Ethereum vs Bitcoin – Pourquoi le prix de l’ETH est-il plus « solide » ?
08 juillet 2021 - 11:00
Temps de lecture : 6 minutes
Par Hugh B.
Il y a des questions auxquelles il est très difficile d’apporter une réponse. Et que le simple fait de poser expose à l’excommunication évangélique de ceux qui pensent qu’elle ne se pose même pas. Non pas parce qu’aucune analyse ne permet d’y apporter une conclusion acceptable. Mais parce que de multiples croyances empêchent d’en accepter le point final. Une réalité qui oppose – et opposera éternellement – les bitcoiners aux amateurs du roi des shitcoins qu’est à leurs yeux Ethereum. Le tout agrémenté de données souvent soigneusement triées à charge dans les deux camps. Et d’une opposition qui revient le plus souvent à mettre face à face un lingot d’or et un logiciel informatique.
Cet article peut provoquer des palpitations et de l’énervement chez certains maximalistes du Bitcoin.
Tout le monde aime les oppositions bien sanglantes et médiatiques qui opposent deux entités d’un même groupe. Ce furent en leurs temps les Rolling Stones contre les Beatles, le Coca Cola contre le Pepsi, Titi contre Gros minet et maintenant le Bitcoin contre Ethereum. Cela avec comme principal outil de mesure le prix de chacun d’eux pour permettre au BTC de l’emporter (33 750$). Ou les rendements en YTD pour faire de l’ETH (850%) le grand vainqueur par KO. Cela sans parler de la douloureuse question de la supply qui divise encore un peu plus. Même si – et malheureusement pour le camp du Bitcoin – il semblerait que l’ETH soit entré depuis peu dans une phase déflationniste.
Un exercice auquel s’est livré Lex Sokolin, analyste et membre de la société ConsenSys. Cela dans un article publié sur CoinDesk où il aborde cette question épineuse de la plus grande solidité (éventuelle) du prix d’Ethereum face à celui du Bitcoin. Une problématique récurrente qui repose bien souvent sur des mécanismes d’auto-persuasion et de ce qu’il nomme les « avantages informationnels. » C’est-à-dire la capacité à identifier et répéter (en boucle) les forces supposées d’un système. Cela afin de les transformer en outils de la rationalisation de marchés pourtant toujours irrationnels.
« La thèse du Bitcoin repose sur une théorie de l’argent et du pouvoir. Ethereum a une base plus durable : le calcul créatif. – Lex Sokolin
Le Bitcoin est « dur et sain »
Et d’un côté il y a le Bitcoin, dont le principe numériquement rare lui permet de prétendre à un statut « d’argent dur et sain. » Tout cela participant à une logique globale dont la vocation est présentée comme plus géopolitique que véritablement innovante. Ce qui ne retire rien à son caractère de primitive incontournable du secteur. Mais qui l’inscrit dans une sorte de combat idéologique et nécessaire contre le monopole monétaire des banques centrales. Ce qui permet à ses défenseurs de prétendre que son prix ne peut qu’augmenter. Le tout selon une règle présentée comme mathématique qui repose sur le fait que sa quantité est fixe et que la demande ne fera que croître avec le temps.
« Lorsqu’une nation Internet décentralisée dispose de sa propre monnaie Internet décentralisée et de promesses de liberté et de bonheur, les citoyens d’un pays disposent d’une alternative facilement accessible pour échapper à l’hégémonie. » – Lex Sokolin
Une affirmation qui est l’exemple parfait de cette rationalisation d’un marché irrationnel, issu de projections utilisées pour en affirmer le succès. Ce qui n’est pas nécessairement faux pour autant, mais sans avoir néanmoins le statut de preuve évidente. Une « partie du puzzle » qui consiste à essayer de projeter une demande sur la seule mesure intangible qui reste son offre limitée à 21 millions d’unités au maximum. Et qui permet de lancer des opérations commerciales du genre : Il ne reste plus que 22% de BTC à acheter. DEPECHEZ-VOUS, il n’y en aura pas pour tout le monde !
Distinguer la corrélation et la causalité
Un nombre très important d’analyses permettent de mesurer, mais également de projeter cette relation entre l’offre et la demande du BTC. Dont la plus célèbre reste sans aucun doute cet indice Stock to Flow (S2F) appliqué au Bitcoin. Mais qui ne fonctionne réellement que selon le principe d’une « demande infinie. » Et auquel Lex Sokolin semble préférer la courbe NVT Cap mise en place par l’analyste Willy Woo. Cette dernière basée sur « les flux d’argent historiques par rapport à la valeur du réseau ». Et dont le graphique ci-dessous suggère que cette marketcap du Bitcoin devrait en théorie approcher des 1000 milliards de dollars.
