FTX – Une catastrophe inévitable dénoncée par des gestionnaires de faillite surpayés
La faillite de la plateforme FTX est une (très mauvaise) blague toujours en cours. Car la gestion de cet exchange par Sam Bankman-Fried et ses acolytes a été identifiée comme catastrophique et dangereuse par les responsables de sa gestion juridique. Avec, entre autres, des comptes anonymes où se trouvaient parfois des dizaines de millions de dollars et les fonds de leurs utilisateurs stockés dans des portefeuilles à chaud. Une incompétence mise en lumière par une équipe de conseillers et d’avocats gérée par le nouveau PDG John J. Ray, pour des honoraires mensuels combinés supérieurs à 30 millions de dollars !
11 avril 2023 - 10:00
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
Plus les gestionnaires de faillite de la plateforme FTX creusent profond et plus les cadavres cachés dans les placards s’amoncellent. Avec des découvertes dont la principale conséquence est de mettre à jour l’ampleur de l’incompétence de Sam Bankman-Fried et ses associés. Car les pratiques internes de cet exchange phare de l’écosystème des cryptomonnaies ressemblent à la mauvaise gestion d’un portefeuille crypto personnel, mais avec des milliards de dollars en jeu.
Une situation chaotique exposée dans un récent rapport intermédiaire rédigé par le redresseur de torts et nouveau PDG de cet exchange John J. Ray. Avec, selon lui, comme unique conséquence possible, la faillite de cette plateforme attribuée à « l’orgueil, l’incompétence et la cupidité. » Et, dans le même temps, un remboursement de ses utilisateurs qui devra se passer des 330 000$ mensuels d’honoraires de ce spécialiste des faillites, à ajouter aux millions de dollars – également mensuels – prélevés par ses associés…
FTX – Une gestion catastrophique et dangereuse
Le dossier est accablant. Et les révélations apportées par l’enquête en cours sur la gestion interne de l’exchange FTX – et de la société Alameda Research – font froid dans le dos. Car rien n’était fait comme il fallait pour protéger les fonds des utilisateurs et en garantir l’intégrité. Au point de stocker des centaines de millions de dollars sur des portefeuilles « chauds, » c’est-à-dire en ligne et très facilement accessibles depuis Internet. Avec des mots de passe dignes du fameux 1234, mais également des clés privées stockées sur Amazon Web Services auxquelles » de nombreux employés du groupe FTX » avaient accès sans aucune surveillance.
« Le groupe FTX a conservé pratiquement tous les actifs crypto dans des portefeuilles chauds, qui sont beaucoup plus susceptibles d’être piratés, volés, détournés et perdus par inadvertance que les portefeuilles froids, car les portefeuilles chauds sont connectés à Internet.«
John J. Ray
Raison probable pour laquelle 432 millions de dollars en cryptomonnaies ont pu être détournés aussi facilement la nuit même de la mise en faillite de FTX. Un fiasco dont le principal enjeux est de retrouver les fonds éparpillés. Avec, selon le gestionnaire de cette procédure, 1,4 milliard de dollars déjà récupérés et sécurisés dans un portefeuille « froid. » Mais encore 1,7 milliard de dollars à localiser avec l’aide des sociétés d’analyse blockchain TRM et Chainalysis.
FTX – La faillite comme seul dénouement possible
Une situation interne dont le seul dénouement possible était la faillite. Car la plateforme FTX n’avait aucune idée des fonds dont elle disposait, de l’endroit où se trouvaient des sommes pourtant importantes ni même du nombre exact de ses employés. Au point de voir Sam Bankman-Fried exposer le caractère « invérifiable » de tout cela dans une note interne. Ce dernier précisant « trouver parfois 50 millions de dollars d’actifs qui traînent dont (il avait) perdu la trace. » Surréaliste !
« Le groupe FTX a configuré la base de code de FTX.com et les bases de données client associées pour accorder à Alameda une capacité effectivement illimitée de négocier et de retirer des actifs de l’échange, quelle que soit la taille du solde du compte d’Alameda, et d’exempter Alameda de l’auto- processus de liquidation qui s’appliquait à d’autres clients. »
John J. Ray
Même chose du côté des associés de Sam Bankman-Fried dont la gestion était hautement centralisée et fragile. Car si par malheur l’ingénieur en chef Nishad Singh ou le co-fondateur d’Alameda Gary Wang venaient à manquer « toute l’entreprise (était) foutue, » selon les dires d’un ancien responsable de FTX. Car personne n’était en mesure de reprendre leurs travaux en cours, ni même d’en comprendre la logique… Sam Bankman-Fried inclus.
FTX – Des gestionnaires de faillite qui se gavent
Mais le dossier FTX ne s’arrête pas aux seules conclusions de ses gestionnaires de faillite. Car comme ne manque pas de le souligner le média CoinTelegraph, « les frais de remboursement de l’équipe de professionnels juridiques de FTX sont tout aussi exorbitants en février qu’ils l’étaient le mois précédent. »
Avec un montant total pour le mois février estimé à 32,5 millions de dollars, sans compter les 305 000$ d’honoraires (329 173$ en avril) réservés au seul John J. Ray. Car ce dernier facture 1300 dollars de l’heure pour sa prestation de PDG d’un exchange dont le seul objectif officiel devrait être d’essayer de rembourser une majorité de ses anciens utilisateurs.
Des gestionnaires de faillite qui vont finir par gagner plus d’argent que Sam Bankman-Fried dans cette affaire, si le dossier tarde trop. Car à ce rythme là ce sont des centaines de millions de dollars qui ne reviendront pas aux victimes de la gestion catastrophique de FTX, qu’il s’agisse de celle appliquée avant ou après sa faillite officielle. Une affaire à surveiller de près…
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