ARK Ecosystem – La cryptomonnaie numéro 1 en France, Interview du CEO François-Xavier THOORENS
12 mars 2019 - 15:54
Temps de lecture : 10 minutes
Par Guillaume E.
Le cryptoactif ARK est une fierté pour l’ensemble de l’écosystème français. En effet, aujourd’hui dans le « Top 70 » CoinMarketCap, la société est valorisée à plus de 60 Millions de dollars. Mais quelle est l’idée derrière cette blockchain et quels sont donc ses atouts ?
I. ARK Ecosystem, c’est quoi en fait ?
Le secteur des blockchains est en constante évolution depuis plusieurs années, des dizaines de projets avec des philosophies et des technologies différentes ont émergé. Les plus connus sont aujourd’hui des mastodontes, de vrais poids lourds, que cela soit en termes de valorisation, de volumes d’échange, mais également par la taille de leurs communautés. On peut par exemple citer le Bitcoin, l’Ethereum, EOS, NEO, et bien d’autres encore.
Mais dans ce domaine ultra concurrentiel, une petite pépite française se démarque : ARK Ecosystem. Cette initiative lancée dès Septembre 2016 et composée d’une équipe internationale propose une vision claire : Simplifier la Blockchain et permettre une interconnexion entre elles.
ARK se présente aujourd’hui sous la forme d’une société collaborative. En effet, 23 personnes travaillent continuellement sur son développement depuis les quatre coins du monde. L’équipage comme ils se définissent, est en fait basé dans une douzaine de pays.
Le but est de proposer à ses utilisateurs et à sa communauté la création de blockchains rapides, efficaces et innovantes. ARK a donc développé sa propre blockchain en interne en adoptant un mécanisme de consensus DPOS (Delegated-Proof-Of-Stake) modifié avec 51 délégués. Ces derniers sont récompensés avec des ARK coins. La technologie ARK est open source, c’est-à-dire qu’elle appartient à « tout le monde ».
Citation qui provient du site web officiel de ARK :
« ARK est une plate-forme sécurisée conçue pour faciliter l’adoption de ces technologies innovantes par le grand public. Elle prévoit de fournir un large éventail de services dont consommateurs et développeurs ont besoin. »
Je vous conseille de visionner la vidéo commerciale de présentation ci-dessous. On y découvre l’importance de l’entraide, et la force de la communauté de l’écosystème ARK.
II. Quels sont les atouts de ARK Ecosystem ?
– Une blockchain jusqu’à 60 fois plus rapide que celle du Bitcoin.
– L’invention des smart bridges, une technologie qui sert de « pont » entre les différentes blockchains.
– La possibilité d’utiliser de nombreux langages de programmation.
– Le “Push Button Deployable Blockchains” qui rend la blockchain accessible en quelques clics. De la même manière que l’on a pu l’apercevoir dans la vidéo promotionnelle, il est très facile de créer sa propre chaîne de blocs en dupliquant (forkant) la chaîne de blocs initiale.
– Un wallet disponible sur de nombreuses plateformes : Android, iOS, et PC.
– Des frais d’utilisation vraiment faibles.
– Une communauté profondément investie et motivée.
III. Interview du cofondateur et CEO François-Xavier Thoorens
À l’occasion de l’évènement organisé par le député Pierre Person relatif à son rapport sur les cryptoactifs à l’Hôtel de Questure de l’Assemblée Nationale, j’ai eu la chance de rencontrer M. Thoorens, cofondateur et CEO de ARK Ecosystem. C’est avec plaisir que nous avons pu échanger, ainsi que réaliser une interview qui revient sur les débuts de ARK, les points forts de la société, mais également le développement des cryptoactifs en France.
A – La société ARK Ecosystem
CryptoActu : Est-ce que vous pourriez nous parler de ARK Ecosystem ? La société en général, ainsi que son histoire, mais également détailler la manière dont vous en êtes arrivé là aujourd’hui ?
FX Thoorens : ARK est une blockchain indépendante avec son consensus, sa cryptographie, sa couche réseau, et son P2P. Tout a été développé maison. L’ICO a été lancée en Novembre 2016 et le genesis block, le 21 Mars 2017. Au début du projet, étant moi-même développeur, j’étais tout seul. Maintenant on a une équipe entière de développeurs qui permet de faire grandir ARK.
