Avec le Currency Project de Damien Hirst, il faudra choisir entre NFT ou oeuvre papier

18 juillet 2021 - 10:57

Temps de lecture : 3 minutes

Le plasticien britannique Damien Hirst lance une expérience inédite dans le domaine du « crypto art » avec son projet baptisé « The Currency ». Constitué d’un corpus de 10 000 oeuvres papier et autant de jetons non fongibles (NFT), le projet place l’interaction avec les acheteurs au coeur de son développement, les contraignant notamment à choisir entre l’option propriété physique ou possession numérique au terme d’un délai d’un an.

The Currency Project

Toujours prêt à surfer sur les vagues qui agitent le milieu de l’art, le plasticien britannique Damien Hirst se lance dans un projet monumental, associant une série de 10 000 peintures sur papier et autant de NFTs, baptisé « The Currency Project ». Hirst a décidé de faire revivre ce corpus d’oeuvres uniques qu’il a créées en 2016 en les « homologuant » sous forme de jetons numériques qui seront proposés à la vente sur une nouvelle plateforme dite éco-responsable. Si ce n’est l’ampleur du projet, le geste n’est pas nouveau dans les mondes de l’art depuis l’avènement euphorique des non fongible tokens (NFT).

En revanche, ce qui l’est davantage, c’est le choix que devront opérer les détenteurs entre possession numérique ou physique de l’oeuvre. L’une se faisant obligatoirement au détriment de l’autre dont le support sera systématiquement détruit.

Chaque pièce de cette série monumentale qui représente une constellation de points colorés semble se ressembler. Or, aucune couleur n’est répétée deux fois, créant la singularité de chacune des variations. Surtout, chacune de ces 10 000 peintures est individuellement numérotée, signée et tamponnée par le plasticien avec un micropoint et un hologramme figurant un portrait de Hirst, « exactement comme un billet de banque » s’enthousiasme le Financial Times.

Depuis leur création, ces créations au format A4 étaient stockées dans un coffre-fort et n’attendaient visiblement qu’un événement singulier pour reprendre vie. C’est désormais chose faite depuis le 14 juillet, avec la possibilité jusqu’au 21 juillet, de candidater sur la plateforme Heni pour accéder au processus d’attribution des jetons numériques correspondant à chacune des 10 000 peintures, la collection de NFTs étant elle-même stockée dans une nouvelle blockchain, appelée Palm, qui se revendique éco-responsable.

Spécificité du projet de Hirst

La spécificité du projet de Hirst réside dans le choix imposé au collectionneur. Alors que généralement, les artistes offrent aux acheteurs une représentation physique en même temps qu’ils acquièrent un NFT de leur oeuvre, le plasticien anglais lui opte pour une seule et même option. Ainsi, l’heureux détenteur d’un NFT du Currency Project, qui aura déboursé la somme de 2000 $ réglée en fiat ou en crypto (BTC, ETH, USDC ou DAI) pour l’acquérir, pourra soit le conserver, soit l’échanger contre l’oeuvre papier correspondante. Il dispose d’un délai de réflexion d’un an pour se prononcer. Mais si le 27 juillet 2022, il n’a pas remis son NFT contre une impression en bonne et due forme, l’oeuvre physique sera brûlée. De même, s’il l’a échangé, c’est le NFT qui sera détruit. Une exposition des oeuvres d’art « brûlées » est d’ailleurs prévue avant qu’elles ne soient véritablement détruites.

Cette expérience est une nouvelle façon pour Damien Hirst d’explorer une question qui le taraude depuis ses débuts, à savoir le rapport entre l’art et l’argent (un NFT étant plus facilement négociable et transférable qu’un objet physique) avec l’inévitable et nécessaire inflexion écolo qui sied à une démarche éminemment contemporaine. L’interaction pareillement, avec des acheteurs au coeur du processus du projet. Chaque participant devant s’interroger sur sa perception de la valeur d’une peinture physique ou de son avatar numérique, entendu que chacune de ses formes fait oeuvre.

L’ensemble du projet est une oeuvre d’art, et quiconque achète The Currency participera à cette oeuvre. Il ne s’agit pas seulement de la posséder. C’est de loin le projet le plus excitant sur lequel j’ai jamais travaillé. »

Damien Hirst

« The Currency » comme indicateur de tendance du marché de l’art contemporain

Le plasticien a depuis le début de sa carrière exprimé des talents d’homme d’affaire avisé, une identité qu’il revendique aussi.

Son entretien avec l’ancien gouverneur de la Banque centrale britannique Mark Carney, pour le Financial Times, à l’occasion du lancement de « The Currency » est tout à fait emblématique de son rapport décomplexé à l’idée d’un art rentable.

Mais au-delà de l’aspect vénal, « La Monnaie » peut agir comme un révélateur de tendances. En effet, selon le choix opéré par les acheteurs, on aura une indication quant à la place que prennent les NFTs sur le marché de l’art contemporain.

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