Les Pays-Bas ambitionnent de tester un euro numérique

22 avril 2020 - 13:11

Temps de lecture : 2 minutes

Alors que la Chine déploie son arsenal de paiement numérique pour l’exhiber au vu et au su de tous lors des JO de Pékin en 2022, les Pays-Bas, discrets jusque là, se placent directement en première ligne comme terrain d’expérimentation d’un euro numérique.

Un rapport fouillé

S’appuyant sur un rapport de 45 pages qui déploie les arguments habituels en faveur d’une CBDC – disparition programmée du cash, menace d’une Libra même édulcorée, mais sans mention d’un yuan numérique  à visée expansionniste – la DNB (De Nederlandsche Bank) se distingue néanmoins de ses camarades en étant plus précise dans ses préconisations. Surtout, ce qui est remarquable, c’est qu’elle n’hésite pas à évoquer nommément le Bitcoin. Elle est l’une, sinon la seule des Banques centrales, à le prendre ouvertement comme point de comparaison au même titre que d’autres incarnations monétaires.  Sans fausse pudeur, elle n’hésite pas à affirmer que  Bitcoin ou plus généralement les cryptomonnaies donnent des leçons en matière d’innovation technologique. A ce titre, elles méritent  d’être regardées de près d’autant qu’elles ont passé « l’épreuve du temps ». Un gage de sérieux visiblement à ne pas négliger.

Après 10 ans d’expérimentation avec des cryptos privées, la question est de savoir si certaines techniques ont une valeur ajoutée suffisante pour une utilisation dans CBDC.

Le BTC, un exemple à ne pas suivre

L’intention est louable, les conclusions plus conventionnelles. La blockchain de Bitcoin ne serait pas un modèle à suivre sous prétexte d’une décentralisation trop idéologique et d’un consensus distribué trop gourmand en énergie. La caractéristique pseudonyme des transactions n’est en revanche pas faite pour lui déplaire.  Elle serait peut-être la voie à suivre pour préserver un degré de confidentialité nécessaire à ses yeux dans la conception d’une CBDC. Moins anonyme que le cash mais plus confidentiel que l’historique client des banques commerciales. Enfin, c’est l’aspect programmable de certaines cryptos qui retient son attention. Inclure des contrats intelligents serait de son point de vue une valeur ajoutée permettant la flexibilité dans l’usage d’une CBDC.

Les Pays-Bas, terrain de jeu pour euro numérique

Exprimant son adhésion totale à l’idée d’une CBDC, la Banque centrale n’hésite pas à proposer les Pays-Bas comme terrain d’élection à l’expérimentation d’un e-euro. Son principal atout étant l’importante proportion de paiements numériques déjà observée dans le pays. En zone Euro, les 17 millions d’habitants sont effectivement ceux qui en sont les plus friands. Mais c’est avec une prudence toute diplomatique, qu’elle avance ses pions. Elle admet qu’il faut encore débattre et approfondir le sujet aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. N’étant pas sans savoir que plusieurs pays européens sont aussi sur le front des recherches et même pour certains, en voie de test, elle manifeste une envie de leadership en prenant soin de ne pas froisser les susceptibilités. Aussi, retrouvant une position mesurée de Banque centrale nationale, elle se place sous l’aile tutélaire de la BCE (Banque Centrale Européenne) et de la BRI (Banque des Règlements Internationaux). Les seules vraiment habilitées à décider de l’opportunité ou pas d’une CBDC et du lieu adapté à sa démonstration.

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