Vechain trace son chemin vers les sommets

09 août 2020 - 12:34

Temps de lecture : 6 minutes

Vechain Thor, la blockchain centrée sur la traçabilité des produits qui collabore avec le secteur industriel dans le domaine du luxe, de l’alimentation, de l’automobile, du textile… voit son token connaître un rallye haussier depuis le jeudi noir de mars. Retour sur un projet qui en a sous le manteau.

Haro sur la contrefaçon

La contrefaçon, un fléau que tente de combattre Vechain

Né à Singapour en juin 2016, le projet lancé par la fondation Vechain fonctionnait au départ sur la blockchain Ethereum. Son positionnement singulier, à l’époque d’une blockchain préoccupée surtout de finance, était d’occuper le créneau de la contrefaçon. Un fléau endémique qui coûterait chaque année près de 60 milliards d’euros aux 11 secteurs clés les plus concernés (maroquinerie, habillement, chaussures, jouets, horlogerie, smartphones, spiritueux…).

Vechain a très vite intéressé les grands noms de l’industrie du luxe, le leader mondial LVMH en tête, qui ont vu à la fois le moyen de sécuriser l’authenticité de leurs produits, tout en réalisant d’importantes réductions de coût sur les étapes intermédiaires. Fort de ce succès, Vechain a développé sa propre solution depuis juin 2018. Vechain dispose désormais de sa propre blockchain appelée Vechain Thor.

Suivi de la chaîne d’approvisionnement (supply chain)

L’ambition de VechainThor est de suivre l’évolution de la marchandise en temps réel, de sa production à sa commercialisation. Dans un monde dominé par des problèmes d’insécurité que ce soit dans le domaine alimentaire (scandales successifs qui ont nourri une méfiance généralisée), dans le domaine médical, avec une production importante de médicaments contrefaits, dans le registre du trafic de pièces détachées, dans celui de la copie des objets de luxe, mais encore dans l’industrie des alcools frelatés où une simple piquette peut être transformée en grand cru, le besoin est immense de dispositifs sécurisés… Vechain Thor a pris la mesure de ce fléau généralisé dont cette liste non exhaustive donne déjà un bon aperçu. Un marché vertigineux que VechainThor propose d’assainir en misant sur la transparence, la sécurité et la traçabilité grâce à son offre « Blockchain-as-a-Service« (BAAS).

Prouesse rendue possible par l’implémentation d’un arsenal connecté. Des tags RFID (une technologie d’identification qui sauvegarde et récupère des données à distance par radiofréquences), des puces NFC (l’échange de données se fait à moins de 10cm entre deux appareils équipés du dispositif) ou par le biais de QR codes. Et par l’utilisation de contrats intelligibles (smart contracts) couplés à des capteurs qui enregistrent en continu sur la blockchain des données extérieures comme les températures ou les chocs auxquels sont soumis les denrées ou objets. Un jumelage absolument nécessaire si on en croit un rapport de la Fondation qui considère que l’IoT est essentiel pour maximiser les avantages des contrats automatisés dans le secteur du commerce.

En phase avec l’air du temps, on aura compris que Vechain s’adresse d’abord aux acteurs de l’industrie même si en bout de chaîne, le consommateur peut retrouver un contrôle (relatif) sur ses achats en ayant accès à l’historique du produit convoité.

Concrètement, comment ça fonctionne ?

La plateforme Vechain permet donc d’attribuer une identité numérique (stockée et enregistrée sur la blockchain) unique aux produits considérés, ce qui permet aux partenaires de la chaîne logistique et aux consommateurs d’interagir directement avec la marchandise via la plateforme. Pour assurer la sécurité des données collectées, Vechain utilise la technologie d’une blockchain publique mais sa singularité repose sur l’utilisation de deux jetons qui évoluent de façon indépendante.

Le VET d’abord, qui est le token principal qui permet de gérer les noeuds et de transférer la valeur. Et le VTHO qui sert à régler les transactions et à exécuter les smart contracts et les diverses applications. C’est une sorte de gas (comme dans le cas de la blockchain Neo) qui est attribué aux détenteurs du token VET dont les particuliers peuvent aussi bénéficier en utilisant un portefeuille dédié ou en conservant les jetons sur l’exchange Binance. Les entreprises elles, peuvent soit posséder des VET et générer des VTHO, ou alors acheter directement ce gas aux possesseurs de VET pour l’exécution des dApps (applications décentralisées).

