L’ICO (Initial Coin Offering) c’est quoi ? Guide et définition [2019]

24 février 2019 - 13:50

Temps de lecture : 8 minutes

Par Julie P.

Introduction

Lorsque l’on débute dans le marché des cryptoactifs, on est souvent amené à rapidement découvrir le Bitcoin, puis le fonctionnement de la blockchain. Le troisième thème serait le fonctionnement du marché et pour finir, ce serait celui des ICO. Les ICO sont l’un des bastions inchangés du marché des cryptomonnaies, ayant entraîné plusieurs profonds changements du marché avec lui. Par exemple, l’ICO derrière Ethereum, était révolutionnaire pour son temps. On compte cependant un bon nombre d’échecs, avec des investisseurs ayant perdu des dizaines de milliers de dollars, voir plus. Tout cela nous amène à une question fondamentale, qu’est-ce qu’une ICO ?

Définition

ICO est l’acronyme de l’Initial Coin Offering. Il s’agit généralement de la première étape lors du lancement d’une cryptomonnaie sur le marché. Une ICO est une forme de levée de fonds où des investisseurs particuliers vont pouvoir financer le lancement d’un projet en achetant des jetons (tokens) qui correspondent à celui-ci.

Les tokens (coin) sont les cryptomonnaies, qui ne sont pas encore disponibles sur les plateformes d’échanges classiques (Binance par exemple). L’ICO est nécessaire pour ces entreprises puisque ce sont celles-ci qui apportent de la valeur à leur token, sans quoi, elles n’auraient aucune valorisation. Ainsi, l’ICO définit la valeur d’un token dès que “l’introduction” est finie.

Le terme ICO est lui-même dérivé du terme IPO, acronyme « d’Initial Public Offering », pour« introduction en bourse ». Une IPO détermine la cotation des actions d’une société sur un marché boursier. Avant une IPO, une société est considérée comme privée, car ses actions ne sont disponibles qu’aux investisseurs impliqués dès la création. Après une IPO, l’acquisition d’actions est ouverte à tout le monde. On peut également dire que la société « devient publique ».

Qui a crée « L’ICO » ?

J.R Willett est le développeur américain qui est à l’origine des levées de fonds en cryptomonnaies. Tout a commencé en 2013 lors d’une conférence à San Jose sur le Bitcoin. J.R. Willett, avait en tête une idée folle depuis déjà plus d’un an. En effet, en janvier 2012, sur le forum BitcoinTalk, l’ingénieur logiciel basé à Seattle publia un livre blanc intitulé « Le deuxième whitepaper du Bitcoin ».

Ce whitepaper, déclarait :

Nous affirmons que le réseau de Bitcoins existant peut être utilisé comme protocole couche, au-dessus duquel de nouvelles couches monétaires avec de nouvelles règles peuvent être construites… Elles fourniront les fonds initiaux pour engager des développeurs et construire un logiciel qui implémente les nouvelles couches de protocole et… récompensera largement les premiers utilisateurs de ce nouveau protocole.

 

J.R. Willett

J.R. Willett

État passé

La première ICO à s’être déroulée n’est non pas celle du Bitcoin comme on pourrait l’imaginer, mais celle de l’Ethereu…et non, toujours pas.

C’est MasterCoin qui mena sa première ICO en 2013. Le fondateur, notre cher J.R Willett, rassembla 5 millions de dollars. Il faut attendre un an pour que l’idée soit reprise, avec l’Ethereum. C’est Vitalik Buterin qui s’inspire du travail de Master Coin avec son équipe pour créer sa propre ICO.

C’est la seconde à être apparue (2014), et elle a accumulé plus de 3400 Bitcoins (2,4 millions d’euros à l’époque). Nous pouvons donc dire que l’Ethereum a engendré le boum des ICO. En effet, de plus en plus d’ICO ont commencé à être lancées, utilisant majoritairement le protocole Ethereum. Celui-ci, avec son système de contrats intelligents rendait la création d’un token et donc sa levée de fonds beaucoup plus accessible.

En 2017, le marché global des cryptomonnaies explose. De surcroît, les ICO profitent et participent à cet essor sans précédent. Cette année-là fut incroyable pour les traders et investisseurs. Le marché était plus florissant que jamais, les capitaux échangés à tout va, et presque n’importe quel investissement rapportait des revenus. Il en était de même pour les ICO. En regardant les statistiques, nous pouvons constater une croissance progressive chaque mois concernant le nombre d’ICO en circulation.

Un total de 6,5 milliards de dollars a été levé uniquement cette année-là. En comparaison de l’année 2016 où il n’était question que de 99 millions de dollars, ce qui nous donne une croissance impressionnante de plus de 6000% en l’espace d’un an.

