fait toutes les allégations du gendarme boursier américain, le réseau social a néanmoins accepté de différer le lancement de son projet au mois d’avril 2020.

Les investisseurs de TON ont accepté le retard, refusant une offre de remboursement partiel.

Un lancement différé mais un projet qui reste actif

Des jetons fictifs Gram pour s’exercer et conjurer les décisions de la SEC

La comparution de Telegram devant le tribunal de New York pour infraction à la loi fédérale, prévue fin février 2020, n’a pas empêché la messagerie de s’activer. Elle a notamment publié une version test de son Gram-wallet. Des utilisateurs potentiels peuvent déjà se familiariser avec le protocole en usant de Grams fictifs créés, pour l’occasion, par un bot.

Dans le même temps, on observe un changement notable dans la stratégie de la messagerie chiffrée. Prônant au départ la cryptographie pour contrarier la surveillance des communications, elle a permis à ses usagers des échanges en toute confidentialité. Mais accusée de servir les intérêts de Daech, elle a décidé de réviser sa politique du secret. Atténuant de fait la ferme orientation menée jusque là, en accord avec les paroles de son co-fondateur en 2015.

« Je pense que le droit à la vie privée est plus important que notre peur de voir de mauvaises choses se produire, comme le terrorisme ».

Telegram assouplit ses règles en matière de collaboration avec les autorités

Telegram serait accusé de favoriser la propagande djihadiste

Le réseau social a progressivement infléchi son penchant pour le respect à tout prix de l’identité de ses usagers. Il a d’abord consenti au fait de livrer  des données (IP, n° de téléphone) dans le cadre d’enquêtes liées au terrorisme. Sa bonne volonté s’arrêtant aux frontières de la Russie. Pays d’origine des frères Durov à qui les lie un vieux contentieux.

« Nous ne considérons aucune demande des autorités russes. Notre politique de confidentialité ne s’applique pas à la situation en Russie. Nous continuons à résister. »

En revanche, soucieux de concorde avec l’Union Européenne, Pavel Durov a affirmé, en août dernier, vouloir se conformer à la loi sur la protection des données personnelles. Enfin, un communiqué publié sur son channel le 26 novembre dernier porte le coup de grâce au verrouillage de la messagerie. Il déclare dorénavant assumer une coordination totale avec les forces de police pour traquer les activistes djihadistes sur son réseau social.

Cette dérogation au principe du secret savamment entretenu par les deux frères participe de leur stratégie de transparence vis à vis des autorités. Ils veulent visiblement  affaiblir les arguments de la partie adverse pour pouvoir enfin mener à terme leur projet de blockchain TON et de token Gram.

Délocalisation : Telegram prendrait ses quartiers en Suisse

Le charme bucolique de la crypto-valley suisse

Tentant de mettre le maximum d’atouts de leur côté, les frères Durov envisageraient de se délocaliser sous des cieux plus cléments. La Suisse et son hospitalité légendaire aux projets crypto aurait leur faveur. Aucune déclaration officielle n’est venue confirmer cette hypothèse mais de fortes présomptions la corroborent. Outre le précédent de Facebook qui y a implanté sa fondation Libra pour cause de crypto-compatibilité, le journal alémanique, HandelsZeitung, donne des indices quant à une installation prochaine de Telegram.

Actuellement basée à Dubaï, la société, aurait non seulement visité des locaux dans la crypto vallée de Zoug mais serait déjà en discussion avec les services cantonaux sur la question des permis de travail. L’intention de Telegram serait, dans un premier temps, d’y regrouper ses activités de recherche et de développement avant le rapatriement à terme du siège social. L’affaire est à prendre au sérieux. Les frères Durov auraient déjà entamé des négociations avec l’autorité de surveillance du marché financier suisse (la FINMA).

On ne sait si la conviction de Chanpeng Zhao, directeur général de Binance, affirmant que des projets tels que Libra et TON ne pourront pas être arrêtés par des mesures réglementaires, est prophétique. Ce qui est certain en revanche, c’est que les frères Durov déploient toute une panoplie de mesures, quitte à rogner sur leurs principes, pour y arriver. Les prochaines audiences du tribunal de New York prévues les 18 et 19 février 2020, nous diront si la panoplie était assez complète….

 

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