Ubisoft – Le géant du gaming fait marche arrière avec les NFTs
13 septembre 2022 - 09:00
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
La collision intervenue l’année dernière entre le secteur du gaming et les NFTs continue de diviser dans le camp des gamers. Pourtant, cette rencontre a tout de logique et naturelle si l’on considère la spécificité de ces deux univers numériques. Cela sous la forme d’une économie réelle des mondes virtuels portée par les cryptomonnaies et la technologie blockchain. Et une toute nouvelle propriété des objets numériques définitivement à l’avantage des joueurs. Pourtant une part importante de ces derniers rejette en bloc cette mutation déjà enclenchée. Raison pour laquelle le géant français Ubisoft semble faire marche arrière, en précisant que les intégrations technologiques Web3 ne sont qu’au stade de la « recherche ».
Le secteur du jeu vidéo a connu une année 2021 très intense en termes d’innovations numériques. Avec l’émergence du play to earn et l’apparition des jetons NFTs dans ses univers virtuels. Tout cela accompagné d’une portée économique aux conséquences effectives dans le monde réel, sous la forme de gains parfois équivalents à un salaire. Un changement de paradigme arrivé avec la délicatesse du marché haussier des cryptomonnaies, tel un joueur de Fortnite dans une partie d’Animal Crossing. Et c’est le drame…
Car le marché baissier est indéniablement passé par là. Avec cette particularité d’offrir aux opposants de ce type de développements la justification de leurs arguments : les jetons NFTs sont risqués, spéculatifs et inutiles. Et l’impossibilité pour les entreprises ayant décidé de plonger dans le bain de continuer à lutter contre cette tendance plus haineuse que répandue. Avec comme dernière conséquence, un revirement enclenché par le studio Ubisoft qui annonçait pourtant en octobre dernier vouloir « être l’un des acteurs clés de ce secteur ». Mais ça, c’était avant !
Ubisoft – Les NFTs sont en « mode recherche »
Il faut dire que l’entrée d’Ubisoft dans le domaine des jetons NFT n’a pas été un franc succès. Cela suite au lancement de sa plateforme Quartz à la fin de l’année dernière. Un projet censé apporter une tour de contrôle à l’intégration d’objets numériques – « Digits » – dans ses mondes virtuels. Tout en « remettant entre leurs mains (des joueurs) la valeur qu’ils génèrent en jouant, avec les articles qu’ils achètent ou le contenu qu’ils créent en ligne ».
Une avancée qui a fait d’Ubisoft l’une des premières entreprises classées AAA à s’impliquer dans cette transition vers la technologie blockchain. Mais, selon le récent mea culpa de son PDG Yves Guillemot dans les colonnes du site gamesindustry.biz, « nous n’étions probablement pas bons pour dire que nous faisions des recherches ». Car de toute évidence, la tendance est actuellement à la marche arrière. Et la communication de l’entreprise axée sur une rétrogradation des NFTs au simple rang de « recherche ». Car, toujours selon Yves Guillemot, « Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas ». Ou plus exactement : parfois ça prend, parfois ça ne prend pas…
« On regarde vraiment toutes les nouvelles technologies. On est beaucoup sur le cloud, sur la nouvelle génération de voxels, et on regarde toutes les capacités du Web3. Nous avons récemment testé quelques éléments qui nous donnent plus d’informations sur la façon dont il peut être utilisé et sur ce que nous devrions faire dans l’univers des jeux vidéo. Nous testons donc des jeux sur le terrain, et nous verrons s’ils répondent vraiment aux besoins des joueurs. Mais nous sommes encore en mode recherche. »
Yves Guillemot
NFT – Le spectre de l’impact environnemental
Et, une nouvelle fois, le « problème » environnemental des NFTs semble être au centre de cette décision. Alors que la société Ubisoft a justement fait le choix de la blockchain Tezos (XTZ) réputée pour son caractère économe dans le domaine. Car, comme l’explique Yves Guillemot, elle « consomme moins d’énergie par transaction que l’envoi d’e-mails ». Mais peu importe, car ceux qui ignorent de quoi ils parlent voient dans les jetons non fongibles des objets numériques reposant inévitablement sur un réseau de type Proof of Work. Et cela alors même qu’Ethereum est en train d’abandonner ce modèle pour un Proof of Stake beaucoup moins énergivore.
« Explorer ne veut pas dire se lancer. Cette industrie évolue rapidement et elle est très prudente quant à l’impact qu’elle aura. Comme tant de choses, au début, ce n’est pas aussi bon qu’il pourrait l’être, mais comme d’autres nouvelles technologies, elles trouveront le bon chemin.«
Yves Guillemot
Il semble donc que la société Ubisoft revienne sur ses récentes avancées, sous la pression de ses joueurs. Avec des arguments bien souvent erronés ou fantasmés par ces derniers vis-à-vis de ce que sont réellement les jetons NFTs ou la technologie blockchain. Même si, il faut bien l’admettre, la méfiance peut être légitime quant à un possible basculement spéculatif de certains modèles de play to earn. Mais même sur ce point, le jeu Axie Infinity (AXS) a pris de récentes dispositions afin de basculer vers un modèle play AND earn. Raison pour laquelle la conclusion de cet article revient à Nicolas Pouard, vice-président du Strategic Innovations Lab d’Ubisoft, qui expliquait en janvier dernier :
« Je pense que les joueurs ne comprennent pas ce qu’un marché secondaire numérique peut leur apporter. »
Nicolas Pouard
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