Exchanges crypto – Appliquer les sanctions ne veut pas dire bloquer tous les russes

07 mars 2022 - 16:54

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

Alors que le conflit en Ukraine semble bien parti pour durer, les décisions de blocages financiers à l’encontre de la Russie se poursuivent. Des exigences réglementaires imposées par la communauté internationale, déjà en place et pour la plupart effectives. Et dans les rangs desquelles viennent s’ajouter certains géants du paiement comme Visa et MasterCard. Avec comme grandes absentes, des plateformes d’échange de cryptomonnaies condamnant une « désinformation » inquiétante. Car bloquer les « individus sanctionnés » ne doit pas revenir à punir tous les Russes.

Les sanctions mises en place à l’encontre de la Russie suite à son incursion en Ukraine sont à la hauteur de la louche qui sert à en définir les limites. Une nuance difficile à émettre au sein d’un élan de solidarité international parfois orienté par des raccourcis politiques. Avec cette volonté savamment saupoudrée par kilos de présenter le secteur des cryptomonnaies comme entièrement dédié au non-respect de ces blocages monétaires et financiers. Car la liberté qu’elles offrent ne peut pas s’arrêter aux frontières de décisions gouvernementales, justifiées ou non.

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Une réalité qui tranche avec l’apparente motivation de géants du paiement comme Visa et MasterCard. Ces derniers venant d’annoncer suspendre toutes leurs activités en Russie. Cela afin de venir gonfler les rangs de ces nouveaux chevaliers de la liberté qui comptent déjà PayPal, la néo-banque Revolut ou encore Google. Une nouvelle occasion de pouvoir critiquer un secteur des cryptomonnaies présenté comme complaisant, voire complice. Avec des plateformes d’échange refusant d’appliquer sans distinction cette vendetta aveugle. Pourtant, il se pourrait bien que la véritable liberté se trouve dans cette simple nuance.

Exchanges vs sanctions internationales

La tendance actuelle est à la condamnation unanime de la Russie, mais avec des degrés différents suivant l’interlocuteur. Avec en tête du peloton d’exécution un Bruno Le Maire – en grand spécialiste de la question – qui annonce sans détours vouloir provoquer un effondrement de l’économie russe. Et cela visiblement sans se soucier des répercussions possibles sur une population réduite à un simple dégât collatéral. Pourtant, condamner et sanctionner les responsables de cette guerre ne peut pas être trop simplement assimilé à ruiner l’ensemble de ses citoyens.

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Car de l’autre côté, la Russie annonce l’éventualité de prélever un impôt sur les économies de ces derniers. Cela afin de « soutenir » son effort de guerre (agression). Et face à cet étau infernal, les plateformes d’échange de cryptomonnaies s’organisent pour faire front, afin d’éviter de sombrer dans l’amalgame. Car comme l’explique le fondateur de Coinbase, Brian Armstrong, « tout le monde mérite d’avoir accès aux services financiers de base, sauf en cas de dispositions légales effectives. » Et le blocage des cryptomonnaies de la population russe n’entre pas dans le champ de cette répression.

Exchanges – respecter les sanctions, mais pas plus

En effet, il est reproché aux principales plateformes d’échange de cryptomonnaies de ne pas appliquer les sanctions émises à l’égard de la Russie. Car ces dernières refusent de bloquer l’accès à l’ensemble des comptes de leurs utilisateurs situés dans cette zone géographique. Un véritable scandale selon les fervents défenseurs d’une liberté basée sur des interdictions multiples et infondées. Mais dans les faits, un respect tout à fait réel et précis des directives officielles. Car les portefeuilles identifiés comme appartenant à des entités sous le coup de ces sanctions sont effectivement bloqués. Mais pas les autres…

« De nombreux exchanges de cryptomonnaie ont mis en place de solides programmes de conformité qui, s’ils fonctionnent efficacement, devraient aider à identifier les transactions impliquant des portefeuilles d’entités sanctionnées. Et contribuer à l’effort visant à contrecarrer l’utilisation d’actifs numériques pour échapper aux sanctions. »

Caroline Brown, Crowell & Morning

En effet, les exchanges jouent le jeu des exigences émises par le Bureau de contrôle des avoirs étrangers. Cela afin d’identifier et de mettre sur liste noire les individus et adresses en relation ou appartenant à certains oligarques russes connus. Mais sans pour autant céder à la vindicte, cette fois populaire, qui consiste à exiger la mise au pilori de tous les comptes locaux, sans aucune distinction. Et cela à la (grande) différence des entreprises nommées plus haut, comme PayPal, Visa, MasterCard ou encore Google.

Bien évidemment, cela peut également poser la question de la centralisation de ces plateformes. Et de leur capacité problématique à appliquer ce genre de contrôles à un secteur construit pour y échapper. Mais au moins respectent-elles ce principe d’offrir un système financier ouvert à tout individu, non enregistré sur une quelconque liste noire. Et cela au bénéfice d’une population russe, en grande partie également durement touchée par les conséquences de la situation actuelle.

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