Objectif Lune – Binance souhaite investir 100M€ en France pour développer la crypto

04 novembre 2021 - 09:00

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

L’information est tombée en fin de journée hier et elle porte le nom de code « Objectif Lune ». Rien à voir avec un nouvel épisode de la célèbre bande dessinée Tintin. Car cette affaire d’un nouveau genre met en scène le gouvernement français, un milliardaire chinois, la plateforme leader dans le domaine des cryptomonnaies et un chèque de 100 millions d’euros. De quoi imaginer le pire, vu la tendance actuelle dans l’hexagone et certains protagonistes présents. Mais il semble que la tendance soit plus au partenariat qu’autre chose. Car si l’on remet toutes les données dans le bon ordre : Binance souhaite investir 100 millions d’euros en France – et en Europe – pour développer l’écosystème crypto.

Les annonces importantes pour l’univers des cryptomonnaies se succèdent à une vitesse importante en cette fin d’année. Cela qu’il s’agisse de chèques à l’attention de projets phares, ou de décisions plus inquiétantes comme dans le dossier délicat de la régulation des stablecoins. Une excitation qui pourrait être associée au retour à la hausse que connaît actuellement le marché des cryptomonnaies. Mais avec comme à chaque fois rien de bien enthousiasmant pour la France. Ce pays qui ne brille décidément pas pour son engagement en faveur du secteur innovant des cryptomonnaies. Mais cela pourrait être sur le point de changer…

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Ce qui n’empêche pas les choses d’évoluer très vite dans le domaine. En particulier pour la plateforme Binance qui tente de se dépêtrer des multiples procédures légales dont elle fait l’objet au niveau international. Avec comme principale stratégie de renforcer son pôle réglementaire en embauchant d’ex-régulateurs. Mais également et en prenant les devants pour rendre son expansion planétaire plus douce à accueillir pour certains gouvernements peu accueillants. Raison (très) probable de la présence hier de son fondateur et PDG Changpeng Zhao (CZ) dans les bureaux de Bercy. Avec pour mission de parler cryptomonnaies et millions d’euros.

Binance souhaite invertir en France

Une actualité qui aurait également pu débuter comme une mauvaise blague. En particulier car rien de prédestinait le fondateur de Binance à se retrouver dans les bureaux de Bercy pour une raison amicale. Mais c’est pourtant bien à l’initiative du secrétaire d’État chargé de la Transition numérique Cédric O que cette rencontre a eu lieu hier. Cela dans le cadre d’une conférence sur le sujet des cryptomonnaies intitulée : « Crypto, qu’est-ce qui est en jeu. » L’occasion de parler d’un sujet qui a tendance à crisper au niveau national. Avec des membres du gouvernement qui n’arrivent toujours pas à voir plus loin que les poncifs de type trafic de drogue et blanchiment d’argent.

« Chez Binance, nous reconnaissons la qualité des talents français et européens en matière de technologie, de cryptomonnaies et de blockchain. Et nous sommes convaincus qu’avec le lancement des opérations et des investissements majeurs de Binance en France, nous pouvons contribuer de manière significative à faire de la France et de l’Europe le pôle mondial de ce secteur. Binance prévoit d’établir un hub français pour sa recherche et développement. Et également de recruter des talents dans toute la France et l’Europe. » – CZ, Binance

Une ouverture qui est donc à noter comme une avancée importante dans le domaine et au niveau national. En particulier suite à l’annonce officielle de Changpeng Zhao qui en a profité pour dévoiler son plan Objectif Lune. Une initiative en faveur du développement de la technologie blockchain et des cryptomonnaies sur le territoire français et en Europe dotée d’une enveloppe de 100 millions d’euros. Un chèque signé par la plateforme Binance. Cela dans le cadre de la mise en place d’un pôle de recherche et développement (R&D) dans le domaine. Une mise en place associée à un incubateur de startups (Objective Moon Accelerator). Mais également à un programme d’éducation en ligne pour former les nouveaux talents de cette industrie naissante. Ce dernier en partenariat avec OpenClassroom et la société et licorne française Ledger.

Est-ce une bonne chose pour les acteurs français ?

Une annonce qui n’a pas manqué de faire réagir au sein du petit univers national des cryptomonnaies. Avec des analyses où l’on peut déceler quelques grincements de dents en mode ironie à la française. Et en ligne de mire des intentions prêtées à la plateforme Binance qui ne seraient pas aussi philanthropes qu’il y paraît. Car cette initiative pourrait bien lui ouvrir les portes de réductions d’impôts conséquentes connues sous le nom de Crédit d’impôt recherche (CIR). Ces dernières calculées sur la base des dépenses en R&D effectuées par les entreprises sur le territoire français. Mais n’est-ce pas là tout le principe de ce système d’incitation fiscale qui encourage des sociétés internationales à venir investir en France ?

Quoi qu’il en soit, cette incursion nationale de la plateforme Binance sur le marché français des cryptomonnaies n’est pas du goût de tout le monde. En premier lieu car il reste dommage de voir un changement de ton du gouvernement dans le domaine s’appliquer uniquement à une entreprise étrangère, si importante soit-elle. Et également car les acteurs nationaux de ce secteur subissent encore les douloureuses conséquences de la mise en place d’exigences PSAN très restrictives. Ce sésame distribué aux prestataires de services sur actifs numériques reconnus et acceptés par les services de l’AMF.

Un point essentiel qui semble venir jouer les troubles fête dans ce dossier. Car selon les dernières informations communiquées par Binance, un obstacle de taille reste à franchir. En effet, le gouvernement français lui aurait fait savoir que tout cela ne pourrait se concrétiser que si sa plateforme se plie aux exigences réglementaires nécessaires. Ce qui implique donc d’obtenir ce statut de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN). Un détail qui n’a rien d’une simple formalité pour un exchange connu pour sa capacité à ne pas s’encombrer d’autorisations pour lancer ses produits et services innovants. À moins que cela n’entre dans sa nouvelle stratégie dont le maître mot semble être la séduction.

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