Qu’est ce qu’un White Paper ?
Quasiment chaque projet est accompagné d’un white paper. Si ce document ne vous évoque rien, cet article est fait pour vous !
04 novembre 2022 - 07:30
Temps de lecture : 6 minutes
Par Jordan P.
Le monde fêtait récemment le quatorzième anniversaire de la publication officielle du white paper de Bitcoin (BTC). Répliqué par la suite, il est désormais indissociable de tout projet dans le secteur des cryptomonnaies. En effet, chaque porteur de projet se doit d’apporter une crédibilité à ce dernier. Et c’est précisément au travers de ce document que les principes, fonctionnements et intérêts d’un protocole sont décrits aux investisseurs – et indirectement aux utilisateurs. Compte tenu de sa nature technique, il est souvent difficile à aborder les premières fois, notamment pour les novices. Ce guide a vocation a expliquer l’intérêt du white paper, sa rédaction mais aussi sa valeur juridique et les risques qui y sont associés en prenant en exemple des white papers de blockchains connues.
White Paper, livre blanc : Définition
Le White Paper, ou livre blanc en français, est un document d’informations qui permet de comprendre un projet. Son origine est relativement ancienne, l’expression étant utilisée dès 1922 au Royaume-Uni pour désigner des documents et rapports gouvernementaux en politique. À l’époque, il servait à exprimer les intentions d’un gouvernement sur une question précise au public. Depuis, le white paper a dérivé dans d’autres domaines. Dont principalement le marketing – ou il intègre désormais une part essentielle de la communication et du développement d’une entreprise – jusqu’à s’étendre aujourd’hui au monde des affaires. En parallèle, l’écosystème crypto a largement repris ce concept. À tel point que le white paper est devenu un outil indispensable dans chaque nouveau projet : quiconque cherche à investir sérieusement dans les cryptomonnaies, ira lire le white paper. La raison est simple. C’est, en théorie, le meilleur moyen de comprendre l’objet et la vision d’un projet. Cela parce que les white papers ont vocation à informer et convaincre les investisseurs. Ils contiennent diverses informations, plus ou moins détaillées et/ou techniques sur un projet. En général, un white paper décrit toujours les objectifs poursuivis et les moyens mis en place pour les atteindre. Il offre donc une compréhension rapide du projet, bien qu’il ne garantisse jamais sa qualité. Outre le concept, il détaille la feuille de route et la façon dont l’entreprise a prévu de se développer à l’avenir. Toutes ces informations permettent finalement de légitimer un projet en lui apportant du crédit.
À quoi sert un white paper dans l’écosystème crypto ?
Les white papers sont généralement publiés par les sociétés qui envisagent de lever des fonds en cryptomonnaies, soit de manière publique lors d’une Initial Coin Offering (ICO) par exemple, soit en amont et de manière privée lors de ventes stratégiques. Pour ces dernières, ce support constitue un élément important dans les négociations avec de potentiels investisseurs. En outre, il y sera décrit le sens du projet, son utilité ainsi que les processus utilisés, les objectifs poursuivis et les moyens mis en œuvre.
En prenant l’exemple du lancement d’une levée de fonds en cryptomonnaies, le white paper informe les investisseurs de certaines informations essentielles. Il s’agit de toutes celles liées au projet (jetons, valeur, nombre et modalités d’échange des jetons en circulation, plateforme d’échange…). En effet, le white paper doit séduire les investisseurs pour qu’ils rejoignent un projet. Au mieux, il contiendra une description technique qui explique les aspects techniques et la technologie qui sous-tend le projet ainsi que la présentation des fondateurs et des équipes qui en sont à l’origine. Ce dernier point est un facteur crucial étant donné qu’il fournit des informations importantes sur la pertinence – et la faisabilité – du projet. En outre, le white paper constitue un élément important, mais non suffisant, lors des négociations entre entrepreneurs et investisseurs.
Un « bon » white paper devrait finalement permettre de répondre aux questions suivantes :
- Pourquoi le projet a été créé ? Un white paper contient souvent un préambule dans lequel est décrit le problème que le projet tente de résoudre et la solution pour y parvenir, et en quoi celle-ci est différente des autres qui pourraient déjà exister. Une analyse de marché peut être insérée. Elle montre l’intégration du produit dans le marché existant.
- Quelle est l’utilité du projet dans le monde réel ? Cette question est un point essentiel. Certaines cryptomonnaies ont une utilité ou une fonction qui se démarque d’une monnaie classique (droits de vote, droit de propriété sur une chose, accès à un service…).
