Christine Lagarde – Les stablecoins ne sont pas des devises

03 septembre 2021 - 10:25

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

S’il y a bien une forme de ces cryptomonnaies de l’enfer qui inquiète les régulateurs ce sont les stablecoins. Des versions numérisées de monnaies traditionnelles souvent adossées au dollar. Mais qui n’ont en aucun cas l’autorisation de prétendre à ce statut, même si elles en ont toutes les apparences. Car entrer dans le club monétaire très fermé de ce monde impose de répondre à certains critères. Et cela ne se calcul ni au succès rencontré ni même à la simplicité d’en faire un moyen d’échange transfrontalier de type devise. Et c’est Chrtistine Lagarde, présidente actuelle de la BCE, qui nous l’explique une nouvelle fois.

L’évolution actuelle des cryptomonnaies voit s’imposer l’émergence des stablecoins. Des outils de trading dont le développement servait initialement à l’échange et à la revente de ces actifs numériques. Mais également au stockage de fonds en dehors de la volatilité des marchés tout en restant sous les radars des services des impôts. Car changer son BTC en USDT n’implique rien d’autre qu’une simple manipulation sur une plateforme d’échange au sein de la zone crypto. Mais passer en USD ou en euros enclenche la machine à plus-values et réveille inévitablement le spectre de la flat tax.

Et ce qui n’était jusque là que de simples outils de trading est en train de prendre une forme bien plus importante. Une constatation qui pourrait se mesurer aux chiffres du développement de ces stablecoins. Mais qu’il est plus intéressant de mettre en relation à la peur qu’ils déclenchent chez les régulateurs monétaires de ce monde. Ce qui permet de voir leurs interdictions et avertissements à répétition comme la véritable mesure du potentiel monétaire qu’ils représentent. Car seuls les ennemis dangereux méritent que l’on déploie de telles ruses pour en saper les fondations à peine construites.

Les stablecoins (ne) sont (pas) des devises

Et en tête de la liste des détracteurs motivés à l’encontre des cryptomonnaies figure Christine Lagarde, actuelle présidente de la Banque Centrale européenne (BCE). Cette dernière toujours très motivée pour expliquer à quel point le Bitcoin n’est pas une monnaie, sauf pour acheter de la drogue et des armes. Et comment les stablecoins vont détruire à eux seuls une économie mondiale qui se porte tellement bien grâce aux politiques actuelles. Surtout que ces derniers « se présentent comme des devises » alors que ce ne sont que des actifs « à superviser par les régulateurs ». Il ne faut pas tout confondre et maintenir coûte que coûte cette différence essentielle qui sépare bonnet blanc et blanc bonnet.

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« Si les clients préfèrent utiliser des devises numériques plutôt que d’avoir des billets de banque et de l’argent disponibles, cela devrait être disponible. (…) Nous devons répondre à cette demande et disposer d’une solution européenne, sécurisée, disponible et à des conditions conviviales pouvant être utilisées comme moyen de paiement. » – Christine Lagarde

Des monnaies numériques stables qui doivent d’ailleurs passer par son droit de veto pour pouvoir exister sous une forme adossée à l’euro. Ce qui revient à dire qu’elles ne verront jamais le jour autrement que sous la forme d’un euro numérique qui dort encore dans les cartons. Mais dont la mise en place est présentée par Christine Lagarde comme répondant à une demande de ses « clients »… qui trouvera une mise en œuvre effective dans deux ans.

Faut-il lui expliquer que les utilisateurs de stablecoins ne seront certainement pas ceux de son euro numérique ? Car il n’y a bien que les régulateurs pour considérer que payer avec un actif est différent de payer avec une monnaie. Surtout lorsque cette distinction émane de leurs services. Et que l’utilisation transfrontalière du premier permet de ne pas avoir à subir les frais exorbitants appliqués au second. Ce qui ne devrait pas changer avec la version numérique de l’euro utilisé comme devise.

Des stablecoins à la fiabilité controversée

Bien évidemment, les stablecoins ne sont pas identiques aux monnaies FIAT supportées par une banque centrale et imposées dans la zone géographique qui en dépend. Mais est-ce réellement un problème ? Et le véritable objectif ne serait-il pas de pouvoir en développer hors de cette « stabilité » toute relative que ne représente même plus le dollar. Une question à laquelle Christine Lagarde apporte une réponse très orientée. Cela en ne manquant pas de faire référence aux « histoires très récentes » qui ont secoué la crédibilité des deux principaux stablecoins que sont l’USDT et l’USDC.

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« Cela doit être vérifié, supervisé, réglementé afin que les consommateurs et les utilisateurs de ces appareils puissent réellement être garantis contre d’éventuelles fausses déclarations. Je pense que l’histoire très récente a montré que ces monnaies de réserve n’étaient pas toujours disponibles et aussi liquides qu’elles étaient censées l’être. » – Christine Lagarde

Une référence qui se rapporte à l’épineuse question de leurs réserves disponibles en dollars censées répondre au ratio de 1:1 en liquidités effectives. Et qui souffre d’un manque de visibilité et de garanties qui met à mal leur fiabilité sur le long terme. Mais au final pas plus qu’un dollar dont la Réserve fédérale (Res) américaine serait bien incapable de régler l’intégralité de la quantité actuellement en circulation. Ce qui n’est pas forcément le meilleur point de comparaison pour défendre ces stablecoins. Et de toute évidence la faille à colmater dans leur développement actuel.

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