« La valeur de l’ensemble des BTC au prix de leur dernière transaction (Realized Cap, ndlr) est de 370 milliards de dollars. Le marché flotte quelque part au milieu. » – Lex Sokolin
Une situation de confiance qui a fini par imposer le Bitcoin comme un « or numérique ». Cette réserve de valeur qui semble échapper à tout contrôle et assurer la survie de chacun de ses possesseurs en cas d’attaque de zombies mutants. Mais qui au final ne repose que sur la foi inébranlable de ses détenteurs et autres membres de ce que certains présentent comme la secte des bitcoiners portant son succès vers l’apocalypse. Pourquoi se limiter dans la démagogie…
« Notez, cependant, que les principales variables de tous ces modèles sont la relation entre le bitcoin et sa propre valeur. Il est précieux dans la mesure où les gens ont payé pour cela – la réserve de valeur – et selon le rythme auquel ils effectuent poursuivent cette activité. Et franchement, nous ne pouvons pas distinguer la corrélation et la causalité. » – Lex Sokolin
Ethereum et son « économie numérique native »
Et de l’autre côté se trouve Ethereum. Bien loin de ces préoccupations géopolitiques du Bitcoin qui cherchent à savoir qui va devenir le nouveau « dieu monétaire ». Car selon Lex Sokolin, « une fois que vous avez intégré la programmabilité aux blockchains, vous n’êtes plus contraint de parler d’argent« . Tout simplement car le caractère innovant de cette « économie numérique native » finit par l’emporter sur cet aspect qu’il résume peut être de façon un peu trop caricaturale au fait de « vénérer un veau d’or ». Car le fait est connu, dès que le marché baisse tout le monde affirme être là uniquement pour la technologie.
« Payer votre sandwich en BTC ou en stock Apple n’est pas une économie numériquement native. Construire un logiciel qui s’exécute sur Ethereum ou une autre blockchain de calcul l’est certainement. » – Lex Sokolin
Une affirmation qui repose sur le caractère infini d’applications décentralisées (dApps) que le réseau Ethereum permet et peut encore permettre de développer. Cela dans des domaines aussi différents que la finance décentralisée, la juste rémunération des artistes face aux « monstres publicitaires » ou encore le développement de ces territoires numériques dont certaines parcelles se vendent des centaines de milliers de dollars. Et que l’auteur de cet analyse présente comme des moyens bien plus fiables d’en estimer la « valeur » effective.
« Pour croire en l’avenir de la crypto-économie, (…) vous devez croire aux histoires sur les avantages des échanges économiques entre pairs non coercitifs. À cette fin, au lieu d’échanger les anciens gouvernements contre Internet, la thèse est que vous troquez l’ancienne économie pour Internet. » – Lex Sokolin
Ethereum impose sa valeur fondamentale
Et c’est à ce moment que les maximalistes du Bitcoin vont ressentir quelques palpitations dans la poitrine. Car tout cela amène Lex Sokolin à affirmer qu’avec ses 130 millions d’appels de smart contracts en juin, Ethereum impose une valeur sans équivalent sur le marché des cryptomonnaies. Cette dernière bien plus concrète qu’une hypothétique augmentation infinie de la demande qui entrerait en collision frontale avec une offre volontairement restreinte. Car dans le domaine des cryptomonnaies comme ailleurs, il n’est pas toujours uniquement question du prix auquel on paye les choses pour en valider la valeur effective et intrinsèque. Il suffit de voir le Dogecoin.
« Il est important d’articuler la principale différence entre le but motivant de Bitcoin et Ethereum. Car le prix des cryptomonnaies ne raconte pas une histoire utile ou assez claire. Il vaut donc mieux considérer les principes fondamentaux de ce sur quoi on parie comme pouvant devenir réel. » – Lex Sokolin
Quoi qu’il en soit, le Bitcoin et Ethereum sont fondamentalement différents. Et ils emprunteront de ce fait des chemins qui n’auront rien de similaire pour atteindre leurs objectifs respectifs. Et cette théorie du support de l’innovation version Money Lego comme preuve de valeur développée par Lex Sokolin n’est pas forcément plus fiable que celle de la rareté programmée du Bitcoin. Mais elle paraît visiblement plus plaisante à ceux qui estiment qu’il faut construire et développer pour obtenir des résultats. Alors qu’il suffit peut-être tout simplement de vouloir changer la répartition des pouvoirs monétaires de notre monde… Sachant que l’une de ces options n’annule absolument pas l’autre.
Cet article traite de l’actualité des cryptomonnaies. Il ne s’agit pas d’un conseil en placement financier. Toute prise de position doit s’accompagner de recherches personnelles et nécessite de croiser plusieurs sources avant de se lancer. DYOR !
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