Suède – Le gouvernement prêt à freiner l’exploitation minière de cryptomonnaies ?
Le gouvernement suédois envisage de réduire les exploitations minières et notamment de bitcoins sur son sol.
18 juillet 2022 - 13:00
Temps de lecture : 3 minutes
Par Jordan P.
La Suède abrite la plus grande industrie minière Bitcoin (BTC) d’Europe. Fort de cette attractivité, elle est devenue en l’espace de peu de temps un endroit privilégié pour les mineurs de cryptomonnaies. Toutefois, le gouvernement cherche aujourd’hui à limiter cette activité sur son sol, pour des raisons économiques et écologiques.
Plus précisément, le gouvernement suédois se trouve face à un dilemme. Il explique devoir choisir entre fournir plus d’électricité à des projets créateurs d’emplois – et cite en exemple des aciéries – ou accorder encore plus de capacité aux mineurs de bitcoins.
Bitcoin – Limiter le mining pour des raisons écologiques
Comme évoqué, la Suède s’est imposée en peu de temps en place de choix pour les mineurs souhaitant rester en Europe. Notamment par la mise en place d’un traitement préférentiel (coûts réduits, énergie verte bon marché, réduction fiscale) qui s’applique aux mineurs de bitcoins. Mais également compte tenu de ses ressources propres (réservoirs hydroélectriques, parcs éoliens etc.)
À l’époque – et très certainement comme pour le cas du Kazakhstan – le gouvernement n’a pas dû prendre la mesure de ce qu’impliquait l’accueil de nombreuses exploitations minières sans qu’aucun contrôle ne soit exercé. En particulier, il n’était sûrement pas prêt à ce que la demande d’électricité augmente autant dans le pays. Or, le pays a besoin d’électricité pour développer d’autres activités que certains politiques jugent « plus utiles » que le minage de bitcoins.
Pour ces raisons, le gouvernement a sollicité l’Agence suédoise de l’énergie afin qu’elle estime l’utilisation de l’énergie dans l’espace numérique. Mais également qu’elle chiffre avec précision l’énergie utilisée pour le minage de cryptomonnaies. Et selon la presse locale, le résultat de cette enquête a de grandes chances d’aggraver la situation des mineurs de bitcoins présents dans le pays. Rappelons qu’en 2021 les directeurs des services financiers et des agences de protection de l’environnement de la Suède avaient tiré la sonnette d’alarme sur la consommation énergétique qu’engendre l’extraction de cryptomonnaies et avaient suggéré d’interdire l’extraction par la preuve de travail (PoW).
Mais alors quels projets la Suède pourrait soutenir en lieu et place de l’industrie du minage ?
Il semble qu’une véritable déclaration de guerre soit lancée entre sociétés de cette industrie et celle de la sidérurgie. Par exemple, il est révélé le nom d’un projet, celui de la société de l’industrie sidérurgique SSAB. Cette dernière demande aux autorités de faire primer son développement plutôt que d’accorder des faveurs aux mineurs de bitcoins. Elle prévoit en outre d’organiser une production sans fossile. Elle argumente :
« Nous pourrions réduire les émissions de dioxyde de carbone de la Suède de 10%«
Tomas Hirsch, responsable de l’énergie chez SSAB
Limiter le minage – Le gouvernement suédois a déjà tranché ?
En réalité, il semble que la réponse donnée à cette question soit déjà toute trouvée. En témoigne la prise de parole du ministre de l’énergie suédois Khashayar Farmanbar. Dans une interview accordée ) Bloomberg, ce dernier souligne le besoin pressant d’énergie pour d’autres activités, plus « utiles », que pour le minage de bitcoins. Cela car la Suède passe « d’une période d’administration à une expansion extrême où toute notre industrie manufacturière cherche à s’électrifier. »
La Suède semble décidée à freiner l’industrie du minage de cryptomonnaies. Cela au profit d’autres industries jugées « plus utiles » que l’extraction de bitcoins (BTC)
Khashayar Farmanbar, ministre de l’énergie suédois.
Quoiqu’il en soit, la Suède devrait prochainement adopter des mesures plus fermes pour les mineurs de bitcoins. Le ministre de l’Énergie n’a pas tenu à dévoiler les règles qui étaient en cours de discussion, mais il apporte tout de même un éclairage. En effet, selon lui, deux options sont en train d’être étudiées. La première consisterait à modifier l’ordre dans « lequel les nouveaux utilisateurs d’électricité ont accès au réseau, de sorte que ceux qui apportent un avantage tangible à la société, notamment en créant de nombreux emplois, bénéficient d’une préférence ». La seconde consisterait à « limiter le traitement fiscal préférentiel qui s’applique actuellement à tous les centres de données, quelle que soit leur utilisation ». Autrement dit, cela signerait un alourdissement de la législation fiscale et la fin des mesures de préférence.
Un autre interlocuteur, Sukesh Kumar Tedla, juge quant à lui que nombreux sont les politiques à ne pas comprendre les technologies innovantes. Or, cet élément pèse inévitablement dans la balance en défaveur des exploitations minières actuellement en Suède.
« Je pense que beaucoup de fonctionnaires, y compris le ministre de l’Énergie, qui ont des opinions bien arrêtées sur les cryptomonnaies et la blockchain en général, ont besoin d’être mieux informés et sensibilisés »
Sukesh Kumar Tedla, président de l’Association suédoise de la blockchain
Le but de son commentaire étant de montrer que si l’industrie minière utilise beaucoup d’énergie, c’est aussi le cas pour de nombreuses autres technologies innovantes.
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