Facebook – À peine lancé, le test de son portefeuille numérique passe de Novi à trépas

20 octobre 2021 - 11:50

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

Tout le monde croyait la tentative de rapprochement entre Facebook et les cryptomonnaies définitivement morte et enterrée. Ou en tout cas bien sagement rangée dans le placard des instances de régulation avec la mention : « ne surtout pas ouvrir ». Mais c’était sans compter sur la détermination de ce réseau social pour développer un système de paiement interne. Et comme renommer son Libra en Diem n’a pas suffi à tromper l’adversaire, voici venu le temps du portefeuille Novi. Ce dernier lancé sous forme de test il y a tout juste quelques heures. Mais déjà attaché au bûcher de sénateurs américains bien décidés à gratter l’allumette qui en fera le futur-ex projet avorté de cette multinationale controversée.

Si certaines personnes doutent encore de l’existence effective d’une guerre monétaire initiée par le développement des cryptomonnaies, il suffit se de tourner vers le Libra de Facebook. Un projet dont la simple mention arrache inévitablement un sourire a ceux qui en ont vécu le non-événement. Avec au centre de cette affaire des instances de régulation fermement opposées à ce qu’une multinationale de ce type puisse prétendre posséder sa propre monnaie. Au point de forcer le projet à changer de nom pour un Diem qui ne sera au final que le chant du signe de cette mascarade.

Mais c’était sans compter sur la détermination de Facebook à offrir à ses utilisateurs une solution de paiement interne. Et une fois le souffle de la répression retombé, voilà que le réseau social se lance dans un test grandeur nature de son portefeuille numérique du nom de Novi. Une mise en place qui n’est de toute évidence pas passée inaperçue. Car à peine quelques heures plus tard, des sénateurs américains sont montés au créneau pour appeler à « une interruption immédiate de ce projet ». Bienvenue dans la saison 2 de Facebook contre les régulateurs.

Facebook + Coinbase = Paxos Dollar (USDP)

Une fois le sourire passé, il reste difficile de ne pas prendre cette actualité avec une légèreté ironique. Car c’est à un véritable jeu du chat et de la souris que se livrent Facebook et les instances de régulation américaines. Avec cette impression que ce leader des réseaux sociaux au niveau mondial semble penser qu’il peut encore faire des choses sans que cela ne finisse par se savoir. C’est pourtant en grande partie au Guatemala – et un peu aux États-Unis – que ce portefeuille Novi vient d’être lancé sous forme de test. Avec comme partenaire de taille une société Coinbase elle aussi dans une relation compliquée avec tout ce qui touche à une réglementation du marché des cryptomonnaies.

« Facebook a choisi Coinbase comme partenaire de garde pour son pilote de Novi , un nouveau portefeuille numérique qui permet aux gens d’envoyer et de recevoir de l’argent à l’étranger instantanément, en toute sécurité et sans frais. Les utilisateurs de Novi peuvent acquérir des Pax Dollars (USDP) que Novi conservera en dépôt auprès de Coinbase Custody. Ils pourront alors transférer l’USDP entre eux instantanément. » – Coinbase

Coinbase vs SEC – Un procès pour obtenir des clarifications réglementaires ?

Car dans les faits, ce portefeuille Novi repose sur l’utilisation du stablecoin USDP de Paxos. Autant dire que cela revient à jeter de l’essence sur le bucher cité plus haut dans cet article. Car ces cryptomonnaies stables sont pour les régulateurs ce que la mouche est pour la tapette. Avec l’insistance de celui qui a envie de ne plus voir cet insecte venir voler au-dessus de ses stocks de « véritables » dollars. Cela sans compter avec une société Coinbase qui tente de calmer le jeu (ou pas) en expliquant « qu’à l’avenir, chaque entreprise sera une crypto-entreprise. Y compris les plateformes fintech, les banques, les médias sociaux, les sociétés de jeux et les marques grand public ». On me dit dans l’oreillette que les bureaux de la SEC enregistrent un taux anormal de crises cardiaques suite à cette déclaration…

Un portefeuille de Novi à trépas

Une procédure de test guatémaltèque qui n’aura visiblement pas suffi à passer sous les radars anti-cryptos mis en place par certains sénateurs américains. Avec en tête de cortège le sénateur Brian Schatz, accompagné de la désormais célèbre Elizabeth Warren. Ces derniers à l’origine d’une lettre acerbe et pour le moins explicite adressée à Mark Zukerberg. Le tout dans le but de lui demander sans détour « d’interrompre immédiatement » ce projet de portefeuille Novi. Et avec comme arguments principaux « l’ampleur des scandales entourant son entreprise ». Ainsi que des plans au « calendrier agressif » qui « sont incompatibles avec le paysage réglementaire financier actuel ». Fin de la discussion !

« Compte tenu de l’ampleur des scandales entourant votre entreprise, nous vous écrivons pour exprimer notre opposition la plus ferme à l’effort réitéré par Facebook pour lancer une cryptomonnaie et un portefeuille numérique, désormais sous les marques « Diem » et « Novi ». (…) On ne peut pas faire confiance à Facebook pour gérer un système de paiement ou une monnaie numérique, lorsque sa capacité actuelle à gérer les risques et à assurer la sécurité des consommateurs s’est avérée totalement insuffisante. » – Lettre des sénateurs

Facebook investit 50M$ pour développer un metaverse associé à son réseau

Et même si les ambitions de Facebook sont connues et clairement confirmées, aucune réaction officielle de sa part n’a pour le moment été apportée à ce dossier fraîchement (ré)ouvert. Mais son récent investissement dans le domaine des metaverses laisse penser que rien ne semble pouvoir arrêter sa course en direction des cryptomonnaies. Tout cela selon une stratégie présentée dans le courrier des sénateurs comme celle d’une « entreprise évoluant rapidement en cassant les choses ». La question étant de savoir si cela est réellement pire qu’une société qui n’évolue pas en empêchant les choses ? Vous avez deux heures…

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