Le GAFI montre ses muscles, Binance y répond en recrutant d’ex-agents de l’organisation
27 mars 2021 - 08:58
Temps de lecture : 2 minutes
Par Nathalie E.
Le Groupe d’action financière (GAFI) vient de publier une mise à jour de ses directives en (dé)faveur de l’industrie crypto. Des orientations qui ciblent clairement la DeFi et, dans une moindre mesure les NFT et qui accentuent encore la pression réglementaire pour les acteurs impliqués dans l’espace. Binance a trouvé la parade en recrutant d’ex-agents de l’organisation internationale.
Des directives révisées à la hausse
La mission qui incombe au GAFI, organisme intergouvernemental créé en 1989 chargé de développer des politiques de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, consiste à préserver l’intégrité du système financier international contre son utilisation à des fins illicites. Pour réaliser son objectif, l’organisation élabore des normes et surveille leur application. En d’autres termes, le GAFI ne se contente pas de recommander de bonnes pratiques. Il conçoit des dispositifs de lutte et contrôle leur efficacité. Et, une fois le cadre mis en place, il juge de la qualité de la mise en oeuvre.
Dans cette perspective, les cryptomonnaies sont dans son viseur depuis déjà quelques années. Ses premières directives ont été publiées pour la première fois en 2015 puis mises à jour en 2019. Mais l’éco-système se caractérisant avant tout par un dynamisme et une créativité hors-normes, l’organisation internationale se voit dans l’obligation de courir après le train et de réviser régulièrement ses préconisations. Et en général, c’est plutôt pour resserrer les vis.
DeFi et NFT dans le viseur du GAFI
Ainsi, il vient de définir une ligne plus stricte sur la « règle de voyage », qui exigera des fournisseurs de services d’actifs virtuels (VASP) – c’est-à-dire des plateformes d’échange – de suivre les transferts de leurs clients vers des portefeuilles d’auto-hébergés. Mais il suggère aussi fortement d’élargir la catégorie des VASP aux développeurs de logiciels d’échange décentralisés ou aux opérateurs de nœuds Lightning Network. Une orientation qui cible clairement les échanges décentralisés et la DeFi (finance décentralisée) qui avaient jusque-là largement échappé à son radar.
Selon son projet de directive, les jetons non fongibles (NFT), qui explosent en popularité, feront aussi l’objet d’une attention particulière. Ne semblant pas a priori constituer des « actifs virtuels » (VA), ils le deviennent, de son point de vue, en raison de marchés secondaires qui permettent le transfert ou l’échange de valeur susceptible de faciliter le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme. A ce titre, des préconisations particulières devraient être développées dans un proche avenir pour réguler – étouffer ? – ce secteur trop expansif.
D’anciens agents du GAFI rejoignent Binance
Avant de finaliser ce nouvel arsenal de mesures drastiques recommandées pour que l’industrie crypto se conforme supposément aux mêmes règles que le reste du système financier selon la parole officielle, le GAFI sollicite les commentaires des parties prenantes d’ici le 20 avril 2021.
Binance, la plus grande plateforme d’échange crypto en terme de volume, a pris les devants et a trouvé la parade en intégrant d’anciens agents du GAFI à son équipe de stratégie réglementaire. L’ancien secrétaire exécutif Rick McDonell et l’ancienne chef de la délégation canadienne du GAFI, Josée Nadeau, donneront des conseils sur «les stratégies globales de conformité et de réglementation» de Binance, selon le communiqué de presse. Ainsi, après avoir recruté un ancien sénateur américain, l’exchange de CZ confirme sa nouvelle docilité et sa bonne volonté pour lutter contre les problèmes de conformité et de fraude.
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