Le pragmatisme, valeur cardinale

La blockchain Vechain repose sur la PoA ( Proof of Authority). Un protocole de consensus maison, qui est en quelque sorte une amélioration du Proof of Stake (PoS), dont les noeuds sont sélectionnés par la fondation Vechain elle-même, ce qui élimine les risques liés à la présence de producteurs de blocs anonymes. Une (relative) centralisation assumée, urticante pour les pro-bitcoin, mais susceptible de plaire au monde de l’industrie qui répugne à l’open source et aux données en accès public. De plus, on peut considérer que ce qui est est perdu en décentralisation est gagné en réactivité, permettant une évolution plus rapide du projet.

On aura bien compris que le pragmatisme est le premier moteur de la fondation Vechain. Et elle n’est pas prête d’y renoncer au vu du nombre de partenariats noués dans des domaines de plus en plus variés. Et on ne peut pas le leur reprocher en même temps qu’on juge que de trop nombreux projets crypto ne sont pas en phase avec le monde réel en créant des protocoles sans application concrète.

Plateforme de données à guichet unique : BaaS VeChain ToolChainTM 

Poussant sa logique de « Blockchain-as-a-service », Vechain a développé depuis avril 2019 une solution clé en mains pour les entreprises : le Vechain Toolchain. Nul besoin pour elles d’installer la blockchain au sein de leur infrastructure. Il suffit qu’elles s’abonnent au service disponible sur le cloud pour en disposer, en la customisant pour s’ajuster à leurs offres. Ainsi Vechain qui avait déjà attiré nombre d’enseignes soucieuses de restaurer la confiance en interne comme dans leur relation client, a encore élargi son champ d’action.

Sans évoquer les accords anciens avec PWC, Louis Vuitton, Wallmart, Moet Hennessy, Deloitte, BMW… ou la fameuse séquence en novembre 2019 entre Emmanuel Macron et Xi Jinping dégustant du boeuf limousin importé tracé sur Vechain, on peut citer des collaborations plus récentes. Ainsi, celle initiée en janvier 2020 avec un développeur chypriote qui utilise le token VET pour simplifier et sécuriser les paiements.

Vechain au secours de la crise sanitaire

On a aussi pu constater que la crise a accentué des besoins en matière sanitaire, notamment pour sécuriser l’information autour du Covid-19. Ainsi, Vechain a noué une collaboration avec le géant pharmaceutique Bayer pour le marché chinois. Celui-ci met en œuvre la solution de traçabilité de l’EFP pour rendre la gestion de sa chaîne d’approvisionnement plus efficace, pratique et rentable. Vechain a aussi vendu sa solution d’assurance des risques d’infection MyCare à la compagnie norvégienne Viking Line ainsi qu’à Arcelor Mittal.

Dernière collaboration en date avec l’application construite par DNV GL (société de gestion des risques et d’assurance qualité), le groupe alimentaire De Cecco. Troisième producteur mondial de pâtes, il vient de rejoindre l’écosystème Vechain afin d’évaluer l’adéquation des procédures en place pour assurer la sécurité des personnes.  La publication des résultats sur la blockchain VeChain permet à toutes les parties prenantes d’y accéder. 

C’est donc une blockchain qui génère déjà de l’argent. Fait assez rare pour être souligné.

Valorisation du token

Le rallye haussier de Vechain est-il susceptible de se prolonger ?

La technologie VeChainThor continue de s’étendre à un large éventail d’industries, fournissant des solutions aux problèmes du monde réel d’où sans doute la confiance des investisseurs. La valeur du token a connu un rallye impressionnant depuis le 13 mars, connaissant une hausse de l’ordre de 1015% selon les données de CoinGecko. Même si le prix, oscillant autour de 0,021 $ (pas si loin de son ATH de juillet 2018 à 0.026 $), semble marquer une pause au moment de la rédaction, les signaux sont au vert pour une reprise de sa progression d’autant que Coinbase envisagerait de lister l’EPF sur sa plateforme.

Mais quoi qu’il en soit des arguties liées à un effet Coinbase , il est évident que Vechain bénéficie de solides fondamentaux et de facteurs favorables à son ascension.

D’abord une équipe très pro et dynamique préside à sa destinée, avec en tête Sunny Lu, ancien CEO de Louis Vuitton en Chine. Ensuite, le potentiel presque illimité du marché visé par Vechain, ses partenariats stratégiques et, en abondance, déjà noués. Enfin, des produits déjà en cours d’utilisation avec un atout indéniable lié à la scalabilité du projet (de l’ordre de 10 000 transactions par seconde). Beau florilège qui permet de parier sur l’avenir de Vechain. Mais l’horizon néanmoins peut s’assombrir si on élargit le zoom d’un marché suscitant toutes les convoitises. La concurrence s’annonce rude aussi bien dans le registre de la supply chain que dans le secteur des dApps et de l’IOT. Alors comme toujours, la prudence s’impose…

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