- Comment le projet parvient-il à un consensus au sein du réseau ? Il existe différents consensus (proof-of-work, proof-of stake pour n’en citer que deux), le livre blanc sert donc à expliquer quel mécanisme est utilisé dans le cadre du projet.
- Quel est le calendrier du projet ? Il s’agit ni plus ni moins de la roadmap, avec les différentes étapes qui reflètent l’objectif de croissance du projet.
- Quels sont les détails techniques ? Sans vous arrêter sur chaque détail technique, ce qui pourrait s’avérer être une tâche complexe, il est bien d’avoir au moins une vision globale du projet.
Comment est rédigé un white paper ?
Si sa rédaction peut paraître complexe, son contenu et sa forme sont en réalité totalement libres. Ils n’ont donc malheureusement pas tous la même exhaustivité. Certains détaillent avec précision les protocoles de consensus et les caractéristiques techniques quand d’autres ne les mentionnent pas ou que très peu. Un white paper « raisonnable » devrait – a minima – contenir les informations suivantes : description du projet, objectifs et délais pour y parvenir, stratégie, analyse de marché, informations relatives aux jetons, modes de financements, présentation des fondateurs et de la team. Des entreprises font parfois le choix de la simplicité.
Par exemple, le white paper de Binance Exchange contient 5 grands thèmes :
Le white paper blockchain Solana, une description des échanges insérée en dessous des données relatives aux jetons (prix, nombre etc) :
Une fois réunies, ces informations permettent de voir si l’objectif poursuivi est réellement réalisable. En principe, les livres blanc n’excèdent pas 25 pages (celui de Bitcoin en contient 8, et celui de Binance Exchange 17) mais aucune règle précise n’existe. Étant donné qu’aucune règle particulière n’est spécifiée, tout le monde a la possibilité d’en rédiger un. Il est toutefois conseillé d’être accompagné par un professionnel (entreprise spécialisée, cabinet d’avocats, consultations juridiques) dans le but d’avoir un document le plus clair et exhaustif possible pour rassurer les investisseurs et utilisateurs.
Les white papers connus : Bitcoin et Ethereum
Les deux white papers les plus célèbres de l’écosystème sont sans nul doute celui de Bitcoin, lequel a été publié le 31 octobre 2008 et constitue le premier cas d’usage de la technologie blockchain destiné au grand public, et de Ethereum (ETH) publié plus tardivement en 2014 par son fondateur Vitalik Buterin.
Le white paper de Bitcoin s’intitule en français “Bitcoin : un système d’argent électronique peer-to-peer” et a été publié sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Son identité n’a d’ailleurs jamais été révélée – il pourrait aussi bien s’agir d’un individu que d’un groupe de personnes. Quoiqu’il en soit, le livre blanc de Bitcoin est encore source d’inspiration pour de nombreuses entreprises du milieu. Connu pour sa simplicité, il ne contient que 8 pages. Une version française est disponible ici.
Valeur juridique et risques liés au white paper
D’un point de vue européen, les particuliers porteurs de cryptomonnaies tendent, sur le plan juridique, à être assimilés à des consommateurs – ces derniers bénéficient d’un droit particulièrement protecteur qu’est le droit de la consommation. Un tel investisseur, s’il devait être lésé du fait notamment des divergences manifestes entre le livre blanc et la réalité, pourrait engager la responsabilité du porteur du projet. En effet, le porteur de projet qui fournit de manière délibérée un whitepaper comportant des éléments susceptibles d’induire l’investisseur en erreur s’expose à des sanctions tant administratives que pénales.
D’ailleurs, la société fait dans ce cas office de bouclier (jusqu’à une certaines limite) entre les institutions administratives ou répressives alors que les développeurs – encore nombreux – qui décident de déployer leur projet sans la moindre structure juridique s’expose à une responsabilité dite illimitée du fait de la non interposition de société dans ce cas. Les conséquences d’un whitepaper rédigé, volontairement ou involontairement, de façon lacunaire, vague, abstraite, trompeuse, etc, expose le porteur du projet à des sanctions alors que pour l’investisseur il fait davantage office de support précontractuel lui permettant, le cas échéant, d’intenter une action contre un fondateur malveillant.
Pour conclure, le white paper est un document dont la compréhension est essentielle pour quiconque souhaite investir dans le domaine des cryptomonnaies. Chacun d’eux poursuivent de multiples objectifs que toute personne peut analyser pour décider d’investir ou non. Toutefois, il faut garder à l’esprit qu’un white paper bien rédigée n’est pas synonyme de projet de qualité. Et de nombreux scams restent aujourd’hui signalés.
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