Case prison pour l’eurodéputée Eva Kaili pour soupçon de corruption en lien avec le Qatar
11 décembre 2022 - 16:18
Temps de lecture : 2 minutes
Par Nathalie E.
La vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili, connue notamment pour son implication dans la réglementation crypto au sein de l’UE, a été arrêtée, puis écrouée, dans le cadre d’une enquête sur la corruption en lien avec le Qatar.
Des membres du Parlement européen pris les doigts dans le pot de confiture
Après plusieurs mois d’investigation, cinq personnes ont été interpellées par la police belge le 9 décembre pour corruption et blanchiment d’argent au sein du Parlement européen. Parmi elles figure l’eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili, qui s’est vue dès samedi soir, mise en retrait de son mandat de vice-présidente et suspendue par son parti d’origine, le PASOK-Kinal. Ces événements ont été rapportés pour la première fois vendredi par les médias belges Le Soir et Knack.
Interpellée à Bruxelles, Eva Kaili placée en garde à vue, est désormais écrouée. La police aurait trouvé au fil de ses perquisitions dans 16 endroits de Bruxelles – y compris des résidences privées – un magot de 600 000 euros en cash. Le père de la députée lui-même, aurait été arrêté en possession d’une valise remplie de billets. Un vrai scénario éculé de série B.
Fréquentant les bancs du Parlement européen depuis 2014, l’élue s’est spécialisée sur les questions des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle.
A ce titre, elle défend la blockchain, l’euro numérique et a contribué au projet MiCA de l’UE sur la réglementation de l’industrie crypto. Une position somme toute assez convenue, mais dénuée d’hostilité de principe, plaçant le contrôle au coeur, y compris sur les questions de fiscalité. En effet, elle souhaiterait que les taxations soient intégrées automatiquement aux transactions (comme les frais sur les réseaux Bitcoin ou Ethereum) pour que nul n’échappe à l’impôt. « Je comprends qu’il existe des pièces décentralisées et qu’il existe en fait des moyens de tromper et de tromper le système » mais, avait-elle ajouté, visiblement en connaissance de cause « vous pouvez le faire avec de l’argent, vous pouvez le faire avec l’euro ».
Faits de corruption et de blanchiment d’argent en bande organisée liés au Qatar
Fruit du hasard ? L’affaire a éclaté le jour même de la journée internationale de lutte contre la corruption. Au coeur de l’enquête, pilotée par le juge d’instruction bruxellois Michel Claise : les agissements d’un pays du Golfe, dont le nom n’a pas été cité. Celui-ci est soupçonné d’influencer les décisions économiques et politiques de l’organe parlementaire en versant, selon le parquet fédéral, « des sommes d’argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants à des tiers ayant une position (…) significative ».
Le Qatar, puisqu’il s’agit bien de lui selon une source judiciaire proche du dossier et confirmé par l’AFP, cherchait vraisemblablement à valoriser son image à l’international. Une réputation largement entachée par les polémiques entourant la coupe du monde de football dont il est l’organisateur, et qui ont souligné ses manquements scandaleux en matière de protection des travailleurs, du non-respect des droits humains et de son positionnement écologique. Une tache dont semble s’être parfaitement acquittée Eva Kaili. Après avoir rencontré le ministre qatari du Travail en novembre, l’élue avait salué , au nom de l’Union européenne, le Qatar en tant que « chef de file en matière de droits du travail ».
Cet épisode peu reluisant vient ternir une institution européenne déjà déconsidérée, les habitants de l’Union manifestant plutôt une méfiance à son égard. Il faudra plus que des cris d’orfraie et des appels à des réunions de crise pour calmer la lassitude citoyenne et redorer la légitimité de législateurs enclins à jeter l’opprobre sur de nouveaux secteurs, comme celui de la crypto, au nom de la lutte contre le blanchiment d’argent.
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