Le président de la SEC voit des titres financiers non déclarés partout partout partout…

Avant de commencer cet article, il a été nécessaire de vérifier que le sujet n’avait pas déjà été traité il y a peu. Mais non, les attaques contre l’industrie crypto proviennent bien cette fois de la SEC. Cette Securities and Exchange Commission américaine qui est aux cryptomonnaies ce que le site Doctissimo est à la médecine. Mais avec ce pouvoir insensé de faire de ses diagnostics plus qu’aléatoires un cadre d’application légale pour la plus grande puissance économique mondiale. Une réalité à laquelle certains pensaient échapper avec l’arrivée de Gary Gensler aux commandes. Espoirs qui s’envolent actuellement depuis qu’il a officiellement affiché sa volonté de reprendre les erreurs de son prédécesseur pour voir où cela pourrait mener…

10 août 2021 - 10:12

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

La définition de la politique actuelle du président de la SEC pourrait se résumer avec cette citation attribuée à Albert Einstein : « la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Une réalité d’autant plus présente depuis que ce dernier vient d’annoncer sa volonté de suivre les pas de son prédécesseur. Cela lors d’un discours intervenu le 3 août dernier. Intervention durant laquelle il a réaffirmé la volonté de cet organisme de régulation financière qui se résume à « étouffer plutôt qu’à soutenir. » C’est en tout cas la conclusion présentée par Paul Josey dans une récente tribune publiée sur le site CoinDesk.

Sénat américain vs cryptomonnaies – Le scandale de l’infrastructure bill

Une déclaration d’intention qui ressemble plus à celle d’une guerre déjà en cours. Car c’est bien dans une dynamique agressive et fortement répressive que tout cela semble de nouveau s’inscrire. Avec comme leitmotiv cette idée fixe de faire de tout ce qui touche aux cryptomonnaies des titres financiers. Une lubie proche de cette folie dont parle Albert Einstein qui a déjà démontré ses limites. Et dont le projet Ripple (XRP) fait actuellement les frais depuis des mois du fait – en grande partie – de sa trop forte centralisation. Cela comme une tête plantée sur un pic à l’attention d’une cryptosphère qui s’empresse d’accélérer sa décentralisation effective.

Le Bitcoin reste l’exception à la réglementation

Malgré tout, Gary Gensler reste un connaisseur du secteur des cryptomonnaies et de la technologie blockchain. Et sa nomination à la tête de la SEC au début de l’année a été perçue comme un point possiblement positif pour le marché et l’économie liée à ces actifs numériques. Mais l’euphorie a été de courte durée. Et la division ne cesse de s’accentuer face à ses prises de position. Cela en particulier en ce qui concerne cette distinction entre le Bitcoin et le reste des altcoins. Et qui place les bitcoiners et autres maximalistes dans une position bien plus confortable que le reste des acteurs de la cryptosphère, DeFi en tête.

« J’en suis venu à croire que, bien qu’il y ait eu beaucoup de battage médiatique déguisé en réalité dans le domaine de la cryptographie, l’innovation de Satoshi Nakamoto est véritable. De plus, il a été et pourrait continuer d’être un catalyseur de changement dans les domaines de la finance et de l’argent. »

Gary Gensler
SEC vs DeFi – Comment imposer une régulation sur un système décentralisé ?

Car il semble que dans sa volonté de ne rien changer pour poursuivre, le Bitcoin reste cette oasis de décentralisation au centre d’un océan de titres financiers non déclarés. Une obsession de la SEC dont l’origine se trouve dans son historique chasse aux Initial Coin Offering (ICO). Une activité très en vogue durant le précédent bull-run du Bitcoin de 2017-2018. Et dont la réglementation avait fait naître l’idée qu’elle pourrait permettre d’identifier et détruire un marché des shitcoins qui avait lourdement surfé cette vague. Mais croire que les régulateurs ne vont aller toquer que chez les autres est le meilleur moyen de finir par les retrouver à sa porte.

« Les stablecoins doivent être des titres »

Car tout comme un médecin voit des malades partout, Gary Gensler semble vivre dans un monde entouré de titres financiers à régulariser. Et le caractère utile de cette traque version shitcoins a rapidement laissé place à quelque chose de plus compulsif. Avec comme premier signe de ce glissement, sa récente déclaration à propos des controversés stablecoins. Ces monnaies numériques stables adossées au dollar, mais qui ne sont pas pour autant le dollar. Et qui de ce fait – et selon Gensler – entrent dans cette case décidément très malléable et pratique des titres financiers non déclarés.

« Gensler : »… Les stablecoins peuvent également être des valeurs mobilières. » PayPal, Wise, Payoneer et Skrill créent tous des dollars. Paxos, Tether & Circle aussi. Les régulateurs n’ont jamais considéré que la première série de dollars était des titres. Pourquoi le deuxième set devrait-il être considéré comme tel ?« 

John Paul Koning

Une surprise pour la cryptosphère qui n’a pas manqué de souligner l’incohérence de cette affirmation. Cela principalement du fait qu‘il semble difficile de voir une cryptomonnaie destinée à ne pas changer de prix comme une source de profit avérée. Mais la régulation à ses raisons que la raison ne connaît pas…

Et ce n’est pas fini…

S’il est un fait indéniable, c’est que Gary Gensler divise au sein de la communauté crypto. Cela entre ceux qui espèrent qu’une réglementation plus claire pourrait permettre un développement plus harmonieux. Et d’autres qui ne voient dans ses manigances qu’une manière d’en freiner l’essor pour éviter qu’il ne prenne trop d’ampleur. Le tout avec des distinctions internes parfois aléatoires et risquées entre les « innovateurs honnêtes » et les autres. Mais qui au final n’épargnera personne, puisque même les stablecoins finissent par appartenir à ces titres financiers non déclarés.

Une réalité qui s’applique également aux bourses d’échange de cryptomonnaies centralisées (CEX). Et vis-à-vis desquelles Gary Gensler ne cache pas sa méfiance. Avec dans son viseur – entre autres – la nouvellement entrée en bourse Coinbase. Mais dont l’activité ne bénéficie apparemment pas de l’agrément comme courtier en valeurs mobilières.

« La probabilité est assez faible qu’avec 50 ou 100 jetons, une plateforme d’échange de cryptomonnaies ne propose aucun titre financier« 

Gary Gensler
Binance face aux attaques de multiples autorités de régulation monétaire

Autant dire que la partie de chasse n’est pas terminée. Et que ce ne sont pas uniquement les shitcoins de certains qui vont bénéficier du traitement de faveur de la SEC. Car de toute évidence, sa liste de projets douteux est bien plus large que celle des amateurs de nettoyage réglementaire. Avec comme moyen de sélection ces jouets pour enfants qui permettent de faire entrer des volumes dans des fentes qui les représentent. Et un Gary Gensler qui s’entête à forcer le passage quand la pièce n’est de toute évidence pas la bonne…

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