Libra vs Crypto-yuan – La guerre des monnaies numériques est enclenchée

11 mai 2020 - 17:00

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

La crise sanitaire et économique actuelle a frappé le monde de plein fouet. Mais cela n’a pas été une catastrophe pour tout le monde. Les projets de monnaies numériques de Banques centrales ont surfé sur cette actualité pour devenir plus réalistes et affirmer leur nécessité. La Chine mène la danse dans le domaine. Mais fait surprenant, cela a remis le Libra en selle…

La Chine travaille activement à devenir le premier pays capable de développer une monnaie numérique stable. Les annonces officielles ou les fuites officieuses laissent entrevoir ce que sera le prochain crypto-yuan (DCEP). Dans ce cadre, une conférence a été diffusée sur le sujet, cela en raison des risques liés à la pandémie actuelle.

Une intervention faite par Li Lihui, ancien Président de la Banque de Chine. Il est l’actuel haut fonctionnaire à la tête du groupe de recherche sur la blockchain, qui dépend de la National Internet Finance Association of China. Le titre de cette intervention laisse songeur : « Monnaie numérique : une possibilité de restructurer le système monétaire mondial. » 

Le Libra, une monnaie supra-nationale

Fait surprenant, le sujet de cette conférence a laissé une place très importante au projet du Libra de Facebook. Une monnaie numérique qui est pourtant développée par une BigTech américaine et qui n’a rien à voir avec un projet de Banque centrale. Pourtant, Li Lihui y a consacré au moins autant de temps qu’à parler du prochain Yuan numérique, qui était le sujet central de cette intervention.

L’intervenant a beaucoup insisté sur le caractère « supra-national » de ce projet. Une réalité qui fait la force du Libra face aux monnaies numériques de Banques centrales, car son réseau ne connaît pas de frontières. C’est paradoxalement ce point fort mis en avant ici, qui est en grande partie au centre de son interdiction intervenue il y a quelque temps. Car le Libra n’a pas besoin d’intermédiaires financiers et peut se substituer aux Banques centrales, tout en reposant sur une grande organisation crédible. Une indépendance qui fait peur !

Alors que Facebook révise ses ambitions sur le sujet, Li Lihui souligne cela comme la maturation bienvenue d’un projet arrivé trop jeune sur la table des négociations.

« Si la Balance était un premier projet brut en 2019, maintenant elle ressemble plus à un plan fonctionnel. » – Li Lihui

La meilleure arme de l’Amérique

Le paradoxe que souligne Li Lihui dans son intervention est aussi intéressant que troublant. En effet, le projet Libra de Facebook rencontre de fortes résistances de la part des instances de régulation des États-Unis. Oppositons surréalistes qui sont à la hauteur de ce qu’il représente dans le reste du monde. À savoir, le seul véritable projet de monnaie numérique capable de maintenir la domination monétaire mondiale du dollar USD.

Et cette affirmation de Li Lihui démontre également un autre point fort. Le Libra semble être actuellement le seul projet de monnaie numérique qui pourrait faire de l’ombre au très proche Yuan numérique de la Chine. Car ce dernier est développé dans le but de devenir un système de paiement transfrontalier de poids.

« La Chine devrait étudier un plan de mise en œuvre de la monnaie numérique, dirigé par la Chine, encourageant ainsi l’internationalisation du renminbi (RMB ou Yuan). » – Li Lihui

Un point central de son développement accéléré qui va lui permettre d’être le premier acteur de cet univers des monnaies numériques gouvernementales (ou multinationales). Car il y a une règle simple dans l’univers des innovations technologiques, et le Bitcoin (BTC) ou encore Ethereum (ETH) le prouvent. Il n’y a qu’une seule place de premier dans un domaine encore vide d’acteurs. Les projets suivants resteront toujours de pâles copies de cette première offre qui devient rapidement la référence et le modèle.

Remplacer le dollar

La Chine s’en cache à peine, mais son projet de Yuan numérique se veut une alternative forte à la domination actuelle du dollar USD. Une place que se disputent bon nombre de cryptomonnaies. Et son statut immatériel pourrait être la différence nécessaire à cet aboutissement ambitieux, mais pas si irréaliste.

Une réalité mise en avant par le fondateur de Facebook Mark Zukerberg pour vendre son Libra. Ce dernier arguant que le retard des États-Unis dans le domaine offrirait cette suprématie à la Chine sur un plateau. Mais le chemin semble compliqué, lorsque l’on voit que le Yuan ne représente que 2% des échanges mondiaux, contre 90% pour le dollar USD en 2019.

Le pire des scénarios pour la Chine serait probablement que le Libra voit le jour, mais ne l’intègre pas dans son offre. Ce qui démontre que ses ambitions à l’internationale restent pour le moment plus théoriques que pratiques. Une réalité exposée dans l’intervention de Li Lihui, lorsque la question de ce développement transfrontalier est abordée. Sa réponse reste en effet plus hypothétique qu’affirmative. Seul l’avenir nous dira comment ces deux projets cohabiteront dans ce qui va devenir l’univers des monnaies numériques de superpuissances.

Recevez le top 3 de l'actualité crypto chaque dimanche