Taïwan veut interdire l’achat crypto via les cartes de crédit

24 juillet 2022 - 12:58

Temps de lecture : 2 minutes

Empêcher d’une manière ou d’une autre la démocratisation de la crypto, tel est parfois (souvent) l’objectif des régulateurs. Pour y parvenir de nombreuses options sont sur la table. La Commission de surveillance financière de Taïwan (FSC) choisit elle d’interdire l’utilisation des cartes de crédit pour acheter bitcoin et consorts.

Taïwan met le hola sur les achats crypto via CB

Rien n’est fait, mais l’interdiction serait en bonne voie. Selon un quotidien économique local, la FSC a adressé début juillet une lettre à l’association des banques de Taïwan pour leur intimer de cesser tout échange avec des plateformes crypto. En d’autres termes, il s’agit de rendre impossible l’utilisation de cartes de crédit pour acquérir du bitcoin ou autres actifs de même nature. Le motif invoqué : les crypto-actifs sont « hautement spéculatifs et risqués » et il est particulièrement difficile de « surveiller efficacement leurs transactions ».

La FSC accorde un délai de trois mois aux acteurs bancaires pour se conformer à ses exigences. Après cette date butoir, ils devront lui soumettre un rapport d’audit pour prouver leur conformité.

De son point de vue, les cartes de crédit doivent exclusivement servir de mode de paiement pour les biens et services au lieu de faciliter les investissements financiers et les échanges spéculatifs. Et, à sa décharge, ce ne sont pas seulement les cryptos qui sont dans son viseur, mais toutes les transactions qu’elle juge « à haut risque », à savoir les actions, les contrats à terme, les options et les jeux d’argent en ligne.

Chute du marché crypto : une aubaine pour les régulateurs

Si ce n’est pas la première fois que le régulateur taïwanais cherche à accroître son contrôle sur les flux cryptographiques – notamment en contraignant les plateformes d’échange à signaler les transactions supérieurs à 17 900 dollars en vertu d’une interprétation zélée des lois anti-blanchiment (AML), après avoir imposé la connaissance client (KYC) – le territoire insulaire a hissé son niveau de surveillance depuis que la Chine a banni les cryptos de son territoire.

En effet, à cause de l’intransigeance de son grand et redoutable voisin, il a connu un essor sans précédent des transactions crypto. Et corrélativement, depuis la chute du marché, les conséquences dommageables qui l’accompagnent, à savoir des pertes de capital pour des investisseurs pas toujours très avertis. De fait, arguant d’une protection des consommateurs, pour reprendre le vocable en vigueur dans le monde des régulateurs, le moment est tout trouvé pour resserrer les vis du contrôle de l’industrie.

Sauf que l’intention n’est pas tant de sauver les particuliers des griffes du grand méchant Bitcoin, mais bien plutôt en dressant ce type de barrière à l’entrée comme l’interdiction d’achat par carte de crédit, de réserver le marché crypto aux gros acteurs traditionnels de la finance.

Ainsi, au diapason des gendarmes financiers du monde entier qui préparent aussi l’advenue des monnaies numériques d’Etat, Taïwan qui travaille aussi sur un prototype de CBDC (ou MNBC à la française), ne fait pas exception.

Recevez le top 3 de l'actualité crypto chaque dimanche