L’Argentine approuve l’accord avec le FMI conditionné notamment à une clause anti-crypto

18 mars 2022 - 12:58

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Les parlementaires argentins ont approuvé ce jeudi 17 mars l’accord scellé par le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI) sur le remboursement de la dette du pays, d’un montant proche de 45 millions de dollars. Dans les conditions émises pour la négociation du refinancement, l’une d’elles cible l’utilisation des cryptomonnaies en croissance constante dans une contrée rongée par l’inflation.

Accord entre le FMI et l’Argentine pour un remboursement de la dette incluant une disposition anti-crypto

Après la Chambre des députés, la Chambre haute argentine à son tour, a approuvé l’accord entre Buenos Aires et le FMI concernant le règlement de la dette du pays et son programme de refinancement. Face au spectre d’un défaut de paiement, le consensus a prévalu pour adopter une série de mesures, destinée à maîtriser l’inflation chronique du pays, estimée à 50,9% en 2021, et à réduire son déficit budgétaire (3% du PIB en 2021) pour un retour à l’équilibre à horizon 2025. En votant pour, l’Argentine bénéficie d’un délai de grâce de 4 ans. Le remboursement de la dette ne commencera qu’en 2026 pour s’échelonner jusqu’en 2034.

Mais dans ce train de mesures, le FMI a glissé une disposition ciblant les cryptomonnaies.

Le gouvernement national, pour préserver davantage la stabilité financière, découragera l’utilisation des cryptomonnaies en vue de prévenir le blanchiment d’argent, l’informalité et la désintermédiation. De même, la numérisation des paiements aura des incitations officielles. Une protection supplémentaire sera accordée au consommateur financier.

Extrait du Programme de l’accord entre l’Argentine et le FMI

Une exigence dont le but est clairement de mettre un frein à l’adoption des cryptos, qui connaît un essor croissant auprès de la population, en tant que couverture contre un peso argentin qui ne cesse de se dévaluer.

Quelles conséquences ?

La fonction du FMI est d’assurer la stabilité du système monétaire international et faire reculer la pauvreté. Le fonds s’active surtout aujourd’hui à octroyer des prêts à des pays en difficulté. En contrepartie, il leur impose des réformes politiques et économiques rigoureuses. Quand certains parlent d’aide, d’autres parlent de contrôle… Ce qui semble bien être le cas ici.

En effet, inquiète de la montée en puissance des cryptos, l’institution cherche à endiguer le phénomène. Mais n’ayant pas le pouvoir d’émettre une interdiction directe, elle recourt à d’autres stratagèmes. Soit sur le registre un peu vain de l’exhortation, comme elle l’a fait pour le Salvador à qui elle a demandé de renoncer au bitcoin en tant que monnaie légale. Soit en usant de moyen de pression plus efficace en conditionnant son aide à une orientation anti-crypto subrepticement glissée dans le corps des mesures. Mais grâce à la vigilance des acteurs de l’industrie crypto du pays, la ficelle n’est pas passée inaperçue.

Néanmoins en l’état, difficile d’évaluer les répercussions possibles de l’accord. La déclaration est trop générale. Aussi l’ONG Bitcoin Argentina s’est-elle empressée d’adresser une lettre au gouvernement dès le vote de la Chambre basse. L’intention étant d’obtenir l’accès aux informations publiques afin de déterminer plus précisément la nature des mesures envisagées pour ralentir l’adoption des cryptos.

Une population adepte des cryptos

Car ces mesures restrictives dans la troisième économie d’Amérique latine risquent d’impacter une large frange de la population et du monde de l’entreprise. Celle qui investit dans le bitcoin, mais aussi largement dans des stablecoins adossés au dollar, pour échapper au « cepo« , les restrictions d’achat appliquées à la devise américaine.

Méfiante vis à vis du système traditionnel avec le souvenir cuisant du « corralito«  – processus qui en 2001 avait permis de geler les comptes en dollars et dont une grosse partie avait été restituée en pesos locaux, après une forte dévaluation – elle cherche à « dollariser » ses revenus en se tournant vers l’USDC, l’USDT ou le DAI avec le gros avantage de se passer des banques. Le tournant impulsé par le FMI ne se fera assurément pas sans difficultés…

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