Vitalik Buterin – Trop de DeFi nuit au développement d’Ethereum

22 juillet 2021 - 15:00

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

Malgré les nombreuses alternatives en cours de développement, Ethereum reste le principal support de la DeFi. Une situation de dominance qui lui permet de démontrer sa force, mais aussi ses faiblesses. Et qui alimente bon nombre de spéculations sur son évolution à venir en relation à sa V2 toujours en cours de déploiement. Cela entre un nouvel aspect déflationniste dont les maximalistes du Bitcoin n’arrivent pas à se remettre. Et des aspirations extérieures à cette finance décentralisée qui restent trop marginales. C’est en tout cas le constat que vient de dresser Vitalik Buterin, son fondateur et inspirateur historique.

Lorsqu’il est question du réseau Ethereum, tout le monde pense à la DeFi. Cette finance version cryptomonnaies qui se développe en grande partie sur son aspect Money Lego. Et qui est au centre de toutes les attentions, comme le modèle de ce que pourrait être l’économie numérique de demain. Un changement de paradigme selon certains membres des instances gouvernementales américaines. Mais certainement pas son seul horizon pour ce que son fondateur présente comme un secteur qui « domine actuellement l’espace Ethereum. » Et ce n’est pas un compliment…

Une remarque que Vitalik Buterin a faite lors de la quatrième Ethereum Community Conférence qui vient d’avoir lieu à Paris. Cela dans le cadre d’une intervention très attendue de ce développeur emblématique et central de la seconde plus importante cryptomonnaie actuelle. Et du réseau qui supporte les évolutions les plus emblématiques de ce secteur comme la DeFi, mais également l’essor de ses jetons ERC20 ou encore les très populaires NFT.

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Une position qui semble cependant ne pas totalement satisfaire Vitalik Buterin. Car ce dernier a émis quelques doutes sur cette trop grande place qu’y occupe la finance décentralisée. Et qui empêche de voir se développer ce qu’il présente comme « la partie la plus intéressante de la vision des blockchains à usage général. » Et qui n’a définitivement rien à voir avec celle des « degens » (dégénérés) de la DeFi.

Trop de DeFi nuit à Ethereum

Il semble nécessaire de rappeler que Vitalik Buterin a toujours eu un avis très mitigé sur le fait d’investir dans la DeFi. Un univers où il conseillait de ne pas risquer ses économies lors de sa fulgurante explosion enregistrée durant l’été 2020. Et dont l’importance actuelle est plus la source de problèmes que de solutions pour un réseau qui n’arrive plus à en supporter l’essor. Ce qui revient inévitablement à empêcher d’autres projets d’y voir le jour dans de bonnes conditions. Et à un aspect « non financier » indispensable à cet écosystème de s’y épanouir et de fournir des services divers « non seulement au sein de l’écosystème Ethereum, mais également bien au-delà. »

« Être défini par la DeFi est mieux que n’être défini par rien. Mais il faut aller plus loin. » – Vitalik Buterin

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Ce qui démontre également que la volonté de Vitalik Buterin n’est clairement pas de conserver cette DeFi exclusivement sur Ethereum. Et que les parts de marché que ses « concurrents » tentent de lui arracher ne seront visiblement pas regrettées par ce dernier. Car cela pourrait lui permettre de se débarrasser d’une partie de cette finance au profit d’autre chose. Cela tout en précisant que « penser au-delà de la DeFi ne revient pas à être contre la DeFi. » Mais d’autres applications restent possibles.

« Ne faisons pas que de la DeFi »

Car les aspirations de Vitalik Buterin pour Ethereum sont multiples. Et elles envisagent son développement dans une optique d’élargissement et d’ouverture. Cela même s’il admet que la décentralisation est certainement la technologie la plus adaptée pour sécuriser l’univers de la finance. Et que ce secteur est dans le même temps le plus susceptible de favoriser la mise en pratique et l’adoption de cette technologie. Surtout si l’on considère que seuls les utilisateurs de ces services financiers peuvent se permettre de régler la douloureuse facture les frais actuels du réseau Ethereum.

« Les degens peuvent le payer, les singes peuvent le payer, les orangs-outans peuvent le payer. Mais si nous commençons à parler de médias sociaux décentralisés, où chaque tweet devient un NFT, cela ne peut pas fonctionner si vous avez des frais de transaction de 5,22$. » – Vitalik Buterin

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Car la blockchain Ethereum peut effectivement permettre de développer des projets de réseaux sociaux concurrents de Twitter. Mais également des « applications Ethereum plus intéressantes qui pourront combiner des éléments financiers et non financiers. » Cela afin d’échapper à ce que Vitalik Buterin présente comme un risque de tautologie spéculative sans aucun sens. Et dont l’exploitation n’est rentable et sécurisée que si l’on est capable d’identifier où commence la boucle et à quel moment elle va inévitablement finir par s’effondrer.

« Si vous prenez juste cette chose étroite qu’est DeFi, et que vous continuez à la pousser à l’infini. Vous n’obtiendrez que des jetons qui vous feront profiter de l’agriculture de rendement d’autres devises, qui sont des dérivés financiers d’autres jetons d’agriculture de rendement… » – Vitalik Buterin

À chacun ensuite de voir rendement à sa porte. Et de considérer ou non que des profits même consanguins et sans fondements restent bénéfiques. Ou de partir du principe que l’utilité fait la force d’un projet et en assoit lui aussi les succès financiers, mais d’une manière plus durable et censée. Car de nombreux développements restent possibles, même en dehors de l’aspect purement financier et spéculatif de la DeFi.

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