Ethereum vs Bitcoin – La très polémique affaire de l’ETH supply
10 août 2020 - 07:30
Temps de lecture : 5 minutes
Par Hugh B.
Dans le domaine des cryptomonnaies comme ailleurs il semble que la volonté d’analyse des spécificités liées aux acteurs importants de cet écosystème s’envisage principalement en termes d’opposition. Une réalité qui met régulièrement dos à dos Ethereum (ETH) et le Bitcoin (BTC) pour tenter de savoir qui aura la plus grosse ou qui sait le mieux s’en servir. Et cela concerne actuellement la quantité de cryptomonnaies en circulation, ou ce que l’on nomme l’offre (supply) disponible. Et comme d’habitude ceux qui en ont une petite cherchent à expliquer en quoi une grosse pose problème…
Est-il vraiment nécessaire de débuter cet article en expliquant que le Bitcoin (BTC) n’est pas Ethereum (ETH), et inversement ? Il semble que oui, vu le débat houleux qui secoue actuellement la cryptosphère sur le sujet. En cause, la quantité effective d’ETH en circulation. Cela du fait que cette dernière n’est pas limitée et visiblement difficile à estimer avec précision. Contrairement à l’offre (supply) du Bitcoin qui est génétiquement cloisonnée depuis sa création et de façon algorithmique à 21 millions d’unités au total.
Ces deux cryptomonnaies se partagent la tête du classement dans le domaine et une corrélation souvent très marquée. Mais l’une (ETH) est un outil de type couteau suisse là ou l’autre (BTC) est devenu une réserve de valeur spéculative version canal historique. Et ces différences fondamentales ne peuvent pas entraîner ou permettre d’exiger la même gestion interne. C’est pourtant l’exercice fastidieux auquel se plient actuellement les anti et pro-ETH sur Twitter.
Un choix historique d’Ethereum
La non-limitation de la quantité d’ETH en circulation est une décision exposée en 2013 par Vitalik Buterin dans le Livre Blanc (White Paper) d’Ethereum. Il s’agit très clairement d’un choix stratégique envisagé en comparaison au Bitcoin. Une volonté présentée comme « un approvisionnement linéaire permanent, différent de celui plafonné du Bitcoin. » Et la raison de ce choix ne s’embarrasse d’aucune ambiguïté sur le sujet :
« Le modèle de croissance de l’émission linéaire permanente réduit le risque de concentration excessive de la richesse telle que certains l’observent dans Bitcoin. Elle offre à chacun, aujourd’hui ou demain, la possibilité d’acquérir des unités monétaires. » – White Paper Ethereum, Monnaie et émission
Une position qui s’accompagnait déjà à l’époque de la prévision du passage actuel à Ethereum 2.0 et à un système de blockchain de type Proof of Stake (PoS). Échéance qui était alors associée et anticipée comme une possible réduction de l’émission d’ETH pouvant devenir nulle à terme.
« Notons qu’un jour, il est probable qu’Ethereum passe à un modèle de proof-of-stake (preuve d’enjeu) pour des raisons de sécurité, réduisant l’exigence d’émission à une fourchette allant de zéro à 5% chaque année. » – White Paper Ethereum, Monnaie et émission
Ethereum entre DeFi et Ponzi
Dans les faits, la question actuelle de la quantité disponible d’ETH concerne tout autant Ethereum que la Finance Décentralisée. Cela du fait que cet univers repose en (très) grande partie sur la Money Lego et que son développement actuel tient plus de l’explosion que de la simple évolution. Ethereum servant de socle à ses multiples jetons ERC20, mais également à son offre fonctionnant sous la forme de smart contracts qui en sont la mécanique interne. Un fait que les maximalistes du Bitcoin abordent comme un problème du fait de l’incapacité d’Ethereum à fournir un chiffre exact de la quantité d’ETH en circulation.
Car si Ethereum est la monnaie sur laquelle presque tout repose, cela inclus les plus gros scams actuels comme le tristement célèbre Forsage. Une structure pyramidale de type Ponzi qui rassemble plus de 4000 membres et génère des dizaines de milliers de transactions quotidiennes. Tout cela représentant jusqu’à 25% de l’activité sur la blockchain Ethereum. Un chiffre qui en fait un « acteur » supérieur à certains projets phares de la DeFi comme Compound, par exemple. Et qui pose également problème vis-à-vis de la gestion de ses stocks disponibles.
Une absence de visibilité problématique
Et cette réalité, associée à l’approvisionnement « à l’aveugle » d’Ethereum n’a pas tardé à alimenter les scénarios les plus pessimistes de la part des partisans du Bitcoin. Ces derniers expliquant qu’il serait tout à fait possible que de l’ETH soit mis en circulation de façon non officielle en bénéficiant d’un anonymat et d’une impunité totale.
Un exemple étayé, non sans une certaine ironie, par un bug du Bitcoin intervenu en août 2010 et connu sous le nom de Value overflow incident. Un dysfonctionnement qui a déclenché l’intégration d’un bloc valide de plus de 92 millions de nouveaux BTC. Un problème résolu en quelques heures par Satoshi Nakamoto en personne. Mais une situation que les défenseurs du Bitcoin estiment impossible à desceller si elle intervenait sur la blockchain Ethrereum en l’état actuel des choses.
Ce à quoi Vitalik Buterin a simplement répondu « qu’il y a tellement de personnes exécutant différentes implémentations (sur Ethereum) qu’un bug serait immédiatement détecté. »
Vitalik Buterin dit 112 millions, mais…
Car au fil du développement de cette discussion, il est rapidement devenu impossible pour Vitalik Buterin de ne pas venir défendre son projet, au coeur de ces attaques théoriques de la part des maximalistes du Bitcoin. Graphique à l’appui il tente de répondre à cette « façon que les gens ont d’essayer si maladroitement de faire pression sur Ethereum et sur son absence de plafond fixe prédéfini à « 21 millions. »
En se basant sur les données fournies par un site de type CoinMarketCap, Vitalik Buterin annonce dans le cadre de cette discussion que l’offre actuelle d’ETH est publiquement connue et très exactement de 112 090 970 unités.
Un chiffre qui cependant, et sans surprise, ne convainc pas les détracteurs du projet. Ces derniers décidant d’exécuter un script pour en tester la validité. Et le résultat offert est à l’image de ce débat : improbable. Car il semble que la quantité d’ETH en circulation diffère d’un outil de calcul à un autre pour osciller entre 109 et 112,4 millions d’unités.
Vitalik Buterin pense que les plafonds d’approvisionnement se résument à des failles dans le domaine de la sécurisation des blockchains. Cela du fait que leur mise en place « empêche d’avoir des récompenses garanties, ce qui vous empêche d’avoir un niveau garanti spécifique de sécurité de la blockchain. »
Le débat est donc loin d’être clos, en particulier si les maximalistes du Bitcoin n’essaient pas de voir Ethereum d’un autre point de vue que de celui du Bitcoin. Surtout qu’une mise à jour du nom de EIP-1559 devrait accompagner le prochain lancement d’Ethereum 2.0. Un nouveau système de gestion des frais de transaction (gas) qui pourrait à terme et selon Vitalik Buterin rendre la cryptomonnaie déflationniste, tout comme le Bitcoin.
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