Top 10 ICO en 2017

Top 10 ICO en 2017

État actuel

Cependant, l’année 2018 ne fut pas du même acabit. Le crash du Bitcoin entraîna avec lui le crash de toutes les altcoins du marché, et même si certaines ont plutôt résisté, à long terme, elles ont toutes suivi le Bitcoin dans sa longue descente aux enfers. Cette déflation a eu pour conséquence d’énormément freiner les investisseurs.

Par exemple, prenons une ICO que nous nommerons XA. Pour participer à cette ICO, il faut investir de l’ETH pour recevoir ses tokens en échange. Le prix de l’ETH à ce moment-là étant de 100$, 1 token de l’ICO XA vaut 1 ETH, donc 100$, et à son entrée dans le marché, celui-ci vaudra 150$. Mais entre le temps où l’investisseur investit dans XA et le temps où celui-ci rentre finalement dans le marché, le prix de l’ETH a baissé à 50$. L’investisseur a donc perdu de l’argent étant donné qu’entre temps le prix de l’ETH a baissé.

La confiance pour investir autour des ICO a commencé à fortement baisser à la fin d’année 2018. En effet, au cours des trois derniers mois de cette année, 2 milliards de dollars ont été levés. En comparaison, en 2017, 3,6 milliards ont été levés sur cette même période. On observe clairement une baisse de l’intérêt des ICO pendant cette année de crash. En comparaison à 2017, où l’intérêt était très fort, 2018 reste terne et calme. Malgré tout, 2018 fut une année fructueuse pour les levées de fonds. On peut expliquer cela par plusieurs raisons.

Selon Coinschedule, le total des ICO aurait atteint plus de 21 milliards de dollars en 2018. Deux très grandes ICO ont contribué à cela:

• L’ICO d’EOS en fin d’année qui a permis de recueillir 4,1 milliards de dollars
• L’ICO Telegram qui a permis de lever 1,7 milliard de dollars

Cependant, même sans ces deux ICO, les six premiers mois de 2018 ont autant progressé que l’ensemble de l’année précédente.

Pourquoi autant d’investissements en 2018 ?

Ce qui peut justifier l’investissement en 2017 était l’explosion du Bitcoin et son apparition dans la sphère publique. Le Bitcoin a connu une croissance exponentielle atteignant les 20 000 dollars, l’unité. Cela entraîna avec lui la totalité du marché et donc les valorisations des altcoins à la hausse. Il est compréhensible alors d’investir massivement dans un marché florissant. Ce fut pourtant différent en 2018.

Comment expliquer l’augmentation de l’investissement dans les ICO en 2018 ?

On peut émettre deux hypothèses :

• Un retour sur investissement à long terme. Acheter le plus bas possible des tokens que l’on pourra revendre plus cher dans 3-5-10 ans.

• La multiplication des cas d’utilisations réelles des cryptomonnaies et de la technologie de blockchain sous-jacente. Les investisseurs espéraient voir des résultats viables à long terme.

Les ICO sont elles légales ?

Cette question reste compliquée, en fait, ça dépend. En réalité, les ICO se trouvent dans une zone grise de réglementation. Ainsi, personne ne sait réellement si une ICO est légale ou non. Comme beaucoup de sujets qui gravitent autour des cryptoactifs, il est plus juste de dire que les ICO ne sont pas encore bien traitées juridiquement. En France, nous sommes l’un des seuls pays à proposer un encadrement (tout nouveau) à propos des ICO, cela se traduit par un VISA qui sera fourni par l’AMF (loi PACTE).

Aux USA, récemment encore, la SEC (Security And Exchange Commission) a décidé de donner des précisions concernant la réglementation des ICO, mettant en place un système sécurisé nommé les STO : « Security Token Offering ».

Si on venait à définir simplement ce qu’est un STO, c’est simplement une ICO mais régulée par le gouvernement. Celle-ci est enregistrée dans la base de donnée de la SEC et profitent de l’exemption de titres tel que Reg A +. Les tokens distribués donnent aux investisseurs des droits sur l’entreprise ou l’organisation qui les émet. Un STO doit pouvoir passer le test d’Howey pour pouvoir être considéré comme sécuritaire.

On parle alors de Security Token, ce qui signifie qu’il donne au propriétaire l’accès à un protocole ou à un réseau spécifique, ainsi il ne peut être classé comme une garantie financière. En revanche, si le token est un jeton d’équité, c’est-à-dire que son seul but est d’apprécier sa valeur, il est plutôt associé à un titre.

