Cryptomonnaies vs criminalité – Entre préjugés récurrents et chiffres réels
21 janvier 2021 - 14:28
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
Le marché des cryptomonnaies – et tout particulièrement le Bitcoin – bénéficie d’une très mauvaise image au sein de l’opinion publique. Une caricature grossière qui en fait le terrain de jeu présumé de toutes les pires activités criminelles. Et un « avis » partagé et défendu par bon nombre de personnes qui n’y connaissent absolument rien, mais vont quand même vous expliquer tout cela durant des heures. Une mauvaise blague qui n’est ni courte ni des meilleures et qui n’échappe malheureusement pas aux sphères de la politique actuelle.
Le Bitcoin serait donc la monnaie du diable. À la fois anonyme, mais pourtant presque devenu inaccessible pour qui ne s’est pas acquitté d’une procédure complexe d’identification de type KYC. Tout cela reposant sur la technologie blockchain, transparente comme aucun autre marché financier traditionnel. Un panier dans lequel viennent le rejoindre sans distinction toutes les autres cryptomonnaies. Car pourquoi se limiter quand il est question de tartiner ses préjugés sans se soucier de la véracité des faits avancés ?
Une réalité à l’origine de discours presque surréalistes de la part de personnes pourtant hauts placées sur la scène politique et économique actuelle. Ce qui pose la question de leurs motivations réelles, si l’on part du principe que tout sujet abordé est au moins en partie maîtrisé. Car ces affirmations ne reposent – en tout cas pour le moment – sur aucune étude tangible. Peut-être tout simplement parce que lorsqu’elles existent, les données collectées démontrent exactement l’inverse…
Activités criminelles et cryptomonnaies
C’est en tout cas ce que laisse transparaître un récent rapport publié par la structure Chainalysis. Une société dont l’activité principale est basée sur la surveillance de la blockchain. Et qui dresse un bilan pour l’année 2020 de la relation effective entre l’univers des cryptomonnaies et la criminalité supposée en gangréner la moindre parcelle.
Une étude qui ne va pas plaire à tout le monde. Car elle met en évidence que seulement 0,34% des transactions réalisées à l’aide de cryptomonnaies sont potentiellement liées à une activité répréhensible avérée. Soit un montant total de l’ordre de 10 milliards de dollars. Un chiffre en forte baisse si on le compare à l’année 2019 qui en cumulait un peu plus de 2%. Soit 21,4 milliards de dollars.
« Il y a deux bonnes nouvelles : la criminalité liée aux cryptomonnaies est en baisse et elle correspond encore à une part infime de l’ensemble de cette économie. » – Chainalysis
La structure Chainalysis précise cependant que ce chiffre peut être amené à évoluer. Ce qui a été le cas pour les données présentées dans son précédent rapport de 2019. Ce dernier faisait effectivement état d’une proportion de l’ordre de 1,1% au moment de sa publication. Principalement car certaines escroqueries en cours n’avaient pas encore été identifiées à cette époque.
Une explosion des ransomwares
Une autre donnée que met en évidence ce rapport est l’explosion de la proportion de ransomwares ayant été répertoriés sur l’année passée. Ces prises en otages de données sensibles dont la restitution est conditionnée au paiement d’une rançon, la plupart du temps en Bitcoin.
Une pratique qui fait une apparition remarquée dans ce paysage de la criminalité liée aux cryptomonnaies avec une hausse de plus de 300% par rapport à 2019. Le tout accompagné d’une hausse également visible en ce qui concerne les paiements sur le darknet.
« Notez que ce graphique diffère de celui ci-dessus en ce qu’il ne suit que les cryptomonnaies reçues, que nous associons généralement aux revenus criminels. Et non pas les cryptomonnaies envoyées par des criminels. Adresses que nous associons généralement au blanchiment d’argent. » – Chainalysis
Les arnaques occupent toujours le devant de cette scène avec plus de 54% de ces activités criminelles. La forte baisse enregistrée correspond à l’absence de scams d’envergures sur cette période. Comme par exemple l’affaire du Plus Token qui a généré plus de 2 milliards de dollars de transactions sur la seule année 2019.
Quoi qu’il en soit et toutes proportions gardées, les chiffres de la criminalité liée aux cryptomonnaies restent définitivement dérisoires. Et il ne constituent en tous cas par une proportion suffisante pour en condamner tout l’écosystème d’un revers de préjugé mal dégrossi. Mais cela ne va malheureusement pas suffire pour faire taire tous ceux qui condamnent sans savoir…
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