Les banques françaises maltraitent les acteurs crypto
26 octobre 2020 - 00:05
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
L’Association pour le Développement des Actifs Numériques (Adan) vient de publier un rapport sur les relations houleuses entre acteurs de l’écosystème crypto et secteur bancaire. La reconnaissance officielle des crypto-actifs dans le cadre de la loi PACTE n’a pas suffi à établir la confiance. Le visa AMF bientôt obligatoire pourra t-il changer la donne ?
Un secteur bancaire frileux
Le dernier rapport de l’Adan, n’est malheureusement pas une révélation. Le secteur bancaire en France s’est toujours montré frileux avec les acteurs de la scène crypto.De nombreux entrepreneurs en ont témoigné à l’image de Pierre Noizat, qui a dénoncé à maintes reprises son comportement désastreux. Co-fondateur de Paymium, le plus ancien exchange français, il illustre parfaitement le malaise en indiquant que depuis sa date de création, en 2011, sa plateforme a connu chaque année une banque différente avant d’opter pour un organisme allemand visiblement plus accueillant.
Aujourd’hui, l’étude de l’Adan, qui repose sur un questionnaire précis, soumis de juillet à septembre 2020, auquel ont répondu 28 startups françaises, vient confirmer des difficultés toujours prégnantes. Ainsi, les établissement bancaires continuent d’exprimer une méfiance sinon une hostilité déclarée à l’égard de toute activité en lien avec les cryptomonnaies ou avec la blockchain, pourtant revêtue d’une honorabilité plus ministérielle.
Il s’avère donc encore compliqué pour une société relevant de cette industrie – mal comprise ou considérée comme rivale – d’ouvrir simplement un compte bancaire ou d’accéder à des services financiers classiques. Un chemin de croix relevant du parcours du combattant pour obtenir une carte de paiement, un prêt ou même pour réaliser une opération aussi élémentaire qu’effectuer un virement en ligne. Ce constat affligeant concerne aussi bien les banques classiques que les néo-banques de groupes bancaires français. De fait, la moitié des répondants à l’enquête déclare disposer d’un compte dans un autre Etat membre de l’Union européenne. L’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, l’Irlande, les Pays-Bas, la Lituanie, le Luxembourg et l’Estonie sont les plus cités.
Des dommages irréparables
Ces relations difficiles occasionnent des dommages en chaîne. Toutes les parties prenantes, du dirigeant d’entreprise aux clients en passant par les salariés, subissent le contrecoup de comportements abusifs. On pourra lire dans le rapport de l’Adan l’éventail des mesures préjudiciables au bon fonctionnement : comptes gelés, transactions bloquées, achats empêchés, cotation Banque de France dégradée, refus d’un apport en provenance de la vente d’actifs numériques pour une demande de financement... Une série de conséquences qui menace directement le développement de l’industrie française. Un secteur riche de talents mais las de tous les obstacles à surmonter. Ainsi, un quart des répondants envisage de délocaliser leur activité si la situation ne s’améliore pas.
A cet effet, le rapport de l’Adan propose plusieurs pistes à explorer pour remédier à un état de fait qui étrangle une industrie jeune et créative susceptible de représenter un moteur de croissance important s’il est soutenu par un système bancaire remplissant correctement son rôle. Des préconisations mêlant pédagogie et sanctions effectives pour les banques qui ignorent ou feignent d’ignorer leurs obligations à respecter la réglementation (entrave à la procédure de droit au compte, refus malgré l’enregistrement en tant que PSAN…).
Les gardiens du temple ont beau être rétifs, le problème de la bancarisation du secteur blockchain pourrait néanmoins connaître quelque embellie dans les mois à venir. En effet, l’obligation pour toutes les entreprises crypto d’obtenir le visa AMF à partir 18 décembre 2020 rendra peut-être plus difficile l’opposition manifeste des banques à offrir leurs services à des sociétés montrant patte blanche au niveau réglementaire. En effet, comment arriveront-elles encore à justifier de leur entrave au bon fonctionnement d’entreprises « labellisées » par un dispositif chapeauté par la puissance publique ? Attendons de voir. Le poids lourds des résistances, malgré un cadre légal renforcé, est toujours très difficile à déplacer.
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