Le Cambodge lance Bakong, une plateforme de paiement numérique
30 octobre 2020 - 12:51
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
La Banque centrale du Cambodge vient d’annoncer le lancement d’une infrastructure de paiement qui se distingue des autres projets de CBDC. « Bakong », basé sur une technologie blockchain permissionnée, est une plateforme sans monnaie numérique native qui permettra des paiements mobiles instantanés.
Une deuxième économie émergente à la pointe de la numérisation des paiements
Le « Bakong », baptisé du nom de l’un des fameux temples d’Angkor, est en développement depuis déjà plusieurs années et on savait déjà le projet très avancé. Il répond notamment à la volonté des autorités cambodgiennes de dé-dollariser l’une des économies de la planète le plus dominée par le billet vert. Mais pas seulement. En effet, comme dans le cas de beaucoup de pays émergents, le Cambodge se caractérise par une économie de paiements fragmentée et une forte utilisation des espèces. Sa population largement rurale (77%) est aussi sous-bancarisée (88% selon les données sectorielles de la direction du Trésor). Des spécificités qui expliquent sa volonté d’avancer très vite sur le terrain de la modernisation de son système de paiement. C’est donc sans surprise que la nation kmère suit de près le lancement du Sand dollar des Bahamas, territoire avec lequel elle partage l’impérieuse nécessité d’inclure financièrement tous ses habitants.
Mais, contrairement à l’archipel des Caraïbes et à la plupart des projets de CBDC (Central Bank Digital Currency), Bakong n’implique pas de monnaie numérique native. Les cambodgiens pourront effectuer des paiements adossés à leurs propres avoirs en dollars ou en riels, la monnaie officielle à l’histoire tortueuse jamais vraiment adoptée par la population. Autre singularité : si Bakong est soutenu par la Banque centrale, c’est un collectif d’institutions financières appelé à s’élargir qui préside à sa destinée. Elles sont au nombre de 18 aujourd’hui. Mais 24 autres se préparent pour s’y impliquer selon le Phnom Penh Post.
Bakong n’est pas une monnaie numérique de Banque centrale
De fait, comme le signale la gouverneure adjointe et directrice générale de la Banque Nationale du Cambodge, Serey Chea, qui a beaucoup oeuvré pour que ce projet voit le jour « Bakong n’est pas une monnaie numérique de la banque centrale. » En effet, c’est plus justement une plateforme servant aux transactions d’argent numérique. Sony Say, vice-président exécutif de PRASAC, géant financier cambodgien partie prenante du projet, l’explicite clairement.
« Bakong est un nouvel outil de paiement moderne. Il permet aux clients d’effectuer des transactions interbancaires et des paiements de facture facilement, rapidement, en toute sécurité et gratuitement. »
Concrètement, Bakong, élaboré sur une technologie blockchain « permissionnée » – Hyperledger Iroha conçue par la société japonaise Soramitsu – fonctionne au moyen d’une application pour smartphone. Application qui fonctionnera comme un portefeuille numérique. L’utilisateur pourra, via la plateforme, effectuer des paiements mobiles instantanés ou transférer de l’argent à l’aide de codes QR associés au numéro de téléphone.
CBDC ou pas, les effets sont les mêmes
Retardé pour cause de pandémie, le Covid-19 devient aussi un argument d’autorité en faveur d’un tel système de paiement. En effet, après avoir énuméré les différents objectifs du Bakong, à savoir : permettre les paiements entre les banques et les institutions financières, améliorer l’efficacité et la sécurité du système de paiement, stimuler l’inclusion financière et promouvoir les paiements sans numéraire dans la monnaie locale, Serey Chea a insisté, comme tous les autres responsables de Banque centrale, sur les vertus d’une numérisation des moyens de paiement dans un monde assombri par un virus tenace.
J’espère que le lancement officiel du système Bakong aujourd’hui contribuera à promouvoir le bien-être social et à empêcher la propagation du [Covid-19] en assurant des paiements électroniques transparents de personne à personne.»
Serey Chea, gouverneure adjointe et directrice générale de la Banque Nationale du Cambodge
Mais de fait, Covid-19 ou pas, CBDC ou pas, les économies émergentes, comme l’avait relevé la Banque des règlements internationaux (BRI), sont en avance dans la numérisation des moyens de paiement. Et le Cambodge ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Ainsi, la Banque centrale a commencé aussi à développer un système de paiement transfrontalier pour faciliter les transferts de fond des travailleurs migrants. Elle a déjà signé un partenariat avec la principale institution financière malaisienne Maybank.
Restons connectés
7,831 followers
17,800 followers
136,000 followers
1,247 followers