SEC – Hester Peirce souhaite un cadre réglementaire qui laisse « place à l’échec »

13 mai 2022 - 10:00

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

L’onde de choc provoquée par l’effondrement du projet Terra et de son stablecoin UST s’est propagée bien au-delà du secteur des cryptomonnaies. Et bien évidemment jusque dans les bureaux de la Security and Exchange Commission (SEC) américaine. Cette dernière toujours prompte à (ne) pointer (que) les risques de ce secteur. Car l’un des véritables dégâts collatéraux de cette affaire se résume finalement à offrir des munitions aux ennemis de cette économie numérique, encore en phase de test grandeur nature. Mais également, selon Hester Peirce, à souligner la nécessité d’un cadre réglementaire qui laisse place à « une marge d’erreur » nécessaire.

L’aventure initiée il y a tout juste deux ans par le projet Terra s’enlise, entre arrêts et redémarrages successifs d’un réseau moribond. Avec un prix de sa cryptomonnaie LUNA à la tête d’une chute désormais estimée à 100% (0,00002$). Un véritable sacrifice communautaire dans le but désespéré de sauver un stablecoin UST définitivement incapable de retrouver son ancrage au dollar. Et dans tous les esprits, un choc difficile à mesurer et une confiance durablement ébranlée. Mais également un rappel important : cet écosystème est encore en phase de test (Bitcoin compris).

Un cataclysme sans précédent, qui va laisser des traces indélébiles. Et une affaire sous forme de véritable cadeau providentiel à l’attention des instances de régulation. En particulier au sujet d’un secteur des stablecoins dans le viseur de ces dernières depuis des mois, entre concurrence et méfiance. Avec en tête de file, la SEC qui ne va pas manquer de surfer sur cette vague pour imposer un cadre réglementaire plus strict. Mais avec, dans ses rangs, une voix en train de s’élever pour exiger un « droit à l’échec. »

Hester Peirce – Il faut laisser une place à l’échec

Le plus difficile dans cette affaire Terra n’est finalement même pas l’effondrement de son écosystème. C’est bien plus cette haine déversée à son encontre par certains membres du secteur des cryptomonnaies. Avec en tête de ce cortège mortuaire, des maximalistes du Bitcoin toujours prompts à haïr les altcoins, bien souvent et indifféremment résumés à des « shitcoins. » Et cela en niant toute volonté d’expérimentation monétaire et économique pourtant à l’origine de la création du BTC. Car ce dernier ne s’est pas fait en un jour ni en une seule fois. Et de la même manière, le chemin vers un stablecoin décentralisé n’a rien d’une simple promenade de santé. Pourtant son utilité est indéniable.

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Un fait que même certains membres de la Security and Exchange Commission semblent avoir compris. C’est en tout cas ce que laisse entendre la Commissaire Hester Peirce, dans une récente intervention sur le sujet des cryptomonnaies. Le tout lors du Forum officiel des institutions monétaires et financières (OMFIF) qui s’est tenu en ligne le 12 mai (hier). Un événement au cours duquel cette dernière a abordé « un domaine qui a beaucoup retenu l’attention cette semaine » qui n’est autre que celui des stablecoins. Et l’exigence d’un « droit à l’échec » indispensable pour accompagner l’innovation.

« Nous devons laisser de la place pour qu’il y ait un échec, car cela fait évidemment partie de l’essai de nouvelles choses et notre cadre permet vraiment ce genre d’essais et d’erreurs. J’espère que nous l’utiliserons à cette fin. »

Hester Peirce

Stablecoins – Un cadre réglementaire difficile

Car tous les stablecoins ne sont pas identiques. Et leur développement ne nécessite pas le même engagement ni les mêmes « vulnérabilités structurelles » identifiées par la Réserve fédérale (Fed). Avec des leaders actuels comme le Tether (USDT) ou l’USDC plus proches de banques centrales privées qu’autre chose. Et face à cela de nombreuses expérimentations décentralisées, parfois même débarrassées de tout ancrage à un dollar dont la « stabilité » reste (très) discutable. Une réalité qui, selon Hester Peirce, rend « difficile » toute mise en place d’une cadre réglementaire.

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Raison pour laquelle cette dernière exhorte ses collègues de la SEC à accorder des exemptions vis-à-vis de technologies particulières. Car certaines pourraient permettre de mener des expérimentations importantes, si elles ne sont pas étouffées par un cadre réglementaire trop strict ou inapproprié. Ou si elles ne sont pas détruites par la cupidité de certains, près à enclencher des attaques à l’origine de la destruction de tout un écosystème. Même si cela reste encore à prouver dans le cas de l’UST.

« Vous pourriez dire que rien ne ressemble plus à un stablecoin qu’un autre stablecoin. Mais je pense qu’il est très important d’aborder tous les sujets en rapport aux cryptomonnaies en sachant qu’il existe de nombreuses variations. Ce qui rend l’élaboration d’un cadre réglementaire très difficile. »

Hester Peirce

Car, même si cela est encore très frais, l’effondrement du stablecoin UST doit être envisagé comme une expérience à tirer pour la suite. Et en aucun cas comme un point final dans le domaine de la stabilité numérique décentralisée. Mais en comprenant bien que le secteur des cryptomonnaies est encore en pleine phase de construction. Avec dans un coin de la tête cette idée que seuls ceux qui essaient finissent par y arriver. Et que ceux qui ne veulent pas y croire sont priés de ne pas les en empêcher.

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