France et Suisse ont testé avec succès une monnaie numérique pour des transactions transfrontalières

09 décembre 2021 - 12:57

Temps de lecture : 2 minutes

Les banques centrales française et suisse et la banque des règlements internationaux (BRI) ont conduit avec succès le « Projet Jura ». Une expérimentation destinée à éprouver l’efficacité d’une MNBC dite « de gros », c’est à dire d’une monnaie numérique de banque centrale réservée aux échanges entre intermédiaires financiers, dans les transferts transfrontaliers. Le but étant de proposer un instrument qui pourrait réduire les coûts des transactions internationales tout en accélérant la vitesse de règlement.

Réussite du projet expérimental « Jura »

La banque de France (BdF), très active sur le plan de l’expérimentation d’une MNBC de gros, vient de mener de pair avec la banque nationale suisse (BNS), la BRI et un consortium d’entreprises privées dirigé par Accenture – et comptant Natixis, UBS, Crédit Suisse, R3 et Six Digital Exchange -, une expérience d’échange monétaire transfrontalier s’appuyant sur deux devises numériques des banques centrales impliquées.

Le but étant de tester des mécanismes complexes pour le transfert direct de MNBC en euros et en francs suisses entre des banques commerciales des deux pays, via une plateforme de registre distribué (DLT) exploitée par un tiers.

Selon le rapport communiqué par le BIS Innovation Hub, division de la BRI, les tests ont eu lieu en novembre et ont duré trois jours dans un environnement « réaliste ». Autrement dit, les transactions (à hauteur de 200 000 €) se sont effectuées « à valeur réelle dans les cadres juridiques et réglementaires existants ».

« Nous voulions montrer que nous pouvions régler un actif numérique, puis transférer le produit vers une juridiction différente dans un environnement réel, en respectant les lois locales. »

Benoît Coeuré, responsable du pôle innovation de la BRI

Une expérimentation qui en appelle d’autres…

Malgré le succès de l’expérimentation, le communiqué insiste sur la nature exploratoire du projet et indique qu’il ne s’agit nullement d’y voir un signe quant à l’émission prochaine d’une MNDB de gros, comme l’a précisé Sylvie Goulard, la sous-gouverneure de la BdF lors du point presse.

« Nous ne pouvons prétendre que ce que nous avons fait avec 200 000 € et un certain type de règlement peut être extrapolé pour tout, mais c’est un premier pas. »

Néanmoins sur la base de cette expérience, un aspect notable est apparu. A savoir que l’utilisation d’un tel outil pourrait avoir un impact positif sur la stabilité financière tout en ayant une influence limitée sur la politique monétaire. Une préoccupation loin d’être négligeable quand on inscrit ces expérimentations dans le champ plus large d’une infrastructure européenne de paiement de type euro numérique, beaucoup plus délicate à mettre en place, notamment en raison de cet écueil.

Car, rappelons-le, l’objectif ultime de la BdF, de son propre aveu, est bien d’apporter sa contribution à l’édifice d’une version numérique de l’euro. Et en menant à bien ses différents essais, elle se place en pôle position pour en être l’une des maîtresses d’oeuvre.

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