Sinon, en ce qui me concerne, j’ai commencé à travailler sur les cryptos fin 2015 avec Ethereum. Puis, assez rapidement, j’ai obliqué sur Lisk. En fait, j’ai été le premier employé de Lisk, au moment de l’ICO. J’étais dans la communauté, puis j’ai développé une première application, et ils m’ont tout de suite pris. Avec Max et Oliver, qui sont les deux fondateurs, on a lancé le genesis block ensemble. J’ai vraiment beaucoup appris à leurs côtés. J’ai aussi re-développé certaines parties du consensus, c’est comme ça que je me suis fait la main. Lisk a donc été lancé en Mai 2016. Après l’été, j’identifie plusieurs failles et problèmes au niveau de la cryptographie notamment. J’en parle aux fondateurs, Max et Oliver, et je comprends rapidement que l’on n’a pas la même vision future. En Août 2016, je décide donc de partir.
J’en parle à la communauté Lisk, et ça engendre un effet cataclysmique. Une partie de la communauté choisit de me suivre dans un projet de re-développement de la blockchain en suivant ma vision des choses. On s’est donc lancé et on a fait notre ICO en Novembre 2016.
CryptoActu : Vous considérez-vous comme un concurrent d’Ethereum et des autres projets de ce type ?
FX Thoorens : Alors oui, nous sommes un projet de blockchain protocole, on a pas de cas d’usage particulier. Par contre, on va fournir la technologie pour que les cas d’usage que vous aimeriez développer puissent être basés dessus. On a une approche différente de celle d’Ethereum. Je vous explique cela plus en détail :
Alors Ethereum, quelle est leur vision ? Une blockchain, un jeton, un réseau et les smart contracts qui vont tourner dessus et tous les cas d’usage vont rentre là dedans. Tout va évoluer ensemble et dans le futur on va régler les problèmes de scalabilité ou de sharding. On y croit très fort, puis ça commence à saturer, notamment pour savoir où en est le sharding, Casper etc… C’est loin d’être évident.
Nous, on a une approche pragmatique, un cas d’usage c’est une blockchain. On ne va pas faire cohabiter tous les cas d’usage, tels qu’ils soient. Par exemple si vous voulez faire un CryptoKitty sur ARK, vous allez lancer votre propre blockchain, avec vos propres délégués, vos propres mineurs, votre propre consensus, votre propre block, votre communauté ainsi que votre jeton avec sa logique CryptoKitty comme les smarts contracts, mais sur ARK. Le fonctionnement est donc complètement indépendant. Si un jour CryptoKitty génère beaucoup de transactions par seconde, cela ne va pas impacter les autres.
On va fournir notre technologie pour lancer plusieurs blockchains avec différents types de smarts contracts dans lesquels vous allez pouvoir piocher pour lancer votre chaîne de blocs. Cela règle le problème de gouvernance. Si un jour, votre smart contract DAO ou Parity multi-signature a un bug, ça impacte tout le monde. C’est la communauté qui doit sauver le smart contract en faisant un fork. C’est un problème de centralisation.
Nous on a une blockchain par cas d’usage. Donc si un jour votre blockchain a un problème, ceux qui sont dans celle-ci sont implicitement là pour votre cas d’usage. Si un bug intervient, ils sont donc prêts à la sauver. Vous réglez le problème de gouvernance car tout le monde est là pour le même objectif. Ce n’est pas le cas d’Ethereum.
CryptoActu : Est-ce que Ethereum et ARK peuvent donc cohabiter ?
FX Thoorens : Alors ce sont différentes blockchains. Mais aujourd’hui on a développé une technologie qu’on appelle Smart Bridge qui permet de lier les blockchains. Il y a beaucoup de side chains qui existent et se lancent : Cosmos, Polkadot ou Loopring notamment.
Nous, on est de nouveau pragmatique. Pour le moment on reste sur une communication centralisée. Décentraliser une communication c’est compliqué, c’est similaire au sharding.
Ce dont je vous parle existe déjà. On peut utiliser les protocoles et même faire une transaction ARK, l’envoyer sur le service de communication et ça va appeler un smart contract Ethereum. On reste très pragmatique, on ne sera pas forcément aussi excitant ou « parfait » que Ethereum mais le jour où on arrivera à décentraliser les communications interchains, on l’utilisera. Pour le moment ça n’est pas fait, mais on aimerait que ça marche.
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CryptoActu : Quelle est l’utilité du token ARK ?
FX Thoorens : Le token ARK est utilisé pour le consensus, on a un consensus DPOS. On peut l’utiliser pour faire une transaction sur un block producer, comme EOS qui crée un block en notre nom. Comme ARK est assez répandu sur les exchanges, si vous voulez acheter du jeton Persona [sidechain d’ARK], le plus simple, c’est d’acheter du jeton ARK et après d’utiliser notre communication interblockchain.
