FMI – Les MNBC devraient s’inspirer du modèle de crédit social chinois
22 octobre 2022 - 15:00
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
Alors que les régulateurs tentent de barrer la route aux cryptomonnaies, certaines de leurs propositions font parfois froid dans le dos. Car sous l’apparente volonté de protéger les consommateurs se cachent des enjeux de contrôle bien plus complexes. Un exercice de style dans lequel semble exceller le Fonds Monétaire International (FMI), plus proche du rapport de force frontal que de la proposition éclairée. Dernier exemple en date, son directeur général adjoint, Bo Li, qui vante la possibilité de surveillance accrue qu’offriront les monnaies numériques de banques centrales (MNBC).
La véritable force de la dystopie est de s’appuyer sur des faits réels pour imaginer un monde futur apocalyptique. Un domaine dans lequel les cryptomonnaies pourraient bien jouer un rôle important, selon le fondateur du réseau Ethereum Vitalik Buterin. Cela dans le cadre d’une mauvaise utilisation de leurs fonctionnalités qui n’aurait pas pour objectif de « réaliser des choses qui ont des effets significatifs dans le monde réel ». Spéciale dédicace aux amateurs de shitcoins !
Mais de toute évidence, le caractère hypothétiquement dystopique des cryptomonnaies n’a rien à envier aux visions plus que douteuses des hauts dirigeants du Fonds Monétaire International (FMI). Car ces derniers ont malheureusement le pouvoir de mettre en place les horreurs qu’ils imaginent entre eux, lors de sommets internationaux. Comme lors de la dernière rencontre du genre intitulée « Les MNBC pour l’inclusion financière : risques et récompenses » organisée en fin de semaine dernière.
FMI – Des MNBC inspirées du « modèle » chinois
Cette actualité pourrait presque faire rire (jaune) si elle n’émanait pas de l’un des organes de gestion monétaire les plus puissants du monde. En effet, lors d’une rencontre au sujet des monnaies numériques de banques centrales (MNBC, ou CBDC en anglais) organisée à Washington aux États-Unis, le directeur général adjoint du FMI, Bo Li, a abordé cette question d’un point de vue quelque peu dérangeant. Est-ce lié à son ancienne position de vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine (PBoC) ? Cela ne semble faire aucun doute. Car ce dernier n’a pas manqué de faire la promotion de son « modèle social » axé sur la surveillance et la distribution de crédits sociaux digne du plus mauvais film d’anticipation.
« Les données non traditionnelles peuvent être très utiles aux fournisseurs de services financiers pour établir des scores de crédit. En programmant une MNBC, l’argent peut être ciblé avec précision sur le type de personnes pouvant en posséder et sur le type d’utilisations pour lesquelles il peut être utilisé, (…) par exemple le restreindre à des achats de nourriture. »
Bo Li
Est-il vraiment nécessaire d’expliquer pourquoi cette vision est problématique ? Cela du fait de sa simple mention dans un cadre officiel tel que le FMI. Pourtant il ne faut pas s’y tromper, il s’agit bien de l’une des ambitions principales des gouvernements dans le cadre de la mise en place de ces monnaies numériques de banques centrales : plus de surveillance.
Il suffit de se remémorer la volonté de la Direction générale des finances publiques qui a essayé, en 2021, de s’octroyer un accès à l’ensemble des opérations bancaires sur les comptes de tous les français. Dystopie ? Non, simple politique du gouvernement. Certainement pour la sécurité des consommateurs, ou la lutte contre le terrorisme, le blanchiment d’argent… bla bla bla !
MNBC – Déterminer qui peut posséder quoi
Mais cela ne semble pas freiner le directeur général adjoint du FMI qui explique que même les smart contracts peuvent permettre d’augmenter le pouvoir de contrôle des MNBC. Cela au point de déterminer qui peut posséder quoi et sous quelles conditions. Mais à qui revient la responsabilité de décider de cette frontière ? Et qui peut garantir qu’aucune dérive ne pourra intervenir suite à la mise en place de tels outils de surveillance monétaire ? Spoiler alert : personne !
« Les gouvernements et le secteur privé peuvent utiliser les MNBC pour programmer des smart contracts dans le cadre de politiques cibles (par exemple, les paiements d’aide sociale, les coupons de consommation, les coupons alimentaires). Car une MNBC peut être programmée pour déterminer ce que les gens peuvent et ne peuvent pas posséder.«
Bo Li
Quoi qu’il en soit, cette parole libérée permet au moins de mesurer à quel point ces monnaies numériques de banques centrales (MNBC) peuvent être problématiques. Mais surtout à quel point elles n’ont définitivement rien à voir, de près ou de loin, avec des cryptomonnaies. Merci monsieur Bo Li pour cette très inquiétante démonstration…
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