L’Allemagne vire en tête du classement des pays les plus crypto-friendly
18 avril 2022 - 16:58
Temps de lecture : 4 minutes
Par Nathalie E.
L’Allemagne, déjà leader européen, devance au premier trimestre 2022 Singapour dans le classement des pays les plus crypto compatibles. Les Etats-Unis prennent la 3ème place suivis de l’Australie. La Suisse ferme le ban du quinté gagnant. Quant à la France, elle progresse, accédant au 8ème rang selon la grille de lecture de Coincube dont on peut discuter la pertinence de certains critères.
L’Allemagne leader mondial de la crypto
Selon une étude de l’agrégateur d’échanges d’actifs numériques Coincub qui veut dresser trimestriellement le bilan des pays les plus ouverts à la crypto, l’Allemagne accède à la première place du podium au premier trimestre 2022. Son précédent classement plaçait Singapour en tête pour le quatrième trimestre 2021. Mais les décisions du régulateur financier singapourien d’exiger des sociétés cryptos qu’elles cessent de faire la promotion de leurs produits auprès du grand public et de limiter le nombre de guichets automatiques Bitcoin lui ont fait perdre sa place de leader.
Reposant sur un nombre de critères assez exhaustifs – allant de l’acceptation institutionnelle à la disponibilité des échanges et des portefeuilles en passant par la clarté de la réglementation, l’activité des banques offrant des services de garde crypto et l’acceptation de paiement en bitcoin ou autres dans les services et commerces de détail – chacune des 9 rubriques, elles-mêmes divisées en 21 sous-catégories, est notée sur dix, permettant à la fin d’attribuer une moyenne à chacun des nombreux pays passés sous le radar. Et à ce jeu de notes (qu’il faudrait toutefois réactualiser sur le site), l’Allemagne en sort a priori gagnante.
Nous cherchons à donner l’image la plus précise de la crypto dans le monde, et à cette fin, notre classement évolue constamment. Au premier trimestre 2022, notre méthodologie de notation reflète mieux l’importance de certaines catégories par rapport à d’autres. Nous avons également ajouté de nouvelles catégories, notamment Talent, Fraude et nombre d’ICO dans chaque pays. Au fur et à mesure que les événements se développent, nous allons au-delà de la législation ou des chiffres purs et introduisons de nouvelles dimensions qui sont cruciales pour définir la maturité d’un pays par rapport à la crypto.
Sergiu Hamza, PDG de Coincub in Communiqué
La crypto incluse dans l’épargne traditionnelle
Sans surprise, néanmoins pour nous qui avons souligné plus d’une fois les progrès spectaculaires de l’Allemagne, notamment en matière d’acceptation institutionnelle avec une Deutsche Bank précocement sur le pont, mais surtout avec l’adoption d’une loi permettant aux fonds institutionnels d’investir jusqu’à 20% de leurs allocations dans cette nouvelle classe d’actifs.
Au niveau particulier, les choses progressent également. Un service d’achat/vente crypto sera prochainement disponible pour les agences bancaires du puissant réseau allemand des caisses d’épargne qui dessert plus de 50 millions de clients.
Ces offres institutionnelles se conjuguent avec une fiscalité avantageuse. Fiscalité qui repose sur le fait que les cryptos sont considérées comme de l’argent privé et non comme une marchandise. Ainsi, les particuliers, à condition de détenir leurs cryptomonnaies plus de douze mois, ne payent pas de taxe sur la revente. La période de détention pourrait cependant s’étendre à dix ans au vu des dernières discussions fiscales. Néanmoins, la législation reste plutôt accueillante. Une orientation confirmée par un accord de coalition qui mentionne bitcoin et blockchain comme l’un des piliers qui soutiendront le pays les quatre prochaines années. Et la demande croissante de la population allemande, connue pour son sens de l’épargne et qui se trouve aujourd’hui confrontée à un taux d’inflation record, se voit déjà en partie satisfaite par la vingtaine de produits crypto réglementés proposés par la Deutsche Boerse.
Mais l’engagement n’est pas seulement le fait des autorités. En effet, le pays possède également le plus grand nombre de nœuds Bitcoin (ordinateurs connectés au réseau Bitcoin pour vérifier et valider les transactions) derrière les États-Unis.
De fait, déjà leader en Europe, l’Allemagne grâce à tous ses efforts conjugués prend la pôle position à l’échelle internationale.
Autres pays en pleine ascension
Autres faits notables de ce Coincub Global Crypto Ranking, la progression de pays comme les Pays-Bas, la France ou l’Espagne se plaçant respectivement au 7ème, 8ème et 16ème rangs. Un trio qui se distinguent par des volumes élevés de transactions crypto, s’inscrivant en tête d’une Europe leader dans ce domaine. Ils brillent aussi et la France particulièrement, par le nombre conséquent de startups blockchain dans leurs économies.
La Suisse gagne également huit places au classement de Coincube en raison notamment de l’initiative de Lugano. En effet, la ville du Tessin se veut la future capitale européenne du Bitcoin et déploie, en collaboration avec Tether, tout un arsenal de mesures pro-crypto. La plus importante étant d’accepter le bitcoin et l’USDT comme moyen de paiement des taxes locales, leur conférant de facto le statut de monnaies au cours légal.
Le territoire de Hong Kong est celui qui progresse le plus, passant de la 35ème à la 6ème place. Un bond justifié par le nombre élevé de noeuds Bitcoin hébergés, par la sensibilisation à la crypto développée par les institutions locales, corollaire d’une importante concentration d’organisations et de sociétés du secteur.
Des critères discutables
Enfin, on ne peut pas ne pas évoquer les Etats-Unis qui restent leader en chiffres absolus dans beaucoup de catégories. Mais ces chiffres mesurés au PIB et au nombre d’habitants pour « un reflet plus précis de la crypto-économie » l’installent à la troisième place du classement de Coincube.
Quant à l’Australie figurant au 4ème rang, elle voit couronner ses efforts pour restaurer une infrastructure de paiement vieillissante en ménageant une place de choix aux cryptomonnaies.
< /a>Ce classement reste un indicateur dont certains critères peuvent être discutés. Ainsi la place ménagée aux monnaies numériques d’Etat (MNBC ou CBDC) comme critère de dynamisme de la crypto-économie ne semble pas forcément très adaptée. Contre-productive même, tout comme certaines réglementations saluées par l’agrégateur. De même la place du Salvador, premier pays a avoir reconnu le bitcoin comme monnaie légale et qui ne figure qu’à un modeste 36ème rang, peut interroger. L’audace, semble t-il, n’est pas vraiment récompensée…
Mais ce qu’illustre éloquemment ce panorama, c’est l’expansion irrésistible des cryptomonnaies. Des institutionnels partout dans le monde s’emparent du sujet et accompagnent dorénavant une adoption grand public dont ils pressentent l’imminence.
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