Première au Portugal : deux exchanges crypto locaux officiellement autorisés
22 juin 2021 - 07:27
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
La Banque centrale portugaise (banco do Portugal) vient d’autoriser officiellement deux plateformes d’échange crypto à opérer dans le pays. Criptoloja et Mind The Coin pourront désormais fonctionner en tant que « fournisseurs de services d’actifs virtuels » sur le territoire lusitanien. Une première qui est l’aboutissement d’un long chemin de croix pour les entreprises concernées.
Deux exchanges crypto approuvés officiellement au Portugal
La Banque centrale du Portugal chargée de réglementer l’enregistrement des fournisseurs de services d’actifs virtuels et de veiller à la prévention du blanchiment d’argent, a pour la première fois, selon son communiqué, délivré des licences opérationnelles à deux bourses de cryptographie locales. L’une à Criptoloja basée à Estoril. L’autre à Mind The Coin, rayonnant à partir de Braga.
Détaillant les types de services qui relèvent de sa compétence, la Banque centrale a précisé le champ couvert par ses licences d’exploitation. Il concerne exclusivement les services d’échange entre un ou plusieurs actifs virtuels et monnaies fiduciaires, les services de transfert d’actifs virtuels mais aussi la conservation et/ou l’administration d’actifs virtuels ou d’instruments permettant le contrôle, la propriété, le stockage ou le transfert de ces actifs, y compris les clés privées cryptées.
Criptojola, qui avait fait sa demande depuis septembre 2020, prévoit de démarrer ses activités d’ici deux semaines. L’objectif de la plateforme, d’après la déclaration de son responsable à Coindesk, est de rassembler des Portugais qui cherchent à investir dans des cryptomonnaies mais qui ne se sentent pas assez en confiance pour ouvrir des comptes dans des échanges étrangers. Aussi, si la plateforme cherche naturellement à capter la nouvelle génération plus avertie, elle veut également rallier des profils différents. Et, pour ce faire, elle tient à garder l’avantage du pionnier.
C’était un long chemin. Être la première bourse réglementée au Portugal signifie beaucoup. »
Pedro Borges, directeur général de Criptojola
La Banque centrale aurait en effet reçu cinq demandes d’enregistrement formelles sur une soixantaine adressée. Les deux approbations officielles ont été accordées au moment où les délais arrivaient à échéance.
Un chemin de croix pour obtenir l’autorisation
Selon le média local Dinheiro Vivo, les entreprises qui ont postulé auprès de la Banque centrale ont vécu un « véritable calvaire ». Outre les exigences extravagantes du processus, elles soulignent les coûts se montant à des dizaines de milliers d’euros en conseils juridiques. Surtout, elles reprochent à la Banque centrale d’avoir trop tardé pour délivrer ses autorisations, les faisant rater le boom du marché crypto. Un retard lié à une transposition trop tardive de la directive européenne, effective idéalement en droit national au plus tard le 10 janvier 2020.
De plus, mauvaise volonté ou pas, aucune période de transition n’a été prévue pour pour que les entreprises opérant sur le marché aient le temps de s’enregistrer en bonne et due forme auprès de l’autorité de surveillance. Ce n’est qu’à la fin du mois d’avril que la Banque centrale a publié un avis contenant des règles relatives aux demandes d’enregistrement de ce type d’activité. De fait, l’Association portugaise de la blockchain et des cryptomonnaies (APBC) a sévèrement critiqué le manque de dispositions préalables qui a dissuadé les entreprises de s’installer au Portugal. Pour elle, ce retard a empêché les investissements dans un secteur qui, selon l’association, emploie environ 2000 personnes.
Une réputation crypto idyllique un peu écornée
Cette désinvolture, ou ce manque d’allant repérée aussi chez d’autres autorités de régulation européennes, est d’autant plus surprenante que le pays, rappelons-le, se révèle par ailleurs plutôt crypto-friendly.
Sa législation est l’une des plus souples et des plus attractives d’Europe. En effet, désireux d’attirer les capitaux, le Portugal n’applique pour le moment aucune taxation sur les revenus (sauf s’ils s’apparentent à une activité professionnelle) et bénéfices issus des cryptomonnaies. Autre avantage fiscal non négligeable : les transactions réglées en cryptomonnaies sont exemptes de TVA (taux standard de 23 %).
Visiblement, il y a encore un effort de coordination à produire pour que le Portugal soit à la hauteur de sa réputation idyllique. L’écosystème crypto, si on en croit cet épisode peu glorieux, n’y semble pas mieux traité qu’ailleurs…
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