Dash anonyme ? Allons donc !
05 octobre 2020 - 16:37
Temps de lecture : 2 minutes
Par Nathalie E.
Sentant le vent mauvais des régulateurs, Dash, l’une des plus anciennes cryptomonnaies anonymes du marché, réfute désormais l’attribut de confidentialité comme caractéristique première. Le Dash Core Group, l’organisme supervisant l’actif et son développement, préfère aujourd’hui adopter un positionnement plus neutre.
Un repositionnement opportuniste
Depuis sa création en 2014, Dash s’est toujours présenté comme un actif axé sur la confidentialité. Dès son livre blanc, le principe fondateur est clairement formulé : « Dash est la première monnaie cryptographique centrée sur la confidentialité basée sur le travail de Satoshi Nakamoto. » En digne héritier du mouvement Cypherpunk, la protection des données personnelles apparaissait comme primordiale dans son protocole de transactions générées et stockées dans une blockchain.
Il n’y a pas si longtemps – mais 6 ans à l’échelle des cryptomonnaies, c’est déjà beaucoup – et pourtant, les priorités vraisemblablement changent. En effet, lors d’un entretien accordé à Cointelegraph, Fernando Gutierrez, le responsable marketing de Dash Core Group, n’hésite pas à répondre par la négative quant à catégoriser Dash en tant que altcoin anonyme.
Non, Dash est une cryptomonnaie de paiement, qui se concentre particulièrement sur l’utilité. Ceci inclut la vitesse, les coûts réduits, la facilité d’utilisation et la protection de l’utilisateur grâce à des options de vie privée optionnelles. »
Un revirement notable du moins en théorie. En effet, l’actif dispose toujours d’une fonctionnalité appelée PrivateSend, offrant aux utilisateurs la possibilité de mélanger leurs transactions avec d’autres pour rendre le suivi plus difficile. Mais c’est une option désormais reléguée au rang d’une caractéristique pas plus importante que les autres.
L’anonymat a du plomb dans l’aile
Le revirement de Dash s’explique certes par un environnement réglementaire de plus en plus périlleux pour les cryptomonnaies dites anonymes. Le régulateur japonais demandant par exemple aux crypto-bourses de les délister. Plus récemment, ce sont les services du fisc américain (IRS) qui ont lancé une initiative pour le moins douteuse à l’encontre de Monero. Ils ont en effet proposé une prime de 625 000 $ à quiconque arriverait à casser son protocole de confidentialité. Et on ne compte plus les saillies de responsables institutionnels contre l’anonymat des cryptos, toutes rangées dans le même panier de pousse-au-crime, n’ayant visiblement pas encore compris la distinction à opérer avec le pseudonymat qui constitue l’ordinaire de la plupart des actifs numériques.
Si ce contexte réglementaire punitif se renforce à l’encontre des cryptos soucieuses de la vie privée des utilisateurs, ce n’est pas sans lien avec une cryptosphère qui se désintéresse de plus en plus du sujet. En effet, une étude récente de Coinmetrics a éloquemment montré que les détenteurs de Bitcoin se moquaient comme de leur premier euro de la dimension confidentielle de leurs activités crypto. L’illusion d’un pseudonymat protecteur suffisant à leur ambition de citoyen autonome se croyant à l’abri de l’ingérence abusive des Etats.
De fait, entre la pression régulatrice et des utilisateurs majoritairement indifférents, Dash fait sans doute un choix judicieux pour tenter de pérenniser son projet.
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