La France… Ce pays qui croit innover en « levant les verrous » de la blockchain

29 avril 2021 - 14:44

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

Impossible de passer à côté des savoureuses inepties que la France a le don de servir sur le sujet des cryptomonnaies et de la technologie blockchain. Et par chance, les services officiels en charge de ces dossiers vomissent régulièrement de nouvelles horreurs dans le domaine. Des « analyses » qui mettent bien plus en évidence la méconnaissance des « spécialistes » impliqués que le caractère prétendument problématique de tout cela. Mais avec l’arrogance du coq debout sur son tas de fumier !

Il vaut mieux essayer d’en rire. Même si cette dernière actualité n’est ni une blague ni parmi les meilleurs qui nécessitent d’être les plus courtes. Il s’agit d’une nouvelle récidive – que le gouvernement appelle de son côté une analyse – au sujet de la blockchain. Cette « technologie de stockage et de transmission d’informations à améliorer. » Un domaine au sein duquel notre poussiéreux pays ambitionne d’être « à la pointe. » Mais suffit-il de l’affirmer ?

Le titre de ce document est tellement évocateur qu’il pourrait presque permettre de s’éviter la souffrance de lire son contenu. Une sorte d’aberration sémantique qui arrive à associer deux termes que tout oppose. Et qui se donne pour mission d’identifier « les verrous technologiques des blockchains. » Ces outils à la base même de l’ouverture incroyable du marché des cryptomonnaies. Et dont le seul verrouillage effectif est celui qu’il impose aux amateurs de centralisation et de contrôle.

La France renforce son contrôle sur le marché des cryptomonnaies

Faire sauter les verrous…

Mais le gouvernement français n’a définitivement pas peur des approximations et des invraisemblances. Et c’est par la voix de la Direction Générale des Entreprises (DGE) que tout cela vient d’être publié. Une étude qui tente de déterminer « le potentiel de rupture » de la technologie blockchain en fonction de ses cas d’usage. Et qui se propose d’identifier les différentes manières d’en faire sauter les verrous. Ces obstacles dont la levée serait la condition sine qua non de leur caractère innovant enfin libéré. Merci qui…

« Le rapport issu de cette mission décrit en détail les verrous que nous avons identifiés et propose un ensemble de recommandations pour favoriser la levée de ces verrous, et plus généralement le développement des technologies blockchain au bénéfice de la société et du monde économique. » – Direction Générale des Entreprises

Pour résumer : il faut que les services compétents du gouvernement français interviennent activement dans le domaine de la chaîne de blocs. Cela afin de révéler au grand jour son caractère innovant encore beaucoup trop verrouillé (mais par qui au fait). Le tout dans cette démarche de « pays de pointe » qui représente tellement bien la « nation de la blockchain » vendue dans ce rapport par la DGE.

Une ambition qui s’appuie bien plus sur cette volonté de dirigeants vieillissants d’imposer que rien ne puisse se faire sans qu’ils aient pris le temps de marquer leur territoire. Même si cela doit au final faire rater le train de cette innovation « verrouillée » à un pays tout entier. Pourtant cette étude l’affirme, la France est en bonne position dans le domaine. En particulier du fait que « nos chercheurs sont aujourd’hui activement recherchés par des sociétés étrangères. » Ou comment faire de la fuite des cerveaux un élément d’innovation nationale !

L’innovation par le vide

Un dossier dont le principal fait remarquable est le peu de place laissé aux cryptomonnaies. Celles-ci tout de même abordées comme la base historique de la technologie blockchain. Mais dont « l’aspect spéculatif lui fait parfois une assez mauvaise publicité. » Cela sans compter sur les efforts des dirigeants français pour les présenter comme les outils exclusifs du dark web et/ou du financement des réseaux criminels. Univers dont le Bitcoin ne représente au final que l’incarnation « (trop ?) emblématique« . Le ton est donné.

Bruno Le Maire mélange cryptomonnaies et terrorisme – La cryptosphère s’enflamme

« Il est bien entendu difficile de parler de blockchain sans parler de monnaie électronique. La
création d’une monnaie électronique est l’application qui est à l’origine de la blockchain, avec Bitcoin. Et cela reste encore l’application principale et (trop ?) emblématique de ces technologies aujourd’hui.
 » – DGE

Une étude qui fait une distinction très claire entre les blockchains privées et celles à caractère public et « aux usages critiques. » Les premières n’étant au final qu’un réseau centralisé « dont les autorisations d’écriture sont strictement limitées à un seul participant (ou organisation). » Soit un réseau nettoyé de toute sa substance et ne « permettant donc pas de réaliser entièrement la promesse de transparence et de confiance associée aux blockchains. » Mais la version néanmoins retenue comme la plus intéressante à développer dans le cadre de cette nation de la blockchain (mais sans blockchain) en devenir.

Une nouvelle recette de l’innovation à la française qui pour le coup peut être qualifiée de très clairement disruptive. Tout particulièrement car elle va une nouvelle fois dans le sens inverse de la tendance actuelle. Cela tout en faisant de son immobilisme et de sa volonté de tout contrôler la recette d’un succès à venir bien plus affirmé que réel. Le tout reposant sur une stratégie qui pourrait devenir une nouvelle spécialité française : l’innobilisme !

Recevez le top 3 de l'actualité crypto chaque dimanche