La Banque de France entame la 2ème phase exploratoire d’une MNDB dite « de gros »

13 juillet 2022 - 16:59

Temps de lecture : 2 minutes

La Banque de France, pionnière en la matière au sein de l’Union européenne, accélère le rythme de ses expérimentations de monnaie numérique de banque centrale (MNBC) pour les règlements interbancaires et paiements transfrontaliers. Cette préfiguration d’un euro numérique dit de « de gros » est à destination des banques commerciales qui pourront, selon les voeux formulés par le gouverneur de la banque centrale, l’utiliser « comme actif de règlement dès 2023 ».

La BdF aux avant-postes d’une MNDB « de gros »

La banque de France (BdF), très active sur le plan de l’expérimentation d’une MNBC de gros, franchit une nouvelle étape. Lors du Forum financier international de Paris Europlace, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la banque centrale, a annoncé le lancement de la deuxième phase d’expérimentation de l’euro numérique « de gros » à destination des intermédiaires financiers.

Nous voulons nous rapprocher d’un prototype viable, le tester en pratique avec plus d’acteurs privés et plus de Banques centrales étrangères au second semestre de cette année et l’an prochain.

Le projet qui a déjà été testé avec succès en mai 2020 soulève moins d’inquiétudes que l’euro numérique de détail, qui pourrait tout à la fois remettre en cause le rôle des banques commerciales comme l’indique sa dénomination, monnaie numérique de banque centrale, et la confidentialité des données des citoyens.

Une phase expérimentale puissance 10

De fait, c’est sur ce terrain d’une MNDB de gros que la BdF a pour le moment concentré ses efforts, en conduisant plusieurs initiatives positives dont certaines déjà en partenariat avec d’autres banques nationales. Ces expérimentations ont eu le mérite d’attester des vertus d’un tel outil, notamment en matière de stabilité financière sans influence sur la politique monétaire. Mais pratiquées à une échelle réduite, elles doivent être éprouvées de façon beaucoup plus large.

La deuxième phase devrait notamment amplifier le phénomène en permettant à des acteurs beaucoup plus nombreux de gérer des actifs numériques via des infrastructures blockchain. Forge, la filiale dédiée de la Société Générale, a conçu des produits tokenisés spécialement à cet effet. Et, la technologie de registre distribué (DLT) entièrement conçue par la BdF devrait répondre aux besoins et aux attentes des intervenants du marché. Sachant que cette blockchain « permissionnée » (c’est à dire à l’accès limité aux seules personnes ou entités autorisées), baptisée DL3S, s’accompagne d’une plateforme de tenue de marché automatisée (AMM), l’infrastructure dans son ensemble devrait faciliter l’interopérabilité des transactions. En effet, « inspirée des marchés DeFi », l’AMM made in BdF peut servir de base pour une plateforme multi-MNBC sur laquelle différentes banques centrales se réuniraient pour permettre un règlement « rapide, automatisé et transparent dans différentes devises ».

La MNDB de gros pourrait donc devenir effective à l’horizon 2023, précédant comme prévu celle de détail. Cette dernière pourrait néanmoins surgir dans le paysage européen assez vite si on en croit les manoeuvres à l’oeuvre au sein de la Communauté pour brider l’utilisation des cryptomonnaies décentralisées. Les MiCA et TFR ne sont pas sans rapport avec l’idée d’ouvrir une voie royale à l’euro numérique pour tous.

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