Révélations – Les blockchains « haut débit » comme Ripple (XRP), EOS et Tezos (XTZ) sont-elles fiables ?
09 mai 2020 - 13:00
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
Une récente étude menée par des universitaires originaires de Grande-Bretagne démontre que certaines cryptomonnaies figurant dans le top 10 par capitalisation ne sembleraient pas répondre aux attentes qu’elles s’étaient fixées. Les chiffres sont impressionnants, mais à prendre avec le recul nécessaire. En cause EOS, TEZOS et XRP. Décryptage d’un travail de recherche qui va faire du bruit…
Cette étude a été réalisée par une équipe de chercheurs universitaires originaires de Londres. Elle a été publiée sur le site d’archive ouverte de prépublications électroniques d’articles scientifiques accessibles gratuitement sur Internet du nom d’Arxiv. Elle porte sur l’univers des cryptomonnaies, et plus particulièrement certains de ses acteurs phares : EOS, Tezos (XTZ) et Ripple (XRP). Et les données recueillies sont à peine croyables.
Le groupe de chercheur explique qu’à leur connaissance, aucune évaluation approfondie de ce type n’a jamais été réalisée. Plus exactement sur la manière dont le débit des transactions de ce type de blockchain est utilisé dans la pratique. Pourtant cela se révèle important. À la fois pour comprendre comment ces systèmes pourraient être améliorés. Mais aussi détecter et analyser « des activités suspicieuses qui pourraient avoir des conséquences négatives » sur leur développement.
Des blockchains fantôme ?
Dans l’introduction de leur document, les chercheurs expliquent avoir développé une analyse approfondie du trafic réseau récent de ces trois blockchains à haute scalabilité. Des projets dont le mot d’ordre est de répondre à cette problématique d’évolutivité du réseau en relation à l’augmentation de son utilisation, sans que cela ne provoque de congestion. Une question à laquelle l’univers de la blockchain tente de répondre depuis des années et qui est un frein évident à sa plus grande adoption.
Le choix des chercheurs s’est donc porté sur les projets de Ripple (XRP), de EOS et de Tezos (XTZ) en raison de leur volonté affichée de développer une technologie capable de répondre à ce problème. Cette étude a porté sur une période de trois mois. Ce qui peut sembler un peu court. Cependant, les résultats restent surprenants.
« Notre analyse révèle que seule une petite fraction des transactions sont utilisées à des fins de transfert de valeur. En particulier, 95% des transactions sur EOS ont été déclenchées par le largage d’un jeton actuellement sans valeur. Sur Tezos, 82% du débit de transaction (throughput) a été utilisé pour maintenir le consensus. Et seulement 2% des transactions sur le grand livre XRP entraînent des transferts de valeur. »
Des transactions par seconde (TPS) peu élevées
Mais l’étude ne s’arrête pas là. Il semble que malgré le haut débit de transaction annoncé par ces projets et le soi-disant volume important de transaction qui lui est lié, les chiffres ne soient pas au rendez-vous. Et cela concerne plus particulièrement les transactions par seconde (TPS) effectuées sur ces réseaux.
« Plus précisément, nous observons que le débit actuel est seulement 20 TPS pour EOS, 0,08 TPS pour Tezos et 19 TPS pour XRP. »
À titre de comparaison, il est intéressant de comprendre que le Bitcoin est critiqué pour sa lenteur, car il ne gère « que » 10 transactions par seconde. Mais il est aussi important de noter que ces projets sont encore jeunes et qu’il est tout à fait possible que leurs capacités ne soient pas totalement utilisées en raison d’une adoption encore assez faible.
La plateforme DEX WhaleEx
Autre point intéressant de cette étude, le fait que la plateforme d’échange WhaleEx affiche des résultats plus que troublants. Cette plateforme prétend être le plus grand exchange décentralisé (DEX) sur EOS en nombre d’utilisateurs. Cependant, il semblerait que ces chiffres soient faussés.
En effet, la plateforme a enregistré une transaction toutes les deux secondes, durant la période des trois mois d’observation. Mais fait intéressant, dans une grande partie des cas l’acheteur et le vendeur se révèlent être la même personne, et les frais de transaction nuls. Il semble également que 70% de ces opérations soient concentrées sur seulement 5 comptes d’utilisateurs. Ce que les chercheurs de ce projet identifient comme du wash-trading, permettant de créer une activité artificielle sur le réseau. Une activité malheureusement très répandue dans le secteur des exchanges.
Cette étude permet de dresser un bilan de la réalité de ces projets de blockchain « haut débit » sur une période de trois mois. Les chiffres avancés sont impressionnants. Cela révèle certaines failles, mais aussi des principes de fonctionnements internes à ces projets qui ne sont pas forcément critiques. Ce que ce rapport finit d’ailleurs pas expliquer dans les dernières lignes de sa conclusion, expliquant que ces réseaux démontrent leurs capacités mais que leurs potentiels ne sont pas encore pleinement réalisés. Ce qui est à peu près le cas de la grande majorité des projets cryptos à l’heure actuelle !
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