Suite à l’assaut réglementaire de la SEC, Robinhood déliste Ada, Sol et Matic

L’application de trading numérique basée aux États-Unis Robinhood vient d’annoncer qu’elle mettra fin à la prise en charge de trois crypto majeures – Cardano (ADA), Polygon (MATIC) et Solana (SOL).

10 juin 2023 - 07:28

Temps de lecture : 3 minutes

La populaire plateforme de trading Robinhood, en délicatesse elle aussi avec la Securities and Exchange Commission (SEC) des Etats-Unis, a décidé de ne plus soutenir la négociation de trois cryptos phares répertoriées comme des titres financiers par l’agence de régulation. De fait, à partir du 27 juin, les utilisateurs ne pourront plus trader ADA,MATIC et SOL.

Robinhood veut montrer patte blanche

Une initiative qui est loin d’être négligeable dans la mesure où la plateforme ne proposait déjà qu’une liste limitée de cryptos (18) et qui révèle la pression à laquelle sont soumis les acteurs centralisés basés aux USA depuis que la SEC s’est déchaînée contre Binance et, dans une moindre mesure contre Coinbase, décrétant dans la foulée que 61 crypto-actifs relevaient de la catégorie des titres financiers.

Une assertion qui, rappelons-le, ne vaut pas loi puisque c’est au Congrès que revient le droit de définir la nature des cryptomonnaies, sachant que le deal se joue entre deux étiquetages. D’un côté les commodities, soit des cryptos relevant de la catégorie des matières premières numériques et qui pour le moment outre-Atlantique, ne concernerait de façon quasi certaine que le Bitcoin, et la seconde qui selon la nomenclature en vigueur assimilerait le reste des cryptos, ou du moins une majorité d’entre elles à l’exception notable du jeton d’Ethereum qui reste sujet à des interprétations juridiques ambivalentes, à des titres financiers (securities). Catégorie qui exige des autorisations préalables avant de les commercialiser, pour les sociétés en faisant le négoce, ce qui suppose qu’aujourd’hui toutes ces entités sont dans l’illégalité.

Quoi qu’il en soit, Gary Gensler, le patron de la SEC, sûr de son fait affirme que ces jetons sont des titres puisqu’ils ont été initialement émis comme outil de collecte de fonds pour les entreprises derrière eux et que les acheteurs ont été « raisonnablement » amenés à s’attendre à ce que leurs investissements soient utilisés pour développer les projets qui leur rapporteraient des bénéfices.

Une histoire avortée avec la SEC

Dans ce contexte, Dan Gallagher, chef juridique de Robinhood, avait très vite réagi, déclarant « examiner activement » les poursuites de la SEC contre les deux géants de l’industrie pour déterminer quelles mesures Robinhood allait prendre. Visiblement, le retrait pur et simple l’a emporté sur d’autres considérations. La voie de la prudence pour une appli fintech grand public, étoile montante de la finance mobile pendant la pandémie qui avait tenté de « se refaire » dans une période post-épidémie un peu compliquée pour elle en pariant sur une plus large ouverture aux cryptos et à ses dérivés, mais qui n’a pas réussi à obtenir de l’agence de régulation le sésame de courtier à usage spécial pour les actifs numériques.

Nous avons suivi un processus de 16 mois avec le personnel de la SEC essayant d’enregistrer un courtier à usage spécial. Et puis on nous a dit assez sommairement en mars que ce processus était terminé et que nous ne verrions aucun fruit de cet effort. 

Dan Gallagher, cité in Coindesk

Une déconvenue qui fait écho à tant d’autres, comme à celle de Coinbase qui s’en va répétant tous les efforts déployés pour obtenir de la part de la SEC des directives claires de conformité auxquelles elle n’a jamais répondu pour adopter ensuite une attitude punitive. Mais en plus, dans le cas de Robinhood, l’ombre de Sam Bankman-Fried continue de planer. L’ex PDG de FTX avait en effet pris une participation de 7,6% au capital de la fintech, ce qui avait contribué à l’époque à relancer la plateforme.

Robinhood n’est pas le seul acteur à se soumettre au diktat de la SEC, d’autres prennent aussi des mesures afin d’échapper à l’ire du régulateur. Ainsi, Crypto.com suspend son offre de service institutionnel aux États-Unis, arguant d’un marché atone.

Solana et Cardano contestent la classification de la SEC

De leurs côtés, les organisations présidant aux destinées de Solana et de Cardano ont vivement contesté la classification du gendarme financier américain.

La Fondation Solana est fermement convaincue que SOL ne doit pas être considéré comme une valeur mobilière. SOL est le jeton natif de la blockchain Solana, un projet logiciel robuste, open-source et communautaire qui repose sur l’engagement décentralisé des utilisateurs et des développeurs pour sa croissance et son évolution

Communiqué de la fondation Solana cité in Coindesk

IOG, la fondation responsable du développement de Cardano, s’est également exprimé en ce sens.

Le dossier contient de nombreuses inexactitudes factuelles et n’aura aucune incidence sur les activités d’IOG. ADA ne peut en aucun cas être considéré comme une valeur mobilière. Ce, conformément aux lois américaines sur les valeurs mobilières.

Communiqué d’IOG (Cardano)

Des dénégations qui n’ont pas contrarié « l’effet SEC ». En effet, les jetons délistés ont subi, au moment de la rédaction, de lourdes pertes hebdomadaires : ADA (-20,3%); SOL (-16,7%); MATIC (-17,9%).

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