IOTA met du miel dans ses rouages et un tigre dans son moteur
02 juillet 2020 - 10:51
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
Iota s’apprête à lancer les trois phases de son développement IOTA 2.0. Abandonnant la rudesse de ses débuts, la startup allemande, tournée vers l’échange de valeurs entre objets, a opté pour une nomenclature voguant opportunément sur la vague écolo de l’époque. Pollen, Nectar et Honey désignent les étapes de fluidité du réseau vers son objectif de décentralisation. Un tournant décisif pour IOTA énergiquement engagé dans des changements comme la possibilité de smart contracts sur son réseau.
Préliminaires
Commençons par un petit rappel. IOTA ne s’appuie pas sur une technologie blockchain mais sur un enchevêtrement (tangle). La structure des données se base sur le concept mathématique du graphique acyclique orienté (DAG).
Pour bien fonctionner, le système utilise des coordinateurs qui s’occupent de recenser les transactions dites confirmées. Une anomalie pour l’écosystème crypto et son idéal de décentralisation, d’autant qu’on n’a jamais vraiment su ce que ces fameux coordinateurs faisaient ou pas (le code source n’étant pas ouvert). Notons cependant que leur présence a été pensée d’emblée pour être provisoire et donc vouée à disparaître avec l’amélioration du protocole.Ce qui ne saurait tarder si on en croit la feuille de route rendue publique.
Feuille de route vers IOTA 2.0
Annoncé sur le blog du projet, Pollen sera le premier testnet officiel du réseau IOTA 2.0, également appelé Coordicide ce qui, on en conviendra, est nettement moins pacifique. On peut signer la mort du coordinateur en y mettant les formes. C’est chose faite, du moins en mots car, officiellement lancée le 30 juin, cette première phase de la décentralisation d’IOTA permettra de jeter les bases d’un réseau fonctionnel qui devrait voir son achèvement en 2021.
En effet, la deuxième étape, Nectar, est prévue pour débuter avant la fin 2020. Elle permettra une implémentation complète des modules de coordination sur un réseau de test incitatif, notamment concernant les bugs avant de libérer enfin le mainnet. Les contributeurs à la résolution des problèmes se verront récompensés… Pas par des pots de miel, la terminologie soutenant une logique un peu sirupeuse a ses limites. La preuve, le vocabulaire belliqueux reprend ses droits (chassez le naturel…) pour évoquer l’ultime étape, la phase Honey, qui marquera le passage effectif à IOTA 2.0.
A ce stade, le réseau aura été testé au combat et sécurisé grâce à plusieurs centaines d’heures de tests avec des audits complets de notre logiciel de noeud. »
Celle-ci est programmée pour le courant de l’année 2021.
La terre promise de la décentralisation
Cette mise à niveau majeure et complexe du protocole pour aboutir à un réseau sans coordinateur était devenue nécessaire pour qu’IOTA retrouve de la crédibilité. Pas plus tard qu’en février de cette année, un piratage avait illustré l’interventionnisme, certes salvateur, de l’équipe mais qui venait attester de l’extrême centralisation du réseau.
Pour sortir de ce guêpier, IOTA avait déjà entamé sa métamorphose avec la version Chrysalis. Une mise à niveau intermédiaire avec de nouvelles fonctionnalités et un ensemble d’améliorations du protocole censé entraîner une augmentation substantielle de la vitesse, des performances et de la convivialité du réseau.
Un tigre dans le moteur
IOTA ne met donc pas que du miel dans ses rouages, il a aussi mis un tigre dans son moteur. D’ailleurs, l’équipe de développeurs a toujours travaillé énergiquement à sa roadmap mais une communication plutôt désastreuse l’avait quelque peu occulté.
Outre un nouvel algorithme de consensus « consensus probabiliste rapide » testé par « Pollen », IOTA a aussi lancé des « jetons colorés ». A savoir, des tokens IOTA affectés pour représenter tout type d’actif du monde réel. Concrètement, un objet se voit attribuer un jeton IOTA spécifique au moyen d’une « coloration » (un marquage dans le hachage). Pouvant numériser de la sorte tout un éventail d’actifs ou de biens – du titre de propriété au produit financier – IOTA avait d’ailleurs concouru à l’appel de la banque centrale suédoise pour son test d’euro numérique. Il s’en serait plutôt sorti avec les honneurs, accédant a priori à l’étape finale, avant que le géant de la technologie Accenture n’emporte la mise.
Mais, de fait, ce qui se profile à l’horizon, c’est que par les progrès apportés à son protocole, les objets interconnectés vont pouvoir encrypter de la donnée directement dans la tangle. Autrement dit, le nouveau réseau va pouvoir prendre en charge des applications décentralisées, et sans frais qui plus est (Feeless dApps), et des contrats intelligibles (smart contract). Un nouveau concurrent un peu inattendu pour Ethereum qui décidément n’en manque pas. Surtout, IOTA élargit son potentiel d’applications et si on en croit le suivi de ses propres brevets, ils sont référencés par un nombre exponentiel de grandes entreprises.
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