Le Royaume-Uni avance ses pions pour devenir un havre crypto européen

05 avril 2022 - 15:00

Temps de lecture : 3 minutes

Tandis que l’Union Européenne semble s’orienter vers une réglementation restrictive, sinon répressive, de l’industrie crypto, de l’autre côté de la Manche, ce serait une partition plutôt favorable qui serait en train de se jouer, avec une série de propositions bénéfiques pour le secteur.

L’option d’une réglementation adaptable

Quand l’une se rigidifie, l’autre s’assouplit. A la faveur d’un Brexit qui a acté son retrait de la scène parlementaire européenne, le Royaume-Uni semble vouloir emprunter une voie à l’opposé de ses ex-partenaires. En effet, John Glen, secrétaire au Trésor britannique, vient d’exposer des dispositions réglementaires plutôt favorables aux cryptomonnaies.

Les intentions sont claires : devenir un pôle attractif en adoptant une approche à l’américaine. A savoir, proposer un cadre expérimental aux acteurs crypto en dehors du cadre réglementaire conventionnel et leur permettre ainsi de tester leurs solutions disruptives sans devoir nécessairement respecter l’ensemble des contraintes juridiques qui s’appliqueraient normalement. L’objectif : ne pas freiner l’innovation tout en gardant un oeil sur sa progression.

Nous ne devrions pas considérer la réglementation comme une chose statique et rigide. Au lieu de cela, nous devrions penser en termes de « code » réglementaire » – comme le code informatique – que nous affinons et réécrivons lorsque nous en avons besoin… sur mesure et proportionné, oui… mais aussi agile et neutre sur le plan technologique… façonné par votre contribution et vos conseils… et avec le Trésor et les régulateurs, par le biais du groupe de travail sur les crypto-actifs, travaillant ensemble pour créer un paysage réglementaire dynamique qui fonctionne pour tout le monde.

John Glen, secrétaire au Trésor britannique lors du sommet mondial de la finance Innovate

Cette méthode dite de « bac à sable », modèle d’accompagnement des nouveaux secteurs, a été rejeté par les institutions européennes, influencée par la position française qui la juge trop complexe et coûteuse à mettre en oeuvre, lui préférant l’option tout-précaution jusqu’au précipice.

Vers une légalisation de l’utilisation des stablecoins

Mais surtout, l’une des premières mesures phares du gouvernement britannique sera de légaliser l’utilisation des stablecoins, ces cryptos adossées à parité avec des devises fiduciaires réputées plus stables. Autrement dit, ils vont devenir de véritables moyens de paiement.

« Cela permettra aux consommateurs d’utiliser les services de paiement stablecoins en toute confiance. Le gouvernement présentera cette législation dans le cadre de l’ambition de mettre en place un régime réglementaire de premier plan pour les stablecoins.

John Glen, secrétaire au Trésor britannique lors du sommet mondial de la finance Innovate

Et ce n’est pas la seule proposition qui va dans le sens d’une démocratisation de l’écosystème crypto.

Dans cette même optique crypto-friendly, le gouvernement va lancer un programme de recherche ambitieux pour explorer la faisabilité et les avantages potentiels de la blockchain. Il envisage également de revoir sa copie sur le régime fiscal attaché aux crypto-actifs. Ainsi, il va mener une vaste consultation sur le sujet avec les professionnels du secteur, qui intégrera la variété des opérations de la finance décentralisée.

Enfin, pour marquer symboliquement le tournant de Londres vers un devenir de pôle crypto mondial, le Chancelier de l’Echiquier, titre protocolaire du ministre des Finances de la Couronne, Rishi Sunak, a demandé l’émission d’un NFT estampillé du sceau de la monnaie royale britannique d’ici l’été 2022. Une façon de frapper les esprits en surfant sur la vague des jetons non fongibles et d’affirmer le virage numérique de l’une des plus importantes places financières mondiales.

En procédant de la sorte, le gouvernement britannique espère attirer les émetteurs de stablecoin, ainsi que les fournisseurs de services et leur permettre « d’opérer et de se développer au Royaume-Uni » en dépit d’un régulateur britannique, la redoutable Financial Conduct Authority (FCA), qui continue d’imposer des conditions drastiques à leur présence sur le territoire.

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