L’engouement pour le staking de Tezos (XTZ) est-il un signe de changement dans l’écosystème crypto ?
17 décembre 2019 - 12:31
Temps de lecture : 4 minutes
Par Nathalie E.
Le projet français Tezos (XTZ) connaît une belle embellie dans un marché plutôt morose. Il vient de faire son entrée dans le top ten des cryptos par capitalisation. Les qualités fondamentales de cette blockchain de 3ème génération et ses partenariats noués récemment ont contribué à sa valorisation. Mais c’est l’annonce du staking de son jeton sur les plateformes d’échange qui a assurément boosté son prix.
Une première pour Kraken
Après Coinbase et Binance, Kraken prend désormais lui aussi en charge le jalonnement des XTZ. Les modalités sont un peu différentes de celles de ses concurrents. Pour se distinguer d’eux, les dividendes seront versés deux fois par semaine aux utilisateurs qui auront choisi de miser sur le XTZ. C’est une grande première pour l’un des plus vieux exchanges (2011) de l’écosystème qui a semblé se laisser distancer par ses plus jeunes rivaux dans la course aux innovations. C’est aussi, bien sûr, le signe d’une grande confiance dans la blockchain de Tezos qui accumule les prouesses ces derniers temps. Outre un partenariat noué avec la gendarmerie nationale, elle a signé, cet été, un contrat d’une valeur d’un milliard de dollars.
Mais au-delà de cette initiative de la part de Kraken – les jalonnements de Atom et de Dash devraient suivre – c’est sans doute le signal d’un changement plus profond dans l’univers des cryptomonnaies. En effet, le passage du PoW, mécanisme du consensus de Bitcoin, à celui de PoS est en train de modifier un paysage qui semblait jusque là, au moins dans ses aspects techniques, réservé à un cercle d’initiés.
La passage de la Preuve de travail (PoW) à la preuve d’enjeu (PoS) suppose une participation plus grand public
Loin des bricoleurs ingénieux et fervents des débuts, le minage s’est professionnalisé. L’amatrice éclairée ne peut plus participer en direct au processus de validation de sa crypto préférée. La seule solution qui s’offre à elle aujourd’hui, est de rejoindre un pool de mining comme celui de la société française Bigblock Datacenter. A l’inverse, le PoS en engageant un autre type de contribution, semble ouvrir la voie à une nouvelle forme de participation plus « grand public ». Opportunité qui n’a pas échappé aux plateformes d’échange en quête constante de nouveaux utilisateurs et de fidélisation de leurs usagers.
Offrir à ses clients la possibilité de générer des revenus passifs (de l’ordre de 6% par an pour Tezos sur Kraken et Binance, un peu moins sur Coinbase) en détenant simplement des tokens est un produit d’appel incroyablement incitatif. Même si, rappelons-le inlassablement, laisser vos cryptos sur un exchange se fait toujours à vos risques et périls. Indiquons donc une autre solution beaucoup plus sécurisée.Vous pouvez en effet abriter vos XTZ sur votre hardware wallet tout en percevant des dividendes. Ledger, surfant sur la vague, proposant aussi, par l’intermédiaire de son application Ledger live, de staker des tezzies en trois clics. Coinhouse, le comptoir physique des cryptomonnaies à Paris, l’a aussi ajouté à ses prestations.
Qu’en sera t-il pour l’Ethereum 2.0 avec cet engouement unanime pour le staking ?
Cet engouement unanime pour le staking de Tezos est révélateur de nouvelles stratégies d’investissement. Binance avait d’ailleurs ouvert la voie en proposant, le premier, le jalonnement de plusieurs cryptomonnaies. A titre informatif, aujourd’hui , outre Tezos, on peut y staker 12 cryptos.
Est-ce annonciateur de ce qui va se passer pour Ethereum qui est en train d’accomplir sa mue du PoW au PoS ? On peut le supposer, ou l’espérer. Le prix de l’ether ne s’étant jamais vraiment relevé du bear market entamé depuis 2018, on peut envisager le fait qu’il se verra propulsé par ce mécanisme de la preuve d’enjeu. Mais surtout, le changement de cap de la crypto la plus populaire après Bitcoin, deuxième aussi par sa capitalisation boursière, va vraisemblablement généraliser ce processus de verrouillage des jetons pour recevoir des récompenses. Binance research, le secteur de recherche de Binance, prévoit que grâce à cette nouvelle version d’Ethereum, le volume d’activité du staking va plus que doubler.
Une technologie plus verte
Si de nombreuses petites nouvelles ont d’emblée adopté le PoS, avec des spécificités liées à la singularité de leurs protocoles, la blockchain Ethereum est la première, du moins la plus importante, à réaliser cette mutation, notamment pour améliorer sa scalabilité.
Mais aussi parce que la preuve de travail a très mauvaise presse. Accusée d’être énergivore et donc responsable de problèmes environnementaux, qui ne sont certes pas à négliger mais à tempérer, on en oublierait sa vertu essentielle qui est d’assurer une sécurité quasi infaillible du protocole sur lequel elle repose. Bitcoin, viscéralement attaché à cette qualité, essentielle à partir du moment où on parle de monnaie, n’y renoncera pas tout en tentant sans répit de l’améliorer. La PoS, dans ce registre-là, semble plus fragile (et d’autant plus si elle est confiée à des bourses d’échange) et seule l’épreuve du temps, nous édifiera sur sa résistance aux attaques et aux fraudes.
La décentralisation, un problème insoluble ?
L’autre défaut pointé du PoW, que l’actualité confirme, est la centralisation du minage pour une cryptomonnaie qui se veut, par définition et par la volonté de son créateur, décentralisée. La PoS, en distribuant la validation du consensus à tout le monde, pourrait supposément la supprimer. Sauf que déléguer ses tokens sur une plateforme pour percevoir des dividendes, c’est consentir à y renoncer .
Le risque est réel de voir de gros acteurs concentrer le staking et d’avoir alors tout loisir pour orienter les décisions dans un sens ou un autre. On se rapprocherait dangereusement du fonctionnement d’une ploutocratie où ceux qui détiennent le plus de tokens possèdent le plus de pouvoir. La preuve en est : alors que Coinbase vient à peine d’ouvrir à tous son staking, réservé jusque là aux institutionnels, il est devenu le premier validateur de la blockchain Tezos avec plus de 30 millions de XTZ dans son panier garni.
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