Pourquoi l’Afrique pourrait être le meilleur terrain de développement des cryptomonnaies ?
20 mai 2020 - 18:12
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
Le Bitcoin (BTC) a de multiples facettes. Tour à tour placement financier hautement spéculatif et outil de décentralisation accessible à tous, il permet de ne pas exclure l’une de ces options en choisissant l’autre. Ce qui en fait un investissement tout autant économique que politique. Sa portée ne connaît pas de frontière et devient actuellement une forte source d’inspiration sur le territoire africain. Une façon de revenir à ce pour quoi il a été créé à l’origine…
Lorsqu’une crise économique frappe un pays, le Bitcoin se révèle très souvent être une solution rapidement envisagée par les populations en quête de sauvegarde de leur patrimoine. Cela en fait un outil très spécifique au service d’une libération économique. Une réalité permettant de se soustraire au principe de déterminisme monétaire mis en place par les gouvernements du monde.
Un documentaire réalisé par Amazon Prime met en avant l’impact important et décisif du Bitcoin sur le territoire africain. Un terrain d’expérimentation en temps réel de mise en pratique de sa capacité à offrir une alternative économique démocratique et fiable. Il s’intitule « Banking on Africa: The Bitcoin Revolution » et doit être diffusé pour la première fois ce vendredi sur Amazon Prime dans sa version anglophone.
Une expérimentation réelle
Ce qui est intéressant dans cette approche est de mettre en avant le caractère utilitaire du Bitcoin, bien plus que son côté spéculatif. Même si ces deux réalités sont étroitement liées, utiliser l’une d’entre elles comme point d’entrée ne dessine pas du tout le même parcours. Ni les mêmes implications. Et l’envisager du point de vue de l’Afrique n’en fait pas le même outil que de notre point de vue d’Européens. Car c’est à titre de solution économique alternative forte en indépendante qu’il y est envisagé.
Selon un rapport de la société Arcane Research portant le titre de « The state of Crypto : Africa » pour l’année 2020, l’Afrique est un continent où les services financiers traditionnels peinent à se développer dans de bonnes conditions. Le chiffre de 66% de personnes n’ayant pas accès à un compte bancaire est avancé. Une réalité et un vide qui ne demande qu’à être comblé.
« L’Afrique est l’une, sinon la région la plus prometteuse pour l’adoption des cryptomonnaies. »
Une problématique à laquelle les cryptomonnaies apportent une solution possible en permettant à chaque individu de devenir sa propre banque. Même si la nécessité de meilleures infrastructures comme des exchanges ou des connexions Internet fiables restent d’actualité. Car 57% de la population n’a tout simplement pas accès à l’électricité, toujours selon le rapport d’Arcane Research.
Le centre éducatif Satoshi
C’est en essayant de lever des fonds pour payer l’opération de son fils Paco, qu’Alakanani Itireleng est entrée en contact avec le Bitcoin pour la première fois. Elle est l’une des figures emblématiques présentées dans ce documentaire. Paco est malheureusement décédé avant qu’elle ne parvienne à obtenir la somme nécessaire pour le sauver. Mais ce qu’elle avait découvert venait de changer sa vie. Elle est depuis devenue une fervente partisane de cette monnaie numérique, au point de devenir la Bitcoin Lady du Botswana.
A la suite de cette aventure dramatique, elle a décidé de fonder un centre de formation à but non lucratif du nom de Satoshi. Elle y enseigne les rudiments du BTC et comment en tirer profit pour changer de vie. Car c’est bien à cela que vont servir les cryptomonnaies en Afrique.
Un contre pouvoir local
Le Sud-africain et fondateur de la cryptomonnaie anonyme Monero (XMR) Riccardo Spagni apparaît dans ce documentaire. Il figure parme les acteurs qui ont compris que le territoire africain offre des possibilités qui n’existent pas ailleurs et que ses faiblesses peuvent en fait représenter sa plus grande force.
« Même si elle devient simplement une monnaie de réserve, la monnaie locale perd de son importante. Les gens peuvent passer de cette monnaie au Bitcoin. Du coup, vous ne dépendez pas du gouvernement pour maintenir l’économie stable parce que vous avez un moyen de repli, c’est très puissant. » – Riccardo Spagni
Riccardo Spagni explique que l’Afrique pourrait bénéficier du phénomène dit de « saute-mouton. » Une réalité qui fait de pays moins développés les fers de lance de nouvelles technologies qui peinent à trouver une place dans des zones géographiques où d’autres systèmes plus anciens occupent déjà la place. Il explique ainsi que l’Afrique était déjà à la 3G alors que l’Europe et les États-Unis n’en bénéficiaient pas encore.
L’Afrique pourrait bien devenir le continent offrant une réelle adoption à l’univers des cryptomonnaies, en dehors des petits salons de traders et des investisseurs malins. Un développement à échelle humaine concret et utilitaire qui manque pour l’instant cruellement à cet univers encore bien plus numérique que monétaire. Car dans le domaine il y a plus à construire qu’à déconstruire sur le continent africain.
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