Binance face aux attaques de multiples autorités de régulation monétaire

02 juillet 2021 - 10:05

Temps de lecture : 5 minutes

Par Hugh B.

Il ne fait pas forcément bon être le leader dans un domaine qui subit régulièrement les foudres des instances de régulation. Une réalité à laquelle est en train de devoir faire face la plateforme Binance. Cela suite à une interdiction d’exercer plus qu’étrange émise par le gendarme financier britannique en début de semaine. Car elle concerne l’une de ses filiales actuellement inactive sur son territoire. Ce qui s’inscrit visiblement dans un mouvement de surveillance accrue et internationale à son égard. Et le flou qui entoure son éventuel siège social ne va très certainement rien arranger.

La plateforme Binance est sans équivoque la principale bourse d’échange mondiale dans le domaine des cryptomonnaies. Cela avec des volumes en SPOT qui représentent plus des 3/4 de ce marché à l’heure actuelle. Et un développement tentaculaire qui s’exporte aussi bien dans le domaine de la DeFi que des produits dérivés et autres jetons NFT. Mais la plupart du temps sans se soucier plus que nécessaire de bénéficier des autorisations nationales pour le faire. Et sans jamais révéler l’épicentre exact et légal de ce tremblement de terre numérique.

Les actions tokenisées de Binance dans le viseur des régulateurs européens

Une situation que son dirigeant Changpeng Zhao (CZ) n’aime pas aborder. Et à laquelle il a récemment répondu par un énigmatique : « où que je m’assoie, ce sera le bureau de Binance. Partout où j’ai besoin de quelqu’un, ce sera le bureau de Binance ». Ce qui peut probablement suffire aux amateurs de télétravail. Mais certainement pas à une instance de régulation en quête d’une entité à contrôler et à taxer. Une situation à laquelle Binance s’est récemment préparée en embauchant d’ex-agents de la GAFI. Cet organisme international dont la vocation est de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Et il semble que cette initiative ait été quelque peu prémonitoire…

Binance face aux régulateurs du monde

Car la dernière actualité au sujet de Binance fait état d’une véritable cabale à son encontre. Et elle concerne dans le cas présent l’Autorité monétaire des îles Caïmans (CIMA). Car cette dernière vient de déclarer que malgré les informations présentées dans certains médias, la société Binance n’est en aucun cas autorisée par ses services à exploiter une entreprise d’échange de cryptomonnaies depuis ou à l’intérieur de son territoire insulaire. Et que suite à ces allégations elle allait enquêter sur la question.

« L’Autorité monétaire des îles Caïmans souhaite informer le public que Binance, le Groupe Binance et Binance Holdings Limited ne sont pas enregistrés, agréés, réglementés ou autrement autorisés par l’Autorité à exploiter un échange de cryptomonnaie depuis ou au sein des îles Caïmans. » – CIMA

Binance face à une interdiction d’exercer du gendarme financier britannique (FCA) ?

Et dans le même temps, la société Binance Asia Services Pte. doit actuellement faire face à une procédure d’examen de la part de l’Autorité monétaire de Singapour (MAS). Cette dernière initiée par la répression mondiale qui semble s’abattre sur elle. Et visiblement en relation à certaines croyances qui placent son siège social au sein de sa juridiction. Le tout dans le cadre de ce que le média Bloomberg décrit comme un examen minutieux de sa société mère « par les autorités du monde entier ».

« Nous sommes au courant des mesures prises par d’autres autorités de régulation contre Binance et nous ferons un suivi le cas échéant. » – MAS

Une procédure dont la mise en œuvre ne remet cependant pas en cause – pour le moment – son activité sur ce territoire. Surtout si l’on considère que cette filiale visée ne serait qu’une entité juridique distincte de Binance.com. Et dont l’activité « se concentre sur la croissance de l’écosystème local de la blockchain et le service aux utilisateurs », selon les déclarations de Binance.

Une situation internationale difficile

Quoi qu’il en soit, la situation de Binance est actuellement compliquée au niveau international. Car sa société mère doit également faire face à plusieurs enquêtes simultanées aux États-Unis. Ces dernières dirigées par le ministère américain de la Justice et l’Internal Revenue Service (IRS). Avec comme objectif officiel de tenter d’identifier et d’éliminer toutes traces d’activités illicites de ce marché non réglementé.

Mais également au Japon, où l’Agence des services financiers locale a récemment indiqué que Binance offrait des services liés aux cryptomonnaies sans bénéficier de l’inscription nécessaire pour le faire. Ainsi que dans la province canadienne de l’Ontario que Binance a annoncé vouloir tout simplement quitter le mois dernier. Ce qui oblige ses utilisateurs locaux à clôturer leurs comptes d’ici la fin de cette année.

Les cryptomonnaies n’ont pas besoin de régulation mais de clarification

Et il semble que dans le même temps, la société Binance soit actuellement en quête d’une licence qui lui permettrait d’exercer légalement à Singapour. Cela tout en soulignant sa volonté de collaborer dans le cadre de ces nombreuses enquêtes en cours.

« Il est important de noter que nous adoptons une approche collaborative en travaillant avec les régulateurs et nous prenons nos obligations de conformité très au sérieux. Nous nous tenons activement au courant de l’évolution des politiques, des règles et des lois dans ce nouvel espace. » – Binance

Procédure ne veut pas dire problème

Une situation qui met une nouvelle fois face à face deux modèles de fonctionnement que tout oppose. Et que la décentralisation plus géographique qu’autre chose revendiquée par la société Binance ne permet visiblement pas de régler. Surtout si l’on considère qu’elle représente un acteur central et identifiable au sein d’un marché qui échappe à toute tentative de contrôle. Et que cela en fait la cible parfaite pour assouvir les frustrations accumulées par des instances de régulation visiblement dépassées. En particulier avec un CZ qui ne manque pas de rappeler qu’il en est le seul véritable centre névralgique.

Mais tout cela n’est-il pas au final qu’un simple passage obligé ? Une étape inévitable pour toutes les structures innovantes dont l’activité – en particulier financière – n’entre pour le moment dans aucun cadre légal précis. Ce qui reste l’une des spécialités de l’univers des cryptomonnaies qui aime à surfer sur les limites de l’économie traditionnelle. Et des procédures qui – même nombreuses – ne veulent pas dire qu’une quelconque accusation ou faute sera retenue au final. Comme ce fut le cas lors de l’enquête de la Commodity Futures Trading Commission des États-Unis, qui s’est terminée par le constat que Binance n’était coupable d’aucun acte répréhensible à l’époque.

Recevez le top 3 de l'actualité crypto chaque dimanche