Le PDG de Grayscale investit dans l’éducation crypto

27 janvier 2021 - 16:57

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Le PDG nouvellement nommé de Grayscale Investments, Michael Sonnenshein, convaincu de l’ignorance des régulateurs en matière de cryptomonnaies, a fait un don d’un million de dollars à CoinCenter, une organisation à but non lucratif qui oeuvre pour éduquer les décideurs politiques au fonctionnement de cet écosystème.

Grayscale fait un don de 1 million de dollars pour former les régulateurs

Il n’aura échappé à personne que le personnel politique parle (presque) d’une seule voix quand il s’agit d’évoquer Bitcoin, de le diaboliser plutôt, l’associant systématiquement au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Toute l’histoire de la première cryptomonnaie est émaillée de saillies institutionnelles de cet acabit, et le plus pathétique, c’est que douze ans après son apparition, et malgré toutes les études chiffrées qui prouvent précisément le contraire, les uns et les autres continuent de proférer les mêmes inepties. On pense bien sûr à notre inénarrable ministre de l’Economie et des Finances, à la présidente de la banque centrale européenne ou à la nouvelle secrétaire au Trésor américain, si on se contente de se référer aux dernières séquences d’une parole officielle relayant ces affirmations mensongères.

Face à un constat aussi désolant que fatigant, l’industrie crypto s’inquiète à raison des régulations à venir. Si le cadre réglementaire est bâti par des responsables qui n’y comprennent rien, ça risque de faire mal et de freiner la croissance du secteur. Aussi, il s’agit de venir contrarier la pente dangereuse qui se profile de lois émises en toute ignorance, en formant les autorités à la complexité de cet univers aux paradigmes innovants. L’éducation étant, pour reprendre les mots de Michael Sonnenshein dans son interview à Bloomberg, « le grand chaînon manquant de la crypto ».

Ainsi, convaincu de l’importance de l’enjeu, l’un de ses premiers gestes en tant que PDG a été d’accorder un don de 1 million de dollars à CoinCenter. Une organisation de premier plan axée sur les problèmes juridiques et législatifs auxquels sont confrontées les cryptomonnaies. Plus précisément, elle aide les régulateurs à acquérir une connaissance éclairée du sujet en l’accompagnant de préconisations précises en matière d’approche réglementaire.

Kraken, le pionnier donateur

L’exchange Kraken, l’un des plus anciens acteurs du secteur, avait ouvert la voie en 2018 avec un don d’un montant équivalent. S’inscrivant ouvertement dans sa lignée, le PDG de Grayscale invite à son tour d’autres figures marquantes du milieu à contribuer. Ainsi, a t-il sollicité le PDG de Binance, Changpeng Zhao (CZ), les frères Winklevoss de Gemini, Michael Saylor de MicroStrategy, Brian Armstrong de Coinbase, Jeremy Allaire de Circle ou encore Jack Dorsey de Square. Son argument-phare étant que CoinCenter a largement contribué à suspendre le projet de la Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) concernant les portefeuilles auto-hébergés.

Pour le directeur exécutif de CoinCenter, c’est effectivement un exemple éloquent de l’utilité de leur organisation.

 Nous existons pour nous assurer qu’il y ait une voix à Washington pour les réseaux de cryptomonnaie ouverts et sans autorisation, qui sont des biens publics dont tout le monde profite. Les fonds que nous collectons sont essentiels pour aider notre équipe à faire tout ce que nous pouvons pour garantir que l’écosystème continue de mûrir et de croître. »

Jerry Brito, directeur exécutif de CoinCenter

Une régulation renforcée à venir qui aura bien besoin de la lumière des experts

On sait que le contexte actuel est à un renforcement de la régulation en matière de cryptomonnaies. On sait aussi que la routine du régulateur consistant à dénigrer Bitcoin ne relève pas seulement de l’ignorance ou de la paresse . Elle relève aussi, bien sûr, d’une intention délibérée : étouffer l’avancée irrésistible d’une création monétaire qui échappe aux Etats. Alors, et même si la réflexion institutionnelle a progressé, les tenants de l’ordre mondial étant désormais convaincus par les vertus des monnaies numériques, on peut toujours s’attendre au pire.

Car, s’ils ne se privent plus aujourd’hui d’en énumérer le chapelet des bénéfices : simplification de l’infrastructure de paiement, réduction des coûts, inclusion financière… c’est pour mieux endormir leur monde. Chaque pays fomentant à son rythme un modèle de devise souveraine 2.0. Autrement dit, un habillage numérique pour une monnaie centralisée et régulée, connue dorénavant sous l’appellation CBDC (Central Bank Digital Currency), et qui connaîtra peu ou prou les mêmes dérives que le système bancaire traditionnel.

Le Bitcoin reste donc la bête noire des régulateurs et sa capitalisation croissante ne peut que les alarmer davantage. Tout autant la ferveur institutionnelle qu’il suscite. Ce n’est qu’une fois en retraite des postes de pouvoir, si on se fie aux interventions récentes de deux anciens ministres, qu’ils peuvent reconnaître ses attributs singuliers (rareté et décentralisation).

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