La société de prêt crypto Celsius sur le fil du rasoir

08 juin 2022 - 07:30

Temps de lecture : 2 minutes

Celsius Network, l’une des plus grandes plateformes centralisées de prêt crypto, qui a pu détenir jusqu’à 25 milliards de dollars sous gestion en 2021 au moment de la hype du marché, est l’objet de vives inquiétudes quant à sa viabilité. Plusieurs éléments concordants tendent à prouver une situation de vulnérabilité qui pourrait conduire à un crash de la plateforme.

La manne des comptes crypto rémunérés se tarit

Les comptes-épargne crypto à haut rendement ont connu un irrésistible succès lors de la phase florissante que le marché a connu en 2020/2021. Nombre d’investisseurs se sont empressé de stocker leurs précieux actifs pour percevoir des rendements s’élevant souvent à deux chiffres. De fait, des plateformes comme Celsius ou BlockFi, offrant des accès simplifiés au protocole DeFi (finance décentralisée) via leur gestion centralisée, ont connu un boom d’utilisateurs sans précédent.

Or, cette manne possible lors d’une expansion haussière est intenable quand le marché chute et qu’il s’installe visiblement pour un bear market de plusieurs mois, sinon de plusieurs années. Aussi, première recommandation de prudence : hâtez-vous de retirer vos billes de plateformes qui continuent de dispenser des taux d’intérêt sans nul rapport avec le changement de braquet de l’environnement économique.

Celsius inquiète

L’effondrement de l’écosystème Terra Luna avec son stablecoin UST, générant plus de 20% d’intérêt sur le protocole Anchor contre vents et marées, n’est sans doute pas à considérer comme un phénomène isolé. Il pourrait y avoir d’autres cadavres pas encore sortis du placard, qui viendront joncher le sol pavé aussi de cupidité et de déraison. Et parmi ces moribonds en sursis pourrait figurer Celsius, pas complètement étranger à la catastrophe ayant entraîné des milliards de perte pour les utilisateurs. En effet, selon des analyses blockchain, la plateforme de prêt aurait contribué à la chute du stablecoin algorithmique en retirant, au pire moment, près d’un demi-milliard de dollars de fonds qu’il avait misé dans le protocole d’ancrage.

Une façon de faire qui questionne sur les pratiques périlleuses de la plateforme (conserver des actifs sur un protocole qu’on savait très fragile), déjà pointées par le passé. Ainsi, en juin 2021, l’un de ses fournisseurs de garde de l’époque, Custodian Prime Trust, avait résilié son contrat arguant d’une stratégie préoccupante de « réhypothécation »(utilisation à ses propres fins d’actifs déposés en garantie par les clients) de la part de Celsius.

aussi les régulateurs américains et sa communauté d’utilisateurs

La plateforme n’a pas non plus échappé à la vigilance inquisitrice des régulateurs US. Des responsables des valeurs mobilières de plusieurs Etats l’ont accusée de proposer des produits non conformes à la réglementation, se disant prêts à engager des poursuites. Surtout, Celsius comme d’autres services de ce type, ont été pointés du doigt au nom de la protection du consommateur. Car, toutes les plateformes de lending sans exception se dédouanent de toute responsabilité en cas de problème. De quoi faire se retourner le patron de la SEC qui considère qu’elles agissent comme des banques sans proposer le même taux de protection supposé.

De fait, l’utilisateur n’a effectivement aucun moyen d’agir si le pire vient à surgir. Ce qui semble possiblement s’annoncer avec a priori des positions insolvables sur ETH, la société ayant caché la perte de 35000 ETH à ses clients, et une dette s’élevant à 1,18 milliard de dollars dans les protocoles DeFi Aave, Compound et Maker.

Malgré les dénégations du cofondateur, Alex Mashinsky, qui soutient que l’entreprise est l’objet d’intentions malveillantes, reposant sur des allégations sans fondement, la prudence s’impose. L’électrochoc Terra Luna est encore récent, et la question n’est pas de savoir s’il y en aura d’autres, mais plutôt qui sera le prochain à s’écrabouiller.

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