Les Security tokens servent à verser des dividendes, à partager des bénéfices, à payer des intérêts ou à investir dans d’autres tokens ou actifs afin de générer des bénéfices pour les détenteurs de tokens. Ce sont des instruments financiers négociables ayant une valeur monétaire. Les actions publiques, les actions privées, l’immobilier, les fonds gérés, les fonds négociés en bourse, les obligations sont des exemples courants de security tokens.

La majorité des tokens lancés en 2017 prétendaient être des Tokens Utilitaires (utility tokens) pour éviter toute friction avec le SEC, mais en réalité, il s’agissait de Security tokens.

Avantages et désavantages

Comme dit précédemment, une ICO ressemble à une IPO, où les actions sont remplacées par les tokens distribués. L’intérêt dans la participation derrière une ICO est que celle-ci permet aux investisseurs d’avoir un meilleur rendu sur leurs investissements puisque le prix d’achat de celle-ci est inférieur au prix assigné lors de son entré dans le marché, permettant donc aux investisseurs soit de vendre dès le départ leurs positions, soit de la tenir en espérant que leur position reste la plus basse au long terme.

C’est aussi le moment où l’on assiste à la naissance d’une communauté, où le contact est régulier et proche. Investir dans une ICO, au-delà du profit, c’est aussi adhérer à une idée, c’est pouvoir légitimement se positionner comme « early adopter ». C’est donc croire à un projet, croire en une team, avoir envie de voir éclore un projet.

Les ICO viennent malheureusement avec leurs lots de désavantages. En effet, celles-ci sont connues pour être un nid à arnaques, plus précisément connu sous le nom de « SCAM », où le propriétaire d’une ICO s’enfuit dès la fin de celle-ci avec la majorité des fonds obtenus. On appelle cela un EXIT SCAM. Il faut donc être prudent lorsque l’on cherche à investir dans une ICO, notamment lorsque l’équipe derrière le projet souhaite rester anonyme.

Il est également important de comprendre à quoi sert un token. Lorsque vous achetez des actions, vous détenez une part de l’entreprise. Avec les ICO et les tokens, c’est différent. Il est parfois difficile de comprendre quel sera l’utilité concrète de celui-ci. Il faut donc systématiquement se renseigner et comprendre à quoi sert le jeton que l’on est prêt à acheter.

Par exemple le token ETH a pour fonction principale de payer les frais d’utilisation de la blockchain Ethereum. Dans d’autres cas, le token permettra par exemple de voter au sujet du développement de la blockchain. Une autre possibilité : il peut permettre de réduire ses frais de trading comme le BNB.

La juridiction autour des ICO est encore floue. Les ICO étant encore mal régulée, n’importe qui peut créer un scam et générer des millions de dollars de bénéfices. Cependant, tout évolue très vite dans l’univers des cryptos. En effet, il est devenu de plus en plus compliqué de nos jours d’arnaquer les investisseurs qui redoublent d’efforts pour percer à jour ces manigances. Les progrès des gouvernements et des législateurs sont également largement notables mondialement.

État Futur

Dans son résumé, le rapport de PwC fait quelques suggestions sur les meilleures façons d’améliorer les ICO dans l’ensemble. Il n’est pas surprenant que ces recommandations suggèrent de se rapprocher de modèles de financement plus traditionnels :

• Le processus de collecte de fonds devrait se dérouler par cycles afin d’accroître la transparence et être plus axé sur les besoins.

• Pour la même raison, les fonds devraient être débloqués de manière échelonnée.

• Une plus grande attention devrait être accordée aux financements précoces ou pré-ICO provenant de VC afin de diversifier les sources de financement et de valider les idées d’entreprise.

Les exigences légales, réglementaires et de gouvernance devraient être davantage ciblées. Cela inclut les étapes KYC et AML pour les investisseurs potentiels. Il comprend également une plus grande attention portée à la cybersécurité.

• Les relations avec les investisseurs nécessitent plus d’attention. Cet objectif peut être atteint par le biais de smarts contracts, d’une communication claire pendant et après l’ICO ou même imposer une période de blocage des tokens pour forcer les investisseurs à peser plus attentivement les risques.

En fin de compte, ce qui distingue vraiment les ICOs des modèles de financement traditionnels, c’est qu’ils ouvrent des possibilités d’investissement à tout le monde. Ainsi, plus l’attention est portée à la constitution de communautés d’intérêts et d’écosystèmes plutôt qu’à de simples solutions techniques, plus il est probable que l’ICO réussira.

Quelles sont les nations ayant mené le plus d’ICO ?

Pays les plus impliqués dans les ICO

Pays les plus impliqués dans les ICO

Cet article a été produit en collaboration avec le World Crypto Pool.

World Crypto Pool

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