CryptoActu : Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
FX Thoorens : Lorsque j’ai lancé la blockchain, j’ai créé l’entreprise, puis un jour je suis allé voir ma banque : « Bonjour, je fais une cryptomonnaie, ARK« , « Ah super« . L’account manager était content. Puis une semaine plus tard, je reçois une lettre, j’étais viré de ma banque. Il se trouve que l’on est dans le Jura, on est connu, donc on a réussi à trouver une banque locale. L’account Manager a pris du risque avec nous. Mais si j’interroge la banque pour d’autres projets, elle dira non parce qu’il n’y a pas de règles. Si un jour, on blanchit de l’argent, eux ils vont en prison. On a réussi à trouver une banque locale, mais on a une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, ils peuvent toujours nous mettre dehors, car il n’y a pas de règles.
B – Votre avis sur l’évolution des cryptoactifs en France
CryptoActu : Comment voyez-vous l’évolution de la régulation dans l’Hexagone ?
FX Thoorens : J’ai une approche assez pragmatique en fait, de par l’expérience que j’ai pour gérer la boîte. J’expérimente régulièrement, car je suis le président de la société coopérative ARK Ecosystem. On est une trentaine, notamment six américains au board, et une dimension internationale. On se rend compte que lorsque l’on doit diriger, les choses ne sont pas si simples en France. Après c’est pareil dans tous les pays, mais il y a des cas concrets, comme la bancarisation. Je l’ai exposé à Pierre [Person], on demeure toujours dans le flou. Asseyons-nous autour d’une table, avec l’ACPR (Organisme prudentiel de la Banque de France) pour définir de meilleures pratiques. Pas besoin de faire une loi ou de repasser par l’Assemblée, il faut vraiment que les acteurs puissent dialoguer.
CryptoActu : Pour rebondir sur ce sujet, je viens de discuter avec un acteur qui a lancé une blockchain privée. Il m’a confié avoir dû solliciter 28 banques pour pouvoir trouver un organisme qui l’accompagne dans son initiative. Qu’en pensez-vous ? Est-ce à cause du flou juridique ?
FX Thoorens : Alors dans ce cas, ce n’est même pas le flou juridique qui pose directement problème, c’est la réputation. Si c’est une blockchain privée, il ne devrait pas y avoir de soucis de bancarisation. Par contre les banques entendent le message blockchain et sont donc réticentes car elles n’ont pas les outils donnés par l’ACPR, qui les rassurent par rapport aux bonnes pratiques à adopter. On pourra toujours tourner en rond et bloquer sur ces problématiques. Évidemment, sans bancarisation, il est difficile d’attirer les projets en France, qu’ils soient européens ou internationaux.
CryptoActu : En 2016, il y avait moins d’effervescence, donc plus de place pour les développeurs. Comment voyez-vous évoluer le secteur ?
FX Thoorens : Oui, en effet, 2017 a été le « gros machin ». La montée [en valorisation] des cryptomonnaies a aidé. En 2018, les ICO sont mortes car les valorisations de marché ont énormément baissé. Si en 2019, elles remontent, on verra de nouveau des ICO, j’en suis convaincu. La capitalisation du marché est, selon moi, directement liée au nombre d’ICO que l’on observe sur le marché.
Ce que je regrette, c’est qu’il y ait beaucoup d’acteurs qui ne savent pas de quoi ils parlent. Je dis les choses cash, mais malheureusement il y a beaucoup d’intermédiaires qui noient les problématiques des vrais acteurs. On ne peut que saluer le travail de Pierre Person qui a été plutôt attentif à cela. Mais ce n’est pas toujours le cas, beaucoup d’acteurs n’ont aucun problème ou en inventent. Nous, on est la plus grosse cryptomonnaie, on a eu tous les gros problèmes, on est le cas d’école. Le comptable ne sait pas comment faire en ce qui concerne la taxation par exemple. On ne sait pas si on met la TVA sur l’ICO, on n’a toujours aucune réponse, de même pour la bancarisation. La société coopérative a-t-elle un but lucratif ? On ne sait toujours pas. L’écosystème français est noyé dans tout un tas d’acteurs qui veulent exister avec leurs « faux problèmes ». Je le regrette, on a des attentes, de l’inertie car je pense que les acteurs qui « font » ne sont pas assez privilégiés par rapport à ceux qui « imaginent ». Un problème bien français.
CryptoActu : Il y a quand même des avancées intéressantes, non ?
FX Thoorens : On hérite d’une façon de faire en France qui ne disparaît pas du jour au lendemain car Pierre Person l’a décidé. Je n’ai pas l’intention de partir à l’étranger, c’est sûr mais si les banques nous virent, nous n’aurons pas le choix. On ne peut pas attendre que l’écosystème français résolve les problèmes.
CryptoActu : Pensez-vous que de nombreux projets français soient allés s’établir hors de l’Hexagone à cause de ces problématiques ?
FX Thoorens : Alors oui, c’est sûr. Un nombre conséquent de projets sont partis. Cela doit être modifié, on a les clés. Il faudra beaucoup de bon sens, du pragmatisme, écouter les bons acteurs, pas ceux qui sont là pour faire une plus-value rapide et avoir une commission sur le marché financier qui pourrait un jour arriver en France.
CryptoActu : Est-ce que cet aspect financier fait donc tourner les têtes ?
FX Thoorens : Ah ça, on peut le dire oui. On en a vu « perdre la boule« . En 2016, les ICO étaient déjà bien manipulées. Je vais vous donner un exemple. À l’époque, il y avait beaucoup d’ICO qui faisaient 2000 Bitcoins les 30 premières secondes. C’était courant. Je me souviens de Komodo par exemple. Le truc c’était 2000 Bitcoins du premier coup, les 30 premières secondes, puis tout le monde se précipite derrière. Nous, quand on a fait notre ICO, on a été contacté par des investisseurs chinois qui proposaient 2000 Bitcoins contre des jetons qui n’étaient pas prévus dans les termes. On a dit non. On n’a pas eu 2000 Bitcoins les 30 premières secondes.
[click_to_tweet tweet= »« Nous (ARK Ecosystem), quand on a fait notre ICO, on a été contacté par des investisseurs chinois qui proposaient 2000 Bitcoins contre des jetons qui n’étaient pas prévus dans les termes. On a dit non. On a pas eu 2000 Bitcoins les 30 premières secondes. » » quote= »« Nous (ARK Ecosystem), quand on a fait notre ICO, on a été contacté par des investisseurs chinois qui proposaient 2000 Bitcoins contre des jetons qui n’étaient pas prévus dans les termes. On a dit non. On a pas eu 2000 Bitcoins les 30 premières secondes. » » theme= »style3″]
CryptoActu : Les pre-sales sont maintenant courantes dans les ICO ? Des tarifs intéressants par rapport au prix public auquel devraient être vendus les tokens, est-ce normal ?
FX Thoorens : Alors les private sales, c’est un modèle que j’ai dénoncé à l’AMF (Autorité des marchés financiers). C’est purement spéculatif. On nous fait croire que c’est le modèle des actionnaires, que ça fonctionne comme des actions, et que le premier qui investit prend le plus de risques. Et bien c’est l’inverse, c’est le dernier qui investit qui prend le plus de risques. C’est un modèle où on peut truquer la valeur du jeton, j’en ai donc fait un rapport à l’AMF et ils ont plutôt apprécié.
IV. Conclusion
La société ARK Ecosystem est en évolution constante depuis plusieurs années maintenant. Avec une vision réaliste des choses, elle se démarque de certains de ses concurrents qui multiplient les promesses, parfois utopistes.
Espérons qu’elle continuera à grandir, et à se développer pour finalement se faire une place de choix au niveau européen, mais également mondial. C’est un exemple de persévérance, car malgré les soucis administratifs rencontrés en France, la société est belle et bien établie sur le territoire depuis Novembre 2017, dans le Jura plus précisément.
Pour suivre l’actualité de ARK Ecosystem, il est possible de consulter leur compte Twitter en français , leur blog pour les anglophones, leur site web ou bien encore leur Instagram, régulièrement mis à jour.
Je tiens pour finir à féliciter ARK Ecosystem et son équipe pour leur bienveillance, mais également leur professionnalisme, que cela soit par rapport à cette interview ou à son suivi. Des qualités rares dans l’écosystème. À titre personnel, je pense que c’est un réel exemple pour l’ensemble de l’univers des cryptoactifs et des blockchains.
Guillaume E.
Passionné par l'écosystème blockchain, je vous livre mon analyse sur l'univers des cryptomonnaies. Je crois en une adoption à grande échelle des cryptoactifs et à l'utilisation de leurs qualités pour améliorer notre quotidien ainsi que nos sociétés occidentales. Je me suis intéressé une première fois aux cryptomonnaies en entendant parler du Bitcoin en 2013 mais c'est quelques années plus tard, début 2017, que j'ai vraiment creusé et approfondi mes connaissances de cet univers fascinant.
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