Le Conseil de stabilité financière appelle à son tour de vis de la réglementation crypto

12 juillet 2022 - 08:58

Temps de lecture : 3 minutes

Le Conseil de stabilité financière se met au diapason de nombreuses instances régulatrices qui appellent à une réglementation renforcée du secteur des cryptos. Se voulant force de proposition, il soumettra en octobre un rapport aux ministres des Finances et aux gouverneurs des banques centrales du G20 allant dans le sens d’un contrôle accru d’un écosystème réévalué à risque depuis les sombres événements qui ont scandé son histoire récente.

L’écosystème crypto sous haute tension

La période est sympathique pour tous les aficionados de la crypto. Outre le fait qu’ils voient la valeur de leur portefeuille fondre, mais uniquement dans leur équivalence avec une monnaie fondante comme le dollar ou l’euro, ce qui ne remet pas en cause l’équation d’1 bitcoin valant toujours 1 bitcoin, ils doivent affronter un environnement peuplé de dangers et d’hostilité.

Des dangers internes à l’écosystème, du moins dans sa version centralisée avec des entités ayant pris des risques insensés avec les fonds de leurs clients. Des dangers non sans dommages pour de nombreux utilisateurs qui n’ont plus accès à leurs avoirs, mais qui ont le mérite de replacer dans l’actualité l’importance de la responsabilité individuelle. A savoir, rester le gardien de ses cryptomonnaies et ne pas reproduire le schéma classique de l’intermédiation en confiant ses précieux coins à un dépositaire qui, à l’instar d’une banque, en dispose comme bon lui semble et rarement au final, pour servir les intérêts des individus.

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La responsabilité individuelle au coeur de l’engagement dans les cryptos

De fait s’exposer aux cryptomonnaies on ne le répètera jamais assez, exige un apprentissage. On ne s’y aventure pas sans avoir au minimum acquis des réflexes d’auto-garde et en appliquant des principes de précaution élémentaires qui consistent en fait à ne jamais faire confiance.

Une posture qui peut sembler un peu paranoÏaque mais qui vous sauvera de bien des situations périlleuses. De fait, les derniers événements malheureux montrent à quel point les mantras « Don’t trust, verify! » et « Not your keys, not your coins! » qui résonnent dans le milieu depuis ses origines ne sont pas vaines fredaines. Les victimes d’aujourd’hui sont celles qui n’en ont pas tenu compte que ce soit par naïveté, paresse ou cupidité et qui, d’une certaine manière, ne peuvent s’en prendre qu’à elles-mêmes. Mais les Etats ou des instances supranationales ne l’entendent pas de cette oreille et trouvent là l’argument imparable pour sévir aujourd’hui contre une industrie accusée de tous les maux.

Réactions régulatrices en chaîne

Pour être tout à fait honnête, reconnaissons que la tentation réglementaire était déjà bien présente avant cette sombre période. Face à la croissance proprement incroyable de l’écosystème, un peu partout dans le monde, les régulateurs ont largement commencé à oeuvrer, avec plus ou moins de bonheur, pour imposer des règles.

Mais confrontés à un phénomène tout à la fois tentaculaire et complexe, échappant aux normes habituelles, la tâche s’est avérée difficile. De plus, le temps long du législateur s’accommodant mal d’un écosystème vibrionnant en perpétuel mouvement, la réaction régulatrice s’est longtemps fait attendre. Mais aujourd’hui, le mouvement est sérieusement enclenché. D’abord avec une Europe montant au front de la plus belle manière, fomentant coups sur coups deux projets rondement ficelés, MiCA et TFR. La Communauté Européenne s’est déjà (provisoirement) accordée sur le premier.

Un modèle d’efficacité (on ne parle pas du contenu bien sûr!) qui fait des jaloux, si on en croit les proclamations qui se font écho où chacun veut faire entendre sa voix pour appeler au contrôle de la crypto. Dernier en date à s’exprimer sur le sujet : le Conseil de stabilité financière (FSB).

Le FSB veut apporter aussi sa contribution à la réglementation crypto

Cet organisme international chargé par le G20 (groupement des économies les plus développées) de surveiller et de faire des recommandations concernant le système financier mondial, vient d’y aller lui aussi de son couplet musclé en déclarant qu’il proposerait en octobre des règles mondiales « robustes » applicables aux cryptomonnaies et stablecoins. Se limitant jusqu’alors à un rôle de surveillance du secteur, le marché ne posant pas de son point de vue un risque systémique, il se veut désormais acteur inspirant -sans pouvoir législatif rappelons-le, mais aux recommandations suivies – du changement en raison des récentes turbulences qui ont révélé ses vulnérabilités structurelles et ses liens croissants avec le système financier au sens large.

La défaillance d’un acteur du marché, en plus d’imposer des pertes potentiellement importantes aux investisseurs et de menacer la confiance du marché en raison de la cristallisation des risques de conduite, peut également transmettre rapidement des risques à d’autres parties de l’écosystème des crypto-actifs. Elle peut avoir des retombées sur des pans importants de la finance traditionnelle, tels que les marchés de financement à court terme.

Communiqué du FSB

Le FSB se met au diapason des proclamations récentes émanant de plusieurs hautes instances de régulation ou de leurs représentants. Lael Brainard, vice-présidente de la Réserve fédérale américaine a récemment déclaré que le secteur crypto avait besoin de « solides garde-corps » tandis que la Banque d’Angleterre, tout en confirmant le potentiel du secteur, a réaffirmé la nécessité impérative de le réglementer.

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