ICO – Recours collectifs contre les Initial Coin Offering
06 avril 2020 - 17:00
Temps de lecture : 4 minutes
Par Hugh B.
Les Initial Coin Offering (ICO) ont eu leur heure de gloire dans l’univers crypto fin 2017. Tout projet qui se lançait dans le domaine en mettait une en place, et les investisseurs se bousculaient pour en être. Une technique révolutionnaire permettant aux entreprises d’obtenir des financements sans avoir à passer pas la case banque. Mais le rêve est en train de virer au cauchemar.
Les Initial Coin Offering avaient tout particulièrement le vent en poupe entre fin 2017 et début 2018, lors de ce qui sera ensuite appelé la bulle ICO. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui, suite à une explosion en plein vol.
Leur développement a très clairement surfé sur la hausse record des cryptomonnaies à la même période. C’est à ce moment que le Bitcoin (BTC) a enregistré son ATH encore inégalé à $19 665,39. La période était à l’euphorie. Les fonds affluaient en même temps que les bénéfices. Puis la chute est arrivée. Et c’est maintenant la période de la gueule de bois pour les investisseurs de l’époque.
Qu’est-ce qu’une ICO
Il s’agit des Initial Coin Offering, que l’on peut traduire en français pas offres initiales de jetons. Une stratégie commerciale dont le principe existe depuis 2014. Elles concernent les entreprises qui sont en relation à l’univers de la blockchain, mais peuvent être utilisées pour tous les secteurs d’activité. Les entreprises qui y ont recours sont aussi bien des startups, que des entreprises installées voire même côtés en bourse. Ces stratégies commerciales innovantes permettent de mettre en place la vente de cryptomonnaies dans le but de lever des fonds. Cela dans le cadre du développement d’un projet lié à la cryptosphère.
Une technique qui peut être comparée à l’achat d’actions, sans le cadre juridique. Un point qui en a fait le succès, mais qui va précipiter sa chute. Les avantages sont nombreux et se résument à une levée de fonds rapide et directe et une visibilité fortement accrue sur des projets encore inconnus. Pour l’investisseur, le jeu réside dans le fait de trouver le bon projet pour voir ses fonds se démultiplier en un temps record.
En 2017, ce sont environ 4 milliards de dollars qui ont été levés par ICO. Un chiffre qui a explosé au premier trimestre 2018, avec plus de 6 milliards de dollars levés pour cette seule période.
Un rêve de courte durée
La bulle des ICOs a explosé en plein vol au moment où le cours du Bitcoin s’est effondré. Mais ce n’est pas la seule raison. Car même s’il s’agissait d’une bonne idée sur le papier, cet univers a très vite été parasité par une grande quantité de faux projets cherchant à faire de l’argent facilement sur la crédulité et l’excitation d’investisseurs peu regardants. Ce qui ressemblait à l’idée du siècle en matière d’investissement s’est vite transformé en un espace où il était difficile de séparer le bon grain de l’ivraie.
Et ce qui devait être une fête à destination des investisseurs aimant le risque et l’innovation s’est transformé en pertes et fracas. Même si certains projets ont su tirer avantageusement leur épingle du jeu, au moins jusqu’à aujourd’hui. Il suffit de se remémorer le montant des pertes assumées par les investisseurs qui s’élève à 10 milliards de dollars durant la bulle de 2017.
Dans le viseur des institutions de surveillance
Aujourd’hui, les ICOs ne sont plus que le lointain souvenir d’une époque d’euphorie. Et le retour de bâton de fait sentir. De nombreux projets ayant eu recours à ce type de levée de fonds se retrouvent dans le viseur des institutions de régulation des marchés financiers, comme la très célèbre Security and Exchange Commission (SEC) américaine. C’est le cas du projet Enigma (ENG) qui a été condamné à lui verser $500 000 en février de cette année. Plus récemment c’est le projet de cryptomonnaie GRAM de la messagerie cryptée Telegram qui est en plein bras de fer avec la SEC.
Des recours collectifs engagés
Ce vendredi 3 avril, une douzaine de recours collectifs ont été déposés devant la Cour Fédérale des États-Unis, en relation à des Initial Coin Offering. La raison de ce dépôt de plaintes massif semble être liée au calendrier. En effet, il existe un délai de prescription de 2 années dans ce type d’affaires, entrant dans le cadre des fraudes financières.
« Nous ne faisons que commencer à voir le dépôt de recours collectifs concernant des sociétés liées à la blockchain ayant participé à des ICO (…) Il est très probable que d’autres émetteurs de jetons devront y faire face. » – Richard B. Levin
L’avocat de la fintech et ancien responsable de la conformité de Wall Street Richard B. Levin l’annonçait depuis des années déjà. Ces recours vont se multiplier en raison du délai de prescription et frapper bon nombre de sociétés de l’univers de la blockchain. Les sociétés visées sont de premier plan dans la cryptosphère. Il s’agit entre autres de Binance, Bitmex, Civic et Tron. Les poursuites se situent au niveau de l’émission ou de la négociation de titres non enregistrés sous forme de jetons numériques.
Les amendes risquent de se mettre à pleuvoir sur la bulle ICO, si ces recours ne sont pas rejetés. Il suffit de se référer au récent procès de la société Block.one, qui se trouve derrière la cryptomonnaie EOS. Cette dernière a été condamnée en septembre 2019 à verser une pénalité record de 24 millions de dollars à la SEC. Car des résidents américains figuraient dans les rangs de ses investisseurs. Le tout pour avoir mené une ICO non enregistrée qui avait levé à l’époque la bagatelle de 4,1 milliards de dollars.
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