Singapour renforce sa position de pôle crypto dans une Asie de l’Est d’humeur répressive
04 octobre 2021 - 12:57
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
Ce n’est pas une nouveauté, la cité-Etat, centre financier mondial, a adopté précocement une position plutôt accueillante vis à vis de l’industrie crypto. Mais le contexte actuel, où plusieurs pays voisins manifestent la volonté de restreindre le champ des possibles cryptographiques, lui donne l’opportunité de s’imposer davantage encore comme un acteur incontournable.
Singapour approuve deux nouvelles sociétés offrant des services crypto
L’autorité monétaire de Singapour (MAS) vient d’approuver deux nouvelles sociétés offrant des services crypto. L’une est la branche de courtage de DBS, la plus grande banque de Singapour et d’Asie du Sud-Est. L’autre est une plateforme d’échange et un bureau de négociation OTC établis en Australie depuis 2013, Independent Reserv.
Elles viennent s’ajouter à de nombreuses autres qui ont élu domicile dans ce qu’on pourrait qualifier de havre crypto en territoire hostile. KuCoin, Kyber Network, CoinGecko, Zilliqa, Enjin, Aelf…ont déjà franchi le pas et Ripple via son opérateur de paiements transfrontaliers Tranglo agréé par les autorités singapouriennes cet été.
Il faut dire que le principal régulateur de la cité-Etat, la Banque centrale, n’a pas ménagé ses efforts pour devenir un hub crypto d’envergure pour l’ensemble du continent asiatique. Et le contexte de la région affermit encore son positionnement.
Havre-crypto en territoire hostile
Sans s’attarder plus avant sur le géant chinois qui vient une nouvelle fois de montrer les dents contraignant les mineurs à fuir vers des contrées plus accueillantes et les investisseurs, peu impressionnés par les menaces récurrentes du régime, à se tourner vers des plateformes d’échange décentralisées, d’autres pays asiatiques ont décidé d’adopter un virage autoritaire vis à vis du marché des cryptomonnaies. Une offensive qui n’est sans doute pas étrangère au lien économique qu’ils entretiennent avec leur imposant voisin.
Ainsi, la Thaïlande ne sachant comment endiguer le flot de nouveaux utilisateurs sur les plateformes d’échange crypto locales s’est aventurée à proposer des pistes hasardeuses. L’une d’entre elles, soufflée par l’autorité financière de Hong Kong désormais sous l’emprise de la Chine continentale, consisterait à réserver le trading de cryptos à une frange qualifiée d’investisseurs, autrement dit à ceux qui détiennent déjà du capital. Outre cette volonté de transformer un secteur de niche en pleine croissance à un marché de riches, elle cherche à imposer la vérification « en présentiel » de l’identité des utilisateurs crypto.
En Corée du Sud aussi le régulateur a commencé à sérieusement s’énerver. Il veut imposer un système de monopole pour l’écosystème crypto semblable au modèle économique du pays aux effets pourtant largement délétères.
Un cadre clair à l’opposé de régulation brouillonne
Ailleurs, l’incertitude réglementaire règne. De fait, l’industrie crypto dans cette partie du monde est freinée dans son essor. Aussi Singapour, bénéficiant déjà d’une infrastructure de marchés financiers robustes et bien réglementée, a de sérieux atouts pour inspirer la confiance à des sociétés menacées au mieux par une régulation brouillonne, au pire par des injonctions de restriction ou d’interdiction iniques. Accueillant l’innovation, la cité-Etat a su créer un cadre rassurant, notamment avec sa loi sur les services de paiement entrée en vigueur en 2020. En d’autres termes, elle offre à l’industrie crypto les mêmes avantages que ceux alloués à la finance traditionnelle tout en les ajustant à la singularité de l’écosystème.
Un environnement bien réglementé profite à la fois aux investisseurs et aux parties prenantes de l’industrie de la cryptographie. Avec des règles sur mesure pour l’industrie de la cryptographie, Singapour a actuellement les exigences de licence les plus claires et les plus détaillées de toutes les juridictions en Asie. »
Adrian Przelozny, PDG de la plateforme Independant Reserv
L’octroi de licence à ces deux entités intervient quelques jours après que Binance.com a interrompu ses offres à Singapour en réponse au régulateur trop offensif. Mais dans le brouhaha d’une cabale mondiale lancée contre le premier des exchanges crypto, il faut retenir que le MAS ne visait pas sa version locale, Binance.sg, qui elle reste fonctionnelle.
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