Bitcoin – la débâcle iranienne

07 janvier 2020 - 16:41

Temps de lecture : 2 minutes

Après la rumeur d’un Bitcoin à 24 000 dollars sur le marché iranien, fondée sur un malentendu relatif au taux de change Rial/Dollar, une autre fausse idée s’est répandue. Celle-ci laissait penser que les Iraniens s’étaient rués sur la crypto reine dans un contexte de tension extrême avec les Etats-Unis. En fait, les données de Localbitcoins prouvent précisément le contraire.

Le volume d’échange sur Localbitcoins en Iran prouve la désaffection des Iraniens (en toute fin de schéma) à l’égard du Bitcoin en dépit du coup de Trafalgar de Trump

Bitcoin à plat

L’échange peer to peer de Bitcoin atteste d’un montant dérisoire de 708 dollars US échangé au cours de la semaine dernière. Loin d’un Bitcoin considéré comme l’ultime rempart contre l’instabilité politique, servant de pare-feu à un embrasement potentiel du Moyen-Orient, le fantasme se fracasse contre la réalité. Non, les Iraniens, qui ont bien d’autres préoccupations que de garnir leurs wallets, ne se sont pas précipités sur le Bitcoin. Pire encore, ils s’en sont détournés depuis l’ATH de juin dernier. En effet, si  l’échange a connu des pics à plus de 100 000 dollars par semaine, c’est que l’actif flirtait alors avec les 14 000 dollars US. A partir du moment où il a amorcé sa descente, les quelques investisseurs persans qui s’y étaient frottés, l’ont plutôt délaissé. Aidés, précisons-le, par des restrictions d’accès à Internet.

Tensions diplomatiques et opportunisme spéculatif

Le fait est, si le prix du Bitcoin a augmenté après la frappe de drone qui a tué le général Qassem Soleimani, figure phare de la république islamique, c’est assurément dû à des acheteurs non iraniens. Pariant vraisemblablement sur une dégradation de la situation dans cette région du monde, ils misent avec assurance sur une hausse de l’actif.

Or, si certains s’entêtent à croire que les cours du Bitcoin sont influencés par les événements géopolitiques, on ne peut le déterminer avec certitude. Certes, le Bitcoin n’est plus un système complètement autonome, décorrélé de facteurs extérieurs, notamment depuis qu’il « s’institutionnalise ». Mais l’observation précise des flux et données tend à prouver que les explications, censées éclairer les fluctuations du prix, arrivent a posteriori pour donner de la cohérence à un marché quelque peu irrationnel qui fonctionne surtout à la pulsion et à la projection.

La courbe de nos désirs

En d’autres termes, à la différence des analystes techniques qui ne croient, pour simplifier abusivement, qu’aux vagues d’Elliot ou aux lignes de tendance, indifférents au monde tel qu’il va – ou pas – l’investisseur fervent ou cynique, lui, prend ses désirs pour des réalités. Ce faisant, il réussit à imprimer au Bitcoin la courbe de ses envies. La preuve en est, suite à la décision assassine et électoraliste de Trump, le Bitcoin a engrangé plus de 7, 6 milliards en quelques heures. Mais, selon certains observateurs, le Bitcoin, en ces circonstances, n’a pas été leader mais suiveur. Ainsi, il aurait pumpé après que les prix de l’or et du pétrole brut ont grimpé. Matières premières sur lesquelles ont réellement capitalisé ceux qui avaient des avoirs à protéger. Et ce n’est qu’après-coup, que les partisans passionnés du Bitcoin, bâtisseurs de sa légende, ont abondé dans le sens de Bitcoin comme ultime valeur refuge.

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