L’Etat français met les mains dans le token en participant à la levée de fond d’Arianee (NFTs pour le luxe)

11 mars 2021 - 16:57

Temps de lecture : 3 minutes

L’entreprise française Arianee, spécialisée dans la certification de produits de luxe basée sur une version privée de la blockchain Ethereum, vient de lever 8 millions d’euros auprès d’acteurs français dont la BpiFrance, la Banque publique d’investissement française.

Un NFT contre la contrefaçon

La contrefaçon est une plaie. Un vrai fléau endémique qui coûterait chaque année près de 60 milliards d’euros aux 11 secteurs clés les plus concernés (maroquinerie, habillement, chaussures, jouets, horlogerie, smartphones, spiritueux…). Un manque à gagner faramineux pour les grandes marques et une atteinte à l’intégrité de leur image qu’elles n’ont de cesse de vouloir combattre en cherchant le moyen de sécuriser l’authenticité de leurs produits.

La startup française Arianee, créée en 2017, a pris ce problème à bras-le-corps. Elle propose des « passeports numériques » sous la forme de tokens NFT permettant de garantir l’authenticité d’un sac griffé ou d’une montre de luxe. Concrètement, au moment de l’achat, le commerçant fournit un QR code au client qui le scanne à l’aide de son smartphone. Il obtient ainsi un certificat cryptographique inscrit dans la blockchain, le fameux token NFT qu’il sera le seul à pouvoir présenter. Ce passeport numérique évolutif aura aussi l’avantage d’améliorer la relation entre la marque et le client.

Notre technologie est le lien manquant qui va permettre d’améliorer la confiance entre les marques et les clients. Elle permet de suivre les réparations subies par le produit, de lui offrir une garantie, de l’assurer et de le revendre plus facilement .»

Pierre-Nicholas Hurstel, co-fondateur d’Arianee dans un entretien aux Echos Entrepreneurs

Ce dernier atout est indispensable – assurer le transfert à un nouveau propriétaire en cas de revente sur le marché de seconde main – dans un secteur en pleine croissance où la traçabilité des produits est souvent délicate.

L’Etat français impliqué

Sa levée de fonds d’un montant de 8 milliards d’euros aidera à développer une offre de blockchain en tant que service (SaaS) de suivi et de traçabilité. Car si une quinzaine de marques utilise déjà la plateforme SaaS, au nombre desquelles figurent le groupe suisse Richemont (Cartier, Montblanc, Van Cleef, Chloé) et Breitling, la jeune startup ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Ces fonds vont nous permettre de mieux répondre à la demande, d’améliorer notre interface pour les consommateurs et à construire un écosystème autour de notre technologie. »

Pierre-Nicholas Hurstel, co-fondateur d’Arianee dans un entretien aux Echos Entrepreneurs

Son tour de table a été réalisé auprès d’investisseurs connus de la FrenchTech mais aussi de la Bpi, la banque publique d’investissement qui accompagne des entreprises françaises dans leur croissance.

Bpifrance est très fier de soutenir cette solution française qui contribuera à l’accélération de la transformation numérique et écologique de notre industrie.»

Guillaume Simonaire, responsable de Bpifrance

L’Etat français met donc ses mains dans le token puisque outre les parts dans la startup, chaque investisseur, comme le précise Gregory Raimond, a reçu des jetons $ARIA20 pour participer à la gouvernance du protocole open source.

Un marché très concurrentiel

Si l’ambition d’Arianee est de créer un standard mondial d’authentification des produits de luxe, la lutte sera rude tant le marché est concurrentiel.

Un grand rival semble déjà s’être imposé dont le modèle de traçabilité semble quelque peu similaire. On parle bien sûr de Vechain et de sa plateforme « Blockchain-as-a-service » (BaaS) qui repose aussi sur un protocole de Proof of Authority réputé plus éco-responsable. Certes, le géant singapourien ratisse large dans son offre de dispositifs sécurisés puisqu’il s’adresse aussi bien à l’univers des pièces détachées que des médicaments, de l’alcool frelaté et de tout ce qui peut être contrefait, mais de grands noms de l’industrie du luxe se sont déjà ralliés à son panache, LVMH en tête.

On peut néanmoins penser que dans un secteur où la France brille à l’exportation, Arianee en tant qu’entreprise locale bénéficiant du soutien de fonds publics, a une vraie carte